Ce mardi 1er février 2022, 52 marins de l'Austral et le syndicat des marins pêcheurs de l'océan Indien (SMPOI) ont manifesté sur les quais devant le navire Austral au Port. Ils protestent contre l'arrivée d'un nouveau navire dédié à la pêche à la langouste dans les Taaf (Terres australes et antarctiques françaises). "Cette éventuelle arrivée aura indéniablement des conséquences sur l'état de la ressource, la sécurité des marins et l'avenir de la filière dans sa globalité" expliquent les marins de l'Austral et le SMPOI. Le propriétaire du navire Laurent Virapoullé, directeur de Pêche Avenir, assure que le Manohal est "un progrès pour la sécurité des marins" en plus d'avoir eu toutes les autorisations des experts du secteur maritime. Les autorités des Taaf viendront d'ailleurs contrôler la production du bateau. (Photo SMPOI)
"Les 52 marins réunionnais de l’Austral, caseyeur certifié MSC, qui pêchent la langouste dans les mers australes, sont dans l’incompréhension et la colère la plus totale face à la décision possible de libéralisation de l’accès à la pêcherie pour un nouveau navire de moins de 24 mètres" déclarent ce mardi les concernés par voie de communiqué. Ils indiquent ne pas avoir eu de réponse adaptée de la part des autorités compétentes.
Pour eux, "les conditions de sécurité à bord du navire nouvellement autorisé à pêcher la langouste dans les mers australe ne sont pas réunies : un bateau de moins de 24 mètres n’est pas adapté pour travailler dans les conditions des mers australes à 3.000 km de La Réunion, aux abords des 40ième rugissant". A ce sujet, Laurent Virapoullé, directeur de Pêche avenir et du Manohal, affirme que "notre bateau a eu toutes les autorisations de la commission régionale de sécurité, de l’inspecteur des affaires maritime, du bureau Veritas et des autres experts qui ont jugé que le Manohal est adapté à ce type de pêche".
Les marins de l'Austral et le SMPOI se disent également inquiets "des conséquences dramatiques au niveau social et économique pour leurs emplois, leurs familles et pour la filière dans son ensemble". Ils sont également préoccupés par "l’impact environnemental non évalué de cette nouvelle activité qui serait conduite au sein de la réserve naturelle et qui remettrait en question des décennies de travail pour préserver une ressource fragile exploitée dans un environnement classé au patrimoine mondial de l’Unesco".
Le directeur de Pêche avenir veut "rassurer les marins : nous n’allons pas les mettre en danger". Le quota attribué au Manohal est de 17 tonnes sur les 400 au total. "L’Austral dispose de 383 tonnes, le même quota que l’année dernière" précise Laurent Virapoullé.
Concernant l’aspect environnemental, "le Manohal n’a pas d’impact négatif car sa signature carbone est moindre, il consomme moins de carburant que l’Austral" explique Laurent Virapoulle "une consommation ramené à la tonne de langouste" précise-t-il. Le directeur de Pêche Avenir insiste sur le fait que la production sera contrôlée par les autorités et "surveillée à 100%". "Il n’y aura ni préjudice pour l’armement ni pour les marins" rappelle-t-il.
- Le propriétaire du Manohal défend un "progrès" -
Pourtant les marins de l'Austral et le syndicat sont remontés."Nous, les 52 marins réunionnais de l’Austral et pères de familles, n’acceptons pas de voir la pêcherie, notre métier, nos emplois, notre avenir et celui de nos familles, menacés" affirment-ils dans leur communiqué. "La langouste australe est une ressource qui a montré sa fragilité et fait l’objet d’un suivi scientifique rigoureux depuis plus de 70 ans. Nous avons su la préserver et assurer un bon état de la ressource par nos pratiques exemplaires certifiées MSC et nos efforts générations après générations. Nous ne serions pas récompensés de notre travail qui pourrait profiter à d’autres !"
Ils ajoutent fournir "des efforts considérables afin de pérenniser cette ressource et l’écosystème dans lequel elle évolue tout en contribuant fortement à l'économie de La Réunion".
Laurent Virapoullé, lui, assure que le Manohal est "un progrès" pour la sécurité et la protection des marins. Le bateau de 23 mètres permettrait aux marins "de ne plus soulever les caisses de langoustes, ce qu’ils ont à faire sur l’Austral car ils pêchent depuis des embarcations de moins de 10 mètres" explique l'armateur du Manohal. L'équipe de Pêche Avenir "veut apporter des garanties pour que toutes les normes de sécurités soient respectées".
L'équipe du Manohal s'engagera à respecter le cahier des charges émises par les Taaf (Terres australes et antarctiques françaises). "2 contrôleurs des Taaf viendront vérifier point par point notre activité et avec les mêmes exigences que l’Austral" explique l'armateur de Manohal. Le navire, "progrès" du secteur maritime "apporte un plus sur le domaine de la sécurité pour les marins, un suivi de qualité de pêche et limite son impact sur l’environnement" insiste Laurent Virapoullé.
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Pêche avenir le clan de virapoulle.