AprÚs 24 séances de discussions étalées sur 10 jours, soit prÚs de 110 heures de débats, pendant lesquels ont été examinés prÚs de 5 000 amendements, le jour tant attendu par les associations de défense des droits des homosexuels est arrivé. C'est ce mardi 12 février 2013 que le "mariage pour tous" sera voté à l'Assemblée nationale. Le projet de loi ouvrant le droit au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels sera ensuite examiné au Sénat à partir du 2 avril, a annoncé ce mardi le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies.
PremiĂšre rĂ©forme sociĂ©tale du quinquennat de François Hollande, le projet de loi sur le mariage et lâadoption pour les couples homosexuels donnera davantage de droits aux Ă©poux de mĂȘme sexe que le Pacs (pacte civil de solidaritĂ©) et leur permettra d'adopter l'enfant de leur conjoint. Mais depuis le dĂ©part, le projet de loi divise, et suscite lâindignation des Ă©glises et de certains hommes politiques, notamment dans les rangs de la droite.
Dans un article de lâAFP paru le 11 fĂ©vrier 2013, il est par ailleurs soulignĂ© que les ultramarins, "souvent peu visibles lors des dĂ©bats nationaux, ont surgi lors de la discussion sur le mariage homosexuel avec un rejet affirmĂ©, pour certains mĂȘme Ă gauche, de ce texte" sur le mariage et lâadoption pour tous. "Lâargument religieux a Ă©tĂ© le plus utilisĂ© et reflĂšte lâimportance de la pratique cultuelle dans ces territoires", ajoutait lâAFP.Â
Le dĂ©putĂ© martiniquais Bruno Nestor AzĂ©rot a notamment fustigĂ© un "projet qui bouscule toutes les coutumes, toutes les valeurs sur lesquelles reposent nos sociĂ©tĂ©s ultramarines", pointant "un risque d'un profond dĂ©senchantement (...) voire d'une cassure morale irrĂ©mĂ©diable", rapporte lâAFP. D'autres dĂ©putĂ©s ultramarins de gauche ont fait part de leur intention de ne pas voter ce texte, comme Gabriel Serville (GDR, Guyane) et Alfred Marie-Jeanne (GDR, Martinique). Beaucoup ont optĂ© pour la tactique de la chaise vide : pas de prĂ©sence, pas de vote. Serge Letchimy (apparentĂ© PS, Martinique), pour sa part, a finalement annoncĂ© lundi soir qu'il voterait ce texte, note lâAFP.
A Mayotte, la maire PS de Pamandzi, Ramlati Ali, s'Ă©tait attirĂ©e les foudres d'Act Up en demandant, avant l'ouverture du dĂ©bat, que "cette loi en soit pas appliquĂ©e" dans son dĂ©partement. LâAFP note Ă©galement que le prĂ©sident du conseil reprĂ©sentatif des musulmans de Mayotte, Ali SaĂŻd, "espĂšre" que "la RĂ©publique mettra Mayotte Ă l'Ă©cart de l'application de cette loi", qu'il considĂšre "en contradiction avec les prĂ©ceptes du prophĂšte Mahomet".
En PolynĂ©sie, oĂč aucune des nombreuses chapelles chrĂ©tiennes n'est favorable au mariage gay, les trois dĂ©putĂ©s (UDI) se sont affichĂ©s contre la future loi, indique lâAFP.
Au niveau local, des voix se sont aussi Ă©levĂ©es contre le mariage et lâadoption pour tous. Le dĂ©putĂ©-maire PS de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, a dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© ĂȘtre opposĂ© au mariage homosexuel et a annoncĂ© quâil ne le cĂ©lĂšbrerait pas. Thierry Robert, dĂ©putĂ©-maire de Saint-Leu a pour sa part demandĂ© au prĂ©sident de la RĂ©publique et au gouvernement la mise en place d'un rĂ©fĂ©rendum sur la question.
Le collectif "tous pour le mariage homme-femme" sâest Ă©galement indignĂ© contre le projet de loi. Ă son appel, ils Ă©taient 1 800 personnes, 5 000 selon les organisateurs, Ă descendre dans les rues de Saint-Denis le dimanche 13 janvier. Rassemblant des personnes de "tous les horizons politiques, de toutes les religions et de toutes les philosophies", ce collectif dĂ©plore, en effet, la prĂ©cipitation avec laquelle la rĂ©forme de ce projet de loi est menĂ©e.
"Le gouvernement aurait pu conforter le modĂšle du PACS ou Ă©largir les droits. Aussi, par le biais de cette rĂ©forme, on ouvre le droit Ă lâadoption. Nous ne voulons pas que les mentions fils de et fille de soit remplacĂ©es par celles de parents un, deux ou trois. La question de la place de lâenfant nâest pas traitĂ©e. Ce projet de loi bouleverse le sens du mariage et de la sociĂ©tĂ©", avait indiquĂ© Ă Imaz Press RĂ©union Guillaume Alexandre, porte-parole du collectif, jurant que les membres du groupement nâĂ©taient pas "homophobes".
Du cĂŽtĂ© des dĂ©fenseurs du mariage et de lâadoption pour tous, StĂ©phane Ducamp, secrĂ©taire de l'association LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) 974 et dĂ©lĂ©guĂ© rĂ©gional du Refuge RĂ©union, affirmait lors dâun pique-nique pour lâĂ©galitĂ© au Barachois le 27 janvier, quâil allait suivre avec attention les dĂ©bats. "Nous sommes des gens normaux", avait-il ensuite lĂąchĂ©.
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