Risque requin

Selon que vous soyez surfeurs ou baigneurs, vous pourrez aller à l'eau ou non

  • Publié le 12 juin 2023 à 12:27
  • Actualisé le 12 juin 2023 à 12:28
surf et baigneur

Au fil du temps, les eaux en partie désertées de la côte ouest ont peu à peu retrouvé leurs surfeurs. Crise requin oblige, la baignade et les activités nautiques sont devenues fortement encadrées par des arrêtés préfectoraux successifs, et la mise en place de divers dispositifs pour assurer la sécurité chacun. Mais comme chacun a pu le remarquer, lorsque la vigie est absente et que les filets sont retirés, baigneurs et surfeurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si les premiers sont rapidement remis à l'ordre par les maîtres-nageurs présents sur la plage, les seconds ne semblent rencontrer aucune difficulté particulière pour se mettre à l'eau. (Photo photo rb/www.imazpress.com)

"Dès qu'on observe des surfeurs en dehors des créneaux prévus par la vigie requin, on prévient le CROSS et la gendarmerie, mais c'est rare qu'ils interviennent" nous a en effet confié un maître-nageur. Alors qu'une collègue se trouvait au bord de l'eau, elle a rapidement été interpellée par les services de surveillance pour s'en éloigner. Et ce malgré la présence de surfeurs dans l'eau, qui eux pouvaient vaquer à leurs occupations.

La préfecture assure cependant que "des contrôles sont menés régulièrement par les forces de l'ordre". Les gendarmes ont procédé, depuis le début de l’année, à 190 interventions sur les plages et le littoral de l’île, contre 325 interventions en 2022 ). "Dans la majorité des cas, ces interventions font suite à l’appel des services de surveillance des plages ou des postes de secours. Les forces de l’ordre dissuadent les personnes qui s'apprêtent à se mettre à l'eau et invitent les pratiquants, très majoritairement des surfeurs, à sortir de l’eau" assure-t-elle.

"En cas de refus, pour limiter le risque en prolongeant le temps en pleine mer par crainte de la verbalisation, les gendarmes peuvent préférer quitter les lieux" admet-elle cependant. Elle note tout de même que cette année, entre le 28 janvier et 10 février 2023, la brigade nautique côtière de La Réunion a effectué une opération spéciale de surveillance durant 32 heures (8 patrouilles de 4 heures) donnant lieu à 8 avertissements pour des surfeurs s’apprêtant à se mettre à l’eau et 11 infractions.

A noter que le tribunal administratif a validé ce jeudi 8 juin 2023 l'arrêté interdisant la baignade et les activités nautiques en dehors de zones délimitées. Le tribunal avait été saisi en référé par Jean-François Nativel, qui souhaitait faire suspendre l'arrêté préfectoral du 7 février, reconduisant ces interdictions depuis 2013.

- Pas d'attaque en quatre ans -

La vigie requin est gérée par la ligue de surf réunionnaise. Cependant, elle n'est pas habilitée à verbaliser les contrevenants. "Ce n'est pas leur rôle, la ligue intervient sur le pan de la sensibilisation et la vigie s'assure de la sécurité des surfeurs" explique Thierry Martineau, président de la ligue.

"Nous avons un rôle d'information et de sensibilisation, auprès de nos licenciés bien sûr, mais aussi de tous les pratiquants. Mais quand ces derniers ne respectent pas les arrêtés mis en place, nous ne pouvons pas faire grand-chose" regrette-t-il.

La multiplication des surfeurs à l'eau en-dehors des temps dédiés peut en partie s'expliquer par l'absence d'attaque de requin ces quatre dernières années. "Il ne faut pas oublier que le risque est toujours présent" rappelle cependant Thierry Martineau.

"Les mesures prises face au risque requin par l’État et les collectivités locales, dans le cadre du groupement d'intérêt public Centre sécurité Requin (GIP CSR), visent avant tout à permettre la pratique de l’ensemble des activités nautiques dans un cadre sécurisé. C’est grâce aux efforts de la pêche préventive, aux filets de protection dans les zones de baignade et à l'encadrement de la pratique du surf (vigie requin, water patrol, port d'équipement de protection individuelle) que nous ne déplorons plus d’attaques depuis 2019" ajoute la préfecture.

Cependant, "un non-respect de ces zones, outre un risque de verbalisation, est surtout susceptible d'interaction avec un requin, avec une prise de risque individuelle qui peut avoir des conséquences très graves" rappelle-t-elle. "Tout accident a des conséquences pour la victime et sa famille, mais aussi sur toute la société réunionnaise."

S'il revient finalement à chacun d'évaluer les risques et de se jeter (ou non) à l'eau, on observe tout de même un deux poids, deux mesures entre baigneurs et surfeurs. Peut-être que la multiplication des dispositifs de sécurité pourrait remédier à cette problématique ? C'est en tout cas l'une des demandes de la ligue de surf. "Je pense qu'il faudrait alléger les dispositifs actuels, pour permettre de multiplier les zones surveillées" conclut Thierry Martineau.

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1 Commentaires
totoche
totoche
2 ans

Des dizaines de morts sur les routes réunionnaises depuis le début de l'année : Interdisons les véhicules !