La fraise péi sera la vedette de la fête du vendredi 3 au dimanche 5 octobre 2025 au Domaine Vidot à Mont-Vert-les-Hauts (Saint-Pierre). Entre foulées sportives, animations, élection de Miss Fraise et concerts, l’événement attire chaque année des milliers de visiteurs. Mais derrière l'attrait du fruit rouge pour les consommateurs et la convivialité de la fête se cachent une réalité plus contrastée pour les producteurs et une filière sous pression. Rencontre avec Éric Lucas, responsable de la cellule Diversification végétale à la Chambre d’agriculture, pour dresser le bilan de la production en 2025 (Photo d'illustration : www.imazpress.com)
Habituellement plantées fin février, les fraises ont pris du retard en 2025 à cause du passage du cyclone Garance. "Les plantations n’ont été réalisées qu’à la fin mars, ce qui a repoussé les premières récoltes à mai", explique Éric Lucas.
La météo n’a pas aidé la filière. "Après l’hiver, il n’y a pas eu énormément de fraises à cause du froid du mois d'août" , explique le technicien de la chambre verte. Mais la situation s’améliore : "Là, la saison commence vraiment. Actuellement, les fruits sont assez jolis, parce que l’hiver n’a pas été trop sec. La qualité des plants est correcte, alors que chaque année on a souvent des plants de mauvaise qualité. Cette fois-ci, on a été assez tranquilles de ce côté-là", poursuit-il.
- Des variétés adaptées au climat réunionnais -
Cette année, une variété s’impose : la Rubygen. "Elle est devenue la plus plantée. Elle produit un peu plus, même si ce n’est pas la plus goûteuse. La Manon des fraises, par exemple, est plus parfumée", précise Éric Lucas. Camarosa, San Andreas et Armelle complètent l’éventail des fraises cultivées, chacune avec ses spécificités en termes de texture et de tenue.
Le choix des variétés reste néanmoins limité par les importations. "On dépend d’une seule pépinière dans l'Hexagone. Si les plants ne sont pas disponibles, on ne peut pas planter plus", explique-t-il. Une contrainte qui freine les volumes produits.
- Production stable mais demande insatisfaite -
La filière regroupe environ 80 producteurs, principalement installés dans les hauts du sud (Le Tampon, Mont-Vert, Notre-Dame-de-la-Paix) mais aussi à Trois-Bassins, Sainte-Marie, Salazie et à la Plaine-des-Palmistes. "En moyenne, un producteur cultive 5.000 plants, mais certains, plus rares, vont jusqu’à 40.000" , détaille Éric Lucas.
Cette année, la production devrait se situer entre 750 et 800 tonnes, dans la lignée des années précédentes. Un volume encore loin des plus de 1 000 tonnes atteintes dans les années 2006-2007 d'après le spécialiste. "Nous n’arrivons pas à satisfaire la demande, notamment des pâtissiers, qui veulent travailler avec de la fraise péi", ajoute le technicien.
La consommation reste concentrée sur une fenêtre de trois mois. "De septembre à mi-décembre, c’est la pleine saison. Ensuite, les consommateurs se tournent vers le letchi, et les fraises se vendent plus difficilement ", note-t-il.
- Des coûts qui s'envolent -
Pour les producteurs, le principal frein reste le coût. "On parle de 80.000 euros pour un hectare de fraises ", rappelle Éric Lucas.
Les plants, passés de 0,18 à 0,30 euro en quatre ans, ne sont pas les seuls à alourdir le budget : paillage, goutte-à-goutte, engrais et emballages coûtent de plus en plus cher. Résultat, certains exploitants réduisent leurs surfaces : "Des producteurs qui faisaient 30.000 plants sont tombés à 20.000."
- Main-d'oeuvre et parasites : d'autres difficultés -
Au-delà des coûts, la récolte pose problème. "C’est une culture qui demande beaucoup de main-d’œuvre, et il est difficile de trouver du personnel. Certains organisent des cueillettes à la ferme pour pallier ce manque", observe Éric Lucas.
Les parasites compliquent aussi la donne : la mouche des fraises, les champignons et les oiseaux, notamment le merle de Maurice, s’attaquent aux cultures. "Cette année encore, certains agriculteurs ont perdu une partie de leur récolte à cause des oiseaux", confie le technicien.
- Entre goût et perspectives -
Certains consommateurs trouvent les fraises moins sucrées. "Tout dépend du stade de récolte et de la variété", nuance Éric Lucas. Rubygen est plus parfumée que Camarosa, mais la Manon reste la référence en termes de goût.
Malgré ces difficultés, l’avenir de la fraise péi reste prometteur. La demande locale est forte et le fruit garde une valeur symbolique et gourmande, énormément demandée lors de certains évènements. "Il faut trouver des solutions pour planter plus tôt et diversifier les pépinières. Le marché est là, mais il faut qu’on arrive à suivre", note Éric Lucas.
Mais pour lui, la survie de la filière dépend surtout de deux facteurs : la disponibilité de plants de qualité et la main-d’œuvre. "Aujourd’hui, on est dépendants d’un seul pépiniériste en métropole, et le coût des plants ne cesse d’augmenter. Et sur le terrain, les producteurs ont de plus en plus de mal à trouver du personnel pour les récoltes", conclut-il.
- Programme de la fête de la fraise -
Vendredi 3 octobre
Dommage qu on ne soit pas informé des traitements de pesticides
Article intéressant mais pas un mot sur les pesticides necessaires ...