Sécurité, emploi, vie chère... (actualisé)

Emmanuel Macron a reçu les élus des Outre-mer pour discuter "d'un changement politique"

  • Publié le 8 septembre 2022 à 12:05
  • Actualisé le 8 septembre 2022 à 15:01
Le palais de l'Elysée à Paris où Emmanuel Macron est de nouveau investi président

Ce mercredi 7 septembre 2022, Emmanuel Macron a convié à un dîner de travail une cinquantaine d'élus des collectivités d'outre-mer. L'objectif étant de trouver des solutions aux problématiques spécifiques de ces territoires. Cette invitation fait suite à l'appel solennel lancé à l'État pour un changement profond de la politique des outre-mer. Huguette Bello, présidente de la Région Réunion, avait signé cet appel nommé " Appel de Fort-de-France ". Un agenda doit être mis en place pour travailler sur l'ensemble des problématiques des Outre-mer et refondre un système jugé dépassé, indiquent nos confrères d'Outre-mer La 1ère.

En amont du repas donc, Emmanuel Macron a pu échanger avec les signataires de cet appel lancé à l’État. Pour rappel, le 17 mai, les présidents des régions Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin et Guyane, avaient lancé cet appel solennel à "refonder la relation entre (leurs) territoires et la République par la définition d'un nouveau cadre permettant la mise en œuvre de politiques publiques conformes aux réalités de chacune de (leurs) régions".

Les présidents de régions veulent associer "la pleine égalité des droits" avec la reconnaissance de leurs "spécificités", notamment par une "réelle domiciliation des leviers de décision au plus près de (leurs) territoires".

Lire aussi - "Appel de Fort-de-France" : des élus ultramarins demandent un "changement profond de la politique outre-mer de l'Etat"

- Un calendrier mis en place -

À la sortie de cette rencontre avec le président de la République, Serge Latchimy, président du conseil exécutif de Martinique, s'est dit, "très agréablement surpris de l'esprit d'ouverture". "Nous sommes très satisfaits, parce que nous voulions être reçus par le président de la République et c'est chose faite", s'est réjoui le président du conseil général de Guadeloupe Ary Chalus.

 

"L'appel de Fort-de-France vit. Nous avons remis la politique au cœur du débat. Maintenant, il faut traduire cet appel en des choses extrêmement concrètes", souligne Serge Letchimy, président du conseil exécutif de Martinique. "La porte est ouverte pour un agenda" de travail sur ces thèmes, "mais aussi et surtout, sur la question des évolutions institutionnelles et statutaire", ajoute-t-il.

- Sécurité, emploi, vie chère… -

La sécurité, l’emploi, la vie chère et les infrastructures en Outre-mer étaient au centre des discussions, relatent nos confrères d’Outre-mer La 1ère. Lors de ce repas, Emmanuel Macron était entouré d’Élisabeth Borne, de membres du gouvernement et tous les préfets d’Outre-mer ont reçu les parlementaires, les présidents des exécutifs, les présidents des associations des maires et les députés européens de la Réunion de Mayotte, de la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Le but de cette réunion de travail est de "partager les diagnostics et proposer des solutions", a indiqué l’Élysée. L'objectif est de parvenir, avec les élus, à renforcer l'efficacité de l'action publique outre-mer tant du côté de l'État que des collectivités concernées. Le chef de l'État souhaite partir des attentes des habitants des outre-mer et de leur apporter des réponses le plus adéquates possibles, organisationnelles, réglementaires, législatives, dans la continuité de son action engagée au profit des outre-mer depuis son premier quinquennat.

- "Une nouvelle étape doit s’ouvrir !"

La présidente du Conseil Régional de La Réunion a pris la parole lors de cette entrevue.

"Monsieur le Président de la République,
Madame la Première ministre,
Messieurs les ministres 

Chers collègues,

Mesdames et Messieurs, 

Le monde mondialisé est en crise. 

Loin de ses promesses, il affronte des défis sans précédent dans l’histoire de l’Humanité : dérèglement climatique, crise sanitaire et pandémies, déséquilibres économiques, désordres sociaux, bouleversements démographiques, et même le retour de la guerre sur le continent européen.
On connaît tous les conséquences de cette crise multiforme avec l’inflation élevée partout dans le monde qui frappe les populations, les difficultés d’approvisionnement, des situations de pénurie et, dans certains pays, des émeutes de la faim.

Nos territoires ultramarins ne sont pas épargnés. 

Bien au contraire ! 

Les impacts de cette crise mondiale sont d’autant plus durement ressentis qu’elle frappe une population déjà précarisée par le sous-emploi et la cherté de la vie que nous ne découvrons pas, mais que les crises actuelles accentuent et soulignent...

La combinaison des crises structurelles et conjoncturelles dans nos territoires appelle plus que jamais à des changements profonds. 

Car face à des défis, nous ne manquons pas d’atouts : 

- Nous avons une biodiversité végétale et marine exceptionnelle ; 84% de la biodiversité française se trouve chez nous, dans les outremers ;
- Nous sommes dans des environnements géographiques qui sont en plein dynamisme démographique et économique ; La Réunion est sur l’axe d’échanges Afrique -Asie qui est en forte expansion ; et plus largement, pensons à l’indo pacifique ; ou pour les Antilles et la Guyane, là a proximité avec le continent américain …
- Nous disposons d’espaces maritimes immenses qui confèrent à la France et au continent européen une dimension planétaire ; 
- Nos territoires sont dotés d’éléments naturels sans nul autre pareil : la mer, le soleil, le vent, le volcan, la biomasse, l’eau, qui offrent des potentialités considérables pour relever le défi stratégique de l’autonomie énergétique 
- Nos terres regorgent de richesses agricoles qui nous permettent de bâtir une stratégie de souveraineté alimentaire 
- Un niveau d’équipement et une qualité des infrastructures qui nous confèrent des avantages comparatifs avec les pays de notre environnement immédiat.
- Une diversité culturelle aussi riche que précieuse et qui nous ouvre sur le monde
Vous l’avez compris : l’heure est venue d’ouvrir de nouveaux horizons pour inscrire nos territoires dans une nouvelle dynamique de développement fondée sur la valorisation de leurs atouts propres.

Nous portons l’ambition de bâtir une " nouvelle économie " pour nos territoires, c’est-à dire une économie adaptée aux enjeux du 21ème siècle. 

Mais cela suppose que les obstacles qui entravent notre développement soient levés et que soient donc réglées concrètement un certain nombre de questions : 

- En premier lieu , celle des formations adaptées aux axes de développement et la structuration de véritables filières ( je pense notamment à l’ économie bleue ou au secteur de l’énergie) , d’autant plus indispensable que les données démographiques de nos territoires et le chômage structurel ne permettent, malheureusement pas, d’espérer d’atteindre l’objectif du plein emploi à court terme.

- En second lieu, la question des normes : nombre d’entre elles sont inadaptées et ne tiennent pas compte des caractéristiques physiques, climatiques et géographiques de nos territoires : c’est particulièrement le cas pour le BTP et les normes de construction , pour l’agriculture en milieu tropical avec les normes phytosanitaire ou encore pour le secteur complexe des déchets et de leur traitement sur des territoires contraints .
Dans trop de domaines, l’imposition mécanique du droit commun fait obstacle au développement et aux stratégies qu’on peut mettre en œuvre : je pense notamment à la diversification de nos sources d’approvisionnement dans notre environnement régional concernant les intrants, et qui constitue, de surcroît, une réponse au coût du fret et à l’empreinte carbone ; ou dans un autre domaine, au bâti en milieu tropical et aux matériaux de construction ; ou encore à la réglementation dans le secteur crucial de l’énergie ….

- Le troisième levier, ce sont les moyens juridiques pour réussir enfin notre insertion dans nos environnements géo-économiques respectifs et pour y déployer nos stratégies de codéveloppement régional ; c’est notamment la capacité de conclure des accords commerciaux avec des pays voisins, et aussi d’être pleinement associés aux accords conclus par l’Europe ou la France. 

C’est un impératif évident dans le secteur de la pêche où nous ne devons plus assister passivement au pillage de nos ressources halieutiques. Il faut savoir qu’à La Réunion, plus de 98% des prises dans notre bassin maritime sont le fait de flottes extérieures à notre île…

Je pourrais multiplier les exemples qui donnent corps à l’Appel de Fort de France . Répétons qu’il s’agit de refonder la relation entre l’État et les outremers pour inscrire dans la réalité, la vision que nous portons pour le développement durable de nos territoires. 

Les citoyens ont lancé un véritable cri d’alerte que nous devons entendre.  Ni statu quo, ni simple poursuite des politiques en vigueur… 

Une nouvelle étape doit s’ouvrir !

Soyons audacieux, soyons innovants, et soyons au rendez-vous de nos responsabilités pour produire l’avenir !"

- Philippe Naillet demande des résultats rapides et du concret -

Philippe Naillet, député, réagit à l'issue de la rencontre avec le président. "J’ai participé ce mercredi soir à la rencontre organisée entre la présidence de la République française, les parlementaires ultramarins et les représentants des grandes collectivités locales. Lors de mon intervention, j’ai pu rappeler les urgences pour La Réunion : la lutte contre la vie chère et la nécessité d’un projet de développement durable adapté à La Réunion.

Toute initiative en faveur de l’échange et de la participation des élus est à saluer. En effet, je défends une méthode basée sur la coconstruction des politiques publiques avec et pour les Réunionnais. Pour accomplir un vrai projet qui prenne en compte les réalités de notre territoire, il faut renforcer notre pouvoir de différenciation et d’adaptation des lois à La Réunion. Nous avons, de part notre isolement, des défis spécifiques de sécurité alimentaire et énergétique à relever. Des outils existent déjà, comme la loi Égalité Réelle Outre-Mer (EROM) qui est une loi fondatrice pour réduire fortement et rapidement les écarts de développement et de niveaux de vie. 

Je demande donc un bilan de la loi EROM, un agenda et une feuille de route partagée pour des résultats rapides et concrets en faveur du pouvoir d’achat et une amélioration de nos indicateurs sociaux et économiques d’ici 2030."

- "Il n'y a pas eu d 'annonces concrètes -

Jean-Hugues Ratenon, Perceval Gaillard et Frédéric Maillot réagissent à leur tour -

"Le Président de la République a invité les élus ultramarins à un diner hier soir, mercredi, au palais de l’Elysée. Dans un premier temps nous avons exprimé notre mécontentement  devant ce format et nous avons ainsi réussi à transformer ce simple diner en un diner de  travail. 

Nous avons également exprimé nos regrets sur le fait que le Président de la Délégation aux  Outre-Mer, Mr Moetai Brotherson, n’ait pas été invité. Cela apparait comme un affront et  une volonté de diviser les élus d’Outre-Mer. 

Ceci étant dit, nous avons bien fait d’accepter d’y participer malgré ces éléments. Au-delà de l'opération de communication élyséenne nous, élus de la Nation, avons saisi l’opportunité d’observer, d’analyser et de mieux comprendre les intentions, les décisions du Président  Macron et de son gouvernement. 

Il n’y a pas eu d’annonces concrètes pour répondre au problème du chômage et de l’emploi ;  pour autant le Président s’est prononcé pour le plein emploi en Outre-Mer. Il est par conséquent de notre devoir d’exiger un calendrier et les modalités précises pour atteindre cet objectif. 

Il s’est aussi engagé pour un Oudinot du pouvoir d’achat. Il nous a annoncé que la Première Ministre, Madame Elisabeth Borne, réunira dans les prochains mois une conférence  interministérielle afin d’aborder la question de la vie chère en Outre-Mer.

C’est pourquoi, nous invitons tous nos collègues élus et toutes les forces vives à faire  remonter des propositions au gouvernement et d’exiger qu’elles soient prises en compte et  débattues. De demander, par ailleurs, une accélération du calendrier car la cherté de la vie  est l'urgence absolue à traiter pour nos territoires. 

Le Président de la République a également clairement dit que nous sommes arrivés au bout  d’un cycle et qu’il faut aborder les problèmes sans tabous. Nous partageons ce constat. Nous  le disons d'ailleurs depuis plusieurs années. Alors abordons tous les problèmes sans tabou,  mettons tout à plat et changeons tout si nous voulons vraiment apporter des réponses  structurelles aux problèmes rencontrés par les Outre-mer.

Sur une éventuelle réforme constitutionnelle, le Chef de l’Etat s’est déclaré ouvert et prêt à  faire bouger les normes et à les adapter aux territoires. C’est ce que nous disons depuis  plusieurs années. Alors Monsieur le Président : pour quand et comment ?

Sur le plan de l’écologie, le Président de la République et la Première Ministre se sont  prononcés pour une transition écologique, une autosuffisance alimentaire, etc… beaucoup  de belles paroles mais concrètement rien n’a été annoncé.

Face à cela, préparons-nous à mettre la pression afin de rappeler ce qui a été dit en cette  occasion. L'action du gouvernement dépendra de notre capacité à nous mobiliser et à nous  unir sur ces sujets ; car nous avons été élus pour défendre les intérêts du peuple."

www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
zavoca marron
zavoca marron
3 ans

À qui incombent cette situation, plus 76 de départementalisation, 33 ans de régionalisation, RUP, CU, statut particulier et/ou spécifique, etc., et toujours autant d'écart, autant de retards dans l'aménagement du territoire, SAR de 1995 raté et celui de novembre 2011 cela aura été le pire des scénarios (embouteillages monstrueux aujourd'hui !), sans passer sous silence les erreurs des uns et des autres, dans l'éducation, la formation initiale (pas la peine de demander aux gens qui a découvert le xénon ou le néon ou quel est l'angle entre les atomes d'hydrogène et celle de l'oxygène, et de quelle molécule s'agit-il, ou comment résoudre une équation du 2nd degré dans l'ensemble des nombres complexes avec des,coefficients trigonométriques, là plus personne ne répond présent, enfin une très large part de notre population insulaire...'

parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
3 ans

La folle de l'Elysée n'a rien à faire des outre mer , amuse la galerie avec un repas

Missouk
Missouk
3 ans

A part être "agréablement surpris", il va falloir attendre les actes. Car les paroles d'un président comme MACRON sont très versatiles!