Monsieur le Ministre, je vous écris en tant que simple citoyenne réunionnaise. Je ne représente aucune institution, aucun parti, aucune organisation. Je représente seulement ma voix, celle de quelqu’un qui vit ici, qui voit, qui entend, qui ressent. (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
Depuis le passage du cyclone Garance, nous avons vu défiler les visites officielles, les caméras, les déclarations d’intention, les annonces de déblocage d’aides. Mais derrière les projecteurs, que reste-t-il ?
Des familles seules, des démarches complexes, des parcours du combattant à entamer sans accompagnement. Beaucoup de communication, très peu de réponses claires.
On vous emmène visiter nos plus belles structures, nos musées, nos sentiers, nos projets exemplaires – et c’est une bonne chose, car La Réunion a de vraies richesses. Mais pendant ce temps, des familles dorment dans des voitures, des enfants ont tout perdu, des parents ne savent plus par où commencer pour se relever.
Ce sont eux qu’il faudrait rencontrer. Ce sont leurs voix qu’il faudrait entendre. Comment accéder aux aides annoncées ? Quelles en sont les conditions ? Vers qui se tourner ?
Personne ne sait. Et beaucoup baissent les bras avant même d’avoir commencé. Vous le savez, La Réunion est une terre singulière. Nos réalités ne sont pas celles de la métropole.
"Nos modes de vie, nos difficultés, nos inégalités, nos souffrances ne peuvent être comprises depuis Paris". Pourtant, des décisions sont prises là-bas, sans concertation, et elles tombent ici comme des couperets.
Des mesures inadaptées à notre terrain, à notre population, à notre quotidien. Il est faux de dire que "tout va bien". Ceux qui le disent, ou le répètent, se coupent de la vraie vie.
Et malheureusement, les élus sensés nous représenter semblent avoir perdu l’élan de transformation. Ils ne sont plus dans le combat pour améliorer notre quotidien, mais dans l’entretien d’un système qui ne satisfait plus personne.
La récente baisse des contrats PEC en est un exemple criant : elle figurait dans la loi de finances 2025, mais ce n’est qu’après son application que certains ont décidé de manifester.
Pas une contestation en amont. Une indignation bien tardive, à quelques mois des élections municipales… Pendant ce temps, les prix continuent d’augmenter.
Le pouvoir d’achat s’effondre. Et les réponses sont toujours les mêmes : décalées, insuffisantes, floues.
Monsieur le Ministre, je ne vous écris pas pour me plaindre. Je vous écris pour dire que nous méritons mieux que cela. Nous méritons d’être entendus, respectés, compris.
Nous méritons des politiques pensées avec nous, et pour nous. Des actions concrètes, sur le terrain, aux côtés de ceux qui vivent les réalités.
Je suis une citoyenne lambda, mais comme beaucoup d’autres ici, je suis épuisée de cette politique de divertissement. Comme on dit Monsieur le Ministre « quand une famille souffre, c’est tout un pays qui perd un peu de son âme. »
Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations respectueuses et l’espoir d’un engagement réel pour La Réunion et ses habitants.
Isabelle Latchimy