La Réunion souffre depuis trop longtemps d’une vision périmée et obsolète de la voiture qui, dans l’excès, révèlerait quasi l’image de son propriétaire ; en somme, un avoir qui masque dans le même mouvement un besoin d’être et de paraître. Malgré cela, nos routes regorgent de ces véhiculent tunés et bruyants, bas de caisse et sièges baquets, plutôt rouges ou noirs, semblables à ceux qu’on voit dans les mangas, jeux vidéo ou magazines. Jantes, phares, sellerie, échappement, autoradio … la customisation est partout et elle a son prix. Plus que gagner en puissance, il faut avant tout être vu ! (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
Et dans ce contexte, démarre ce jour le 54e Tour Auto.
A l’ombre du caractère festif et populaire, le maître-mot dans la course reste encore et toujours améliorer la performance, ce mythe qui coûte si cher à notre société (où le cocktail vitesse / prises de risques / addictions a ôté la vie à 45 personnes sur nos routes l’an dernier et a fait plus de 900 blessés) ; ce mythe qui, aux yeux de nos jeunes générations, rime avec excitation. Enfin, disons plutôt avec illusion.
Car dans notre île, où circulent en moyenne 25 véhicules de plus par jour et où le parc automobile se rapproche de plus en plus du chiffre métropolitain, la pratique des sports mécaniques - si tant est que l’on puisse vraiment parler de sport - est considérée comme une tradition, qu’il serait bien étrange de vouloir questionner, pire de remettre en cause.
C’est pourtant bien l’objectif de ce communiqué d’EELV Réunion.
Plus encore en cette période de forte communication autour des Etats Généraux des Mobilités dans notre département, où grâce à la campagne qui est menée par la Région, la médiatisation est dense, très pédagogique du reste. Elle pousse à la prise de conscience, elle invite à changer de regard sur notre rapport à nos déplacements et, plus largement, à notre consommation, elle promeut une autre culture des valeurs : refuser le modèle du tout-auto, promouvoir les mobilités douces, réduire notre empreinte carbone, lutter contre la sédentarité, éduquer à la protection de l’environnement, améliorer la sécurité routière, éviter la dégradation des sites et de notre réseau routier, refuser la gabegie qui place l’économie avant l’humain, mettre en perspective les politiques publiques et l’écologie, …
Si de manière générale, dans nos comportements respect et partage prennent peu à peu place face aux enjeux environnementaux et aux enjeux de société, cette course nous remet comme face à une évidence : ces réalités ne semblent pas concerner organisateurs, financeurs et pilotes engagés dans le rallye qui se lance dès demain à l’assaut de nos routes. Et c’est sans compter sur les risques de sorties de route et les nuisances sonores qui accompagnent ce type d’événement …
On ne cherchera pas à connaître le prix de ces bolides, ni combien ils vont siphonner à la pompe en l’espace de 3 jours. Les supporters vont admirer ces bijoux de technologies qu’ils verront passer, vrombissant devant eux. Pour d’autres, spectateurs malgré eux ou habitants des Hauts tout simplement pris en otage, cette distraction éphémère leur permettra peut-être d’oublier, l’espace d’une journée, la misère du quotidien auquel ils sont habituellement confrontés ...
Ensemble, sortons du silence et de l’incohérence, visons la sobriété !
Geneviève PAYET
Secrétaire Générale
Europe Ecologie Les Verts Réunion
Rassurez-vous, ce problème sera résolu lorsque la conduite ou le stationnement sera devenu impossible. Cela ne devrait plus tarder à La Réunion.
Un Berlinois qui vient sur leur île depuis treize ans.