Tous les marins du pétrolier Tresta Star sont indemnes. Fatigués mais sains et saufs. Pour des raisons encore non totalement déterminées, leur navire s'est échoué sur le littoral de Saint-Philippe vers 21h ce jeudi 3 février 2022. (Photos : rb/www.ipreunion.com)
"Il était sans doute à la dérive depuis plusieurs jours. Mais il n'est rentré dans notre ZEE (zone économique exclusive) qu'hier matin (jeudi, ndlr)" indique le ministère des outre-mer ce vendredi après-midi. Une trentaine de pompiers ont été mobilisés dans l’opération de sauvetage qui a duré plusieurs heures dans une mer déchaînée par la houle du cyclone intense Batsirai.
Une ligne de vie et une tyrolienne entre le bateau et la terre ferme ont été mises en place pour secourir l’équipage pris au piège du navire en perdition. Une fois sur terre, les 11 marins ont encore dû marcher pendant deux km sur les arêtes acérées de la coulée de 2007 au niveau du Tremblet. "Ils étaient épuisés, stressés, et pieds nus. Nous avons dû leur donner des chaussures pour qu’ils puissent marcher sur les scories" raconte l’un des sauveteurs.
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Les marins ont ensuite été logés dans un centre d’hébergement de la commune de Saint-Philippe. Il avait été ouvert tôt jeudi matin pour accueillir d’éventuels sinistrés du cyclone. Ils ont été accueillis et réconfortés par le sous-préfet de Saint-Pierre et par Olivier Riviere, maire de la commune Saint-Philippoise. Des vêtements ont été donnés aux naufragés. Ils ont pu manger et se reposer. Certains d’entre eux étaient au bord de l’épuisement
"Nous avons vraiment eu très peur" souffle Mamun Muntasir, le capitaine du Tresta Star. Il a été légèrement blessé dans l’échouage et il a besoin de l’aide de deux autres marins pour se lever. "Hier soir (jeudi soir - ndlr) c'était le pire" commente-t-il. "La houle et le vent étaient complètement contre nous et la situation était très compliquée. On a perdu le contrôle des manœuvres. Nous avons alors lancé un appel de détresse" ajoute-il. Il raconte un peu plus tard comment lui et les autres marins ont prié pour être sauvés. "Nous sommes très reconnaissants (aux sauveteurs). Nous sommes sains et saufs malgré la fatigue et quelques blessures" dit encore le capitaine.
A côté de lui le marin Tandem Ketan essaye de suivre la conversation. Il a du mal. Comme la plupart des autres marins il ne parle pas du tout le français et très peu l’anglais. Ils sont tous de nationalité indienne et bangladaise.
Cette difficulté à échanger avec les sauveteurs a encore compliqué l’intervention le sauvetage. Tandem Ketan a appris au moins un mot de français depuis jeudi soir : "merci". Il le dit à toutes les personnes qu’il croise au centre d’hébergement.
Plus loin trois marins parlent un peu fort et font des grands gestes. "Nous parlons du naufrage. On essaye de comprendre ce qui s’est passé" explique l’un d’eux. "Ils ont besoin d’extérioriser" remarque l’un des agents communaux chargés de la gestion du centre d’hébergement.
Un peu gêné, un autre marin s’approche et moitié en anglais moitié en signes demande s’il est possible de partager une connexion internet avec nous "pour donner des nouvelles à la famille, là-bas en Inde". Il nous remercie chaleureusement. "Ils sont rassurés" dit-il à la fin de sa brève conversation téléphonique.
Les marins vont quitter ce lieu d’accueil temporaire à Saint-Philippe. Ils vont être transférés au Port, à la Maison du Marin.
Avec sa coque gravement endommagée, le Tresta Star est toujours échoué sur la coulée de 2007. Une expertise doit être menée pour déterminer les mesures à prendre pour le dégager.
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