Ce lundi 13 février 2023, la préfecture a fait le point sur les différentes violences observées à La Réunion ces dernières années : violences physiques, routières, trafics de drogue...Et si La Réunion a – enfin – perdu son statut de troisième département le plus violent envers les femmes en 2022 pour devenir le quatrième, la situation reste cependant toujours aussi alarmante. Avec une augmentation de 67,7 % des violences sexuelles signalées aux autorités en 2022, la situation est loin de s'être améliorée. D'autant plus quand on sait que 15% des femmes réunionnaises sont victimes de violences conjugales, soit trois fois plus que dans l'Hexagone. (Photo Femme et violence photo RB imazpress)
De manière globale, les violences physiques ont toutes augmenté en 2022 à La Réunion.
Mais le plus remarquable reste tout de même la proportion des violences intra-familiales (VIF) et des violences sexuelles. Alors que le taux national des violences sexuelles culmine à 1,26 femme sur 1000, à la Réunion, le taux départemental pour 1000 habitants est également de 1,61. L'île occupe la 4ème position des départements en nombre de victimes de violences conjugales, avec un taux de 11 pour 1 000 habitantes contre 8,4 en moyenne nationale.
L'augmentation la plus importante est en secteur gendarmerie (toute l'île en dehors de Saint-Denis, Le Port et Saint-André), où 82,83% d'augmentation des violences sexuelles ont été constatées. En secteur police, la hausse est de 58,32%.
Sur 11.208 victimes de violences en 2022, 5.656 l'ont été au sein du cercle familial, soit 1 personne sur 2. Les violences conjugales sont les plus représentées, composant 70% des VIF avec plus de 3.939 victimes sur 5 656. Globalement, les VIF ont augmenté de 16,7%.
Si l'on ignore combien de condamnations pour ces faits ont été prononcées l'an dernier sur le territoire, les autorités précisent cependant que 30 bracelets anti-rapprochement, contre 11 en 2021 et 77 téléphones grave danger ont été attribués contre 41 en 2021. 35 ordonnances de protection ont été délivrées sur les 65 demandées, contre 24 en 2021.
En 2022, en moyenne 9 femmes qui se sont présentées chaque jour pour dénoncer des violences conjugales, contre 7 en 2021. Une augmentation qui peut s'expliquer par une libération de la parole, mais pas suffisante pour expliquer la fulgurante ascension des violences sexuelles.
Deux féminicides, ainsi qu'une tentative de féminicide, ont marqué l'île l'an dernier. Un homme a aussi été tué par sa compagne. Neuf tentatives d'homicide ont eu lieu au sein des familles.
Pour tenter de pallier ce phénomène alarmant, 1 200 policiers et gendarmes ont formés à la prise en charge des victimes. 76 gendarmes et 46 policiers sont désormais dédiés exclusivement au traitement des procédures, et 55 référents violences intrafamiliales et sexuelles et sexistes sont présents en gendarmerie, 8 en police. 16 postes d'intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie ont été créés.
La Réunion est par ailleurs dotée de 8 lieux d'accueil, d'écoute et d'orientation (LAEO), et 2 accueils de jour. En 2022, 1 428 femmes se sont rendues dans des LAEO et 225 dans des lieux d'accueil de jour.
Implantés au centre commercial Beaulieu de Saint-Benoît et au au centre commercial les Terrasses de Saint-Joseph, deu points d'accueil ont reçu 3.183 personnes en 2022 :
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- Les trafics de stupéfiants sont en hausse -
Les chiffres des trafics de stupéfiants sont aussi en augmentation en 2022. "La police et la gendarmerie ont été particulièrement mobilisés comme en témoignent les chiffres des saisies" souligne la préfecture en ajoutant que la "lutte contre ce véritable fléau à La Réunion est une priorité pour les services de police, de gendarmerie et les douanes
L’évolution du marché de la drogue est constante à La Réunion, remarque la préfecture. Cette augmentation est notée par une production de zamal en hausse mais également dans la consommation de drogues de synthèse et de la cocaïne, ce qui constitue "un phénomène émergeant". "La montée en gamme et développement des méthodes d’acheminements et des moyens de dissimulation par le biais du fret postal, des liaisons aériennes, des"mules" et des voiliers notamment" est aussi soulignée par les autorités
Les autorités estiment que l'ouverture de l’île aux trafics internationaux favorisée par son positionnement dans l’océan indien. "Si le dispositif douanier est caractérisé par son positionnement aux frontières sur les plateformes logistiques traitant du fret et des passagers (importation/exportation), l’action des gendarmes et des policiers est axée sur les trafics existants à l’intérieur du territoire" commente la préfecture.
- Affaires marquantes -
• Le 17 juin 2022 à Sainte-Rose, un trafic international de stupéfiants est révélé par un pêcheur qui signale au CORG la présence de sacs suspects sur le secteur de la Marine. Arrivés sur place, les gendarmes procèdent à l’interpellation d’un individu et à la saisie de 19 sacs de sport contenant 147 kg de
cannabis (têtes) et 1 kg de résine de cannabis. Il apparaît que ces stupéfiants étaient destinés à l’export vers l’île Maurice.
8 mis en cause seront interpellés : quatre d’entre eux font l’objet d’une Convocation sur reconnaissance préalable de culpabilité ou une convocation par officier de police judiciaire tandis que les quatre autres font l’objet d’une comparution immédiate à la date du 22 juin 2022 et sont condamnés à de la prison ferme.
Fin 2021, l'interpellation d’un individu transportant 37 cachets d’ecstasy déclenchait une enquête de plusieurs mois. Les investigations ont mis à jour l’existence d’un réseau structuré d’importation de produits stupéfiants dirigé depuis Marseille (13), par un individu. Les commandes se faisaient
ainsi sur le réseau social Snapchat avant envoi dans des colis postaux. Les paiements étaient réalisés par le biais de Moneygram.
Quatre personnes avaient été placées en détention provisoire. A l'issue du procès l'auteur principal a été condamné à trois ans de prison. Deux véhicules, 1.276 cachets d’ecstasy, 290 grammes de résine de cannabis et 60.130 euros avaient saisis
• Le 30 octobre 2022, les agents de la Brigade de Surveillance Extérieure (BSE) de Saint-Denis Gillot ont procédé au contrôle de 2 passagers au comportement suspect en provenance de Paris. Les individus originaires de métropole ont déclaré se rendre à La Réunion pour des vacances, et ne pas se connaître malgré des indices laissant induire le contraire. L’incohérence des propos tenus par ces passagers par rapport à leur profil « passager » a conduit le service à approfondir leur contrôle.
Les tests urinaires ont démontré la présence de cocaïne alors que les individus déclarent ne pas être consommateurs. Les radiographies réalisées au CHU ont confirmé la présence de 38 ovules de cocaïne, soit 317 grammes pour le premier passager et 70 ovules, soit 577 grammes pour le second passager, soit 900 grammes de cocaïne. Les deux « mules » ont été remises à la police judiciaire
- La lutte contre les violences routières -
Bien que les accidents soient moins nombreux en 2022, le nombre de morts est à la hausse par rapport à 2021. Ces résultats insatisfaisants sont contradictoires avec la pleine mobilisation des acteurs sur le territoire. en effet, de multiples actions sont organisées via le plan départemental d’actions de sécurité routière (PDASR), par la préfecture, les intervenants départementaux de la sécurité routière et les forces de l’ordre
(opérations de prévention et de sensibilisation à l’égard des populations).
Bien que le mode de transport où le nombre de décès est le plus important est le véhicule léger (12 décès), les usagers vulnérables représentent 73 % des tués (33 décès).
En écartant les causes indéterminées, sur les 45 personnes décédées en 2022 sur les routes de La Réunion, les principales causes des accidents mortels sont l’alcool (54%) et la vitesse (33%). Cependant, l’usage de stupéfiants, l’inattention, les dépassements dangereux et le non respect des règles de priorité sont également constatées et sont donc toujours liés au comportement du conducteur.
- La lutte contre l'immigration irrégulière -
Contrairement à ce qui est régulièrement véhiculés sur les réseaux sociaux notamment, La Réunion est peu exposée aux flux migratoires. Ainsi il y a eu 37 non admissions en 2020, 10 en 2021 et 145 en 2022. "Cette augmentation liée la réouverture des lignes internationales de la zone océan Indien" précisent les autorités.
Concernant les migrants sri-lankais, la préfecture rappelle que depuis 2022 dont plus de la moitié ce ces personnes ont été reconduite dans leur pays. En effet, "depuis mars 2018, 11 bateaux ont accosté sur l’île avec à leurs bords total de 466 personnes (dont 37 femmes et 49 mineurs) 269 ont été reconduits dans leur pays. Taux de retour : 57,8 %" énumèrent les autorités.
"Pour tenter de remédier à cette situation, du 14 au 16 novembre 2022 une délégation officielle Sri-lankaise était reçue à la Réunion pour participer à un séminaire organisé par la Préfecture et portant sur les défis de la sécurité en mer. Cette rencontre permettait de renforcer la coopération sur le plan migratoire entre la France et le Sri-Lanka afin de mieux prévenir les départs illégaux de migrants" termine la préfecture.
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Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales. Deux femmes ont été tuées par leur compagnon à La Réunion cette année, 54 féminicides ont été recensés ces 15 dernières années.