Après avoir salué la mémoire de Max Fontaine, pionnier de la permaculture réunionnaise récemment disparu, le député Perceval Gaillard a rappelé la dangerosité de la loi Pesticides dite loi Duplomb faite par et pour les multinationales de l'agro-business.
Réautorisation des néonicotinoïdes tueurs d'abeille, diminution du rôle de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) et de l'Office français de la biodiversité (OFB), recul de la protection des zones humides, empêchement pour le public de consulter les projets soumis à autorisation environnementale, déploiement de mégabassines...il a énuméré point par point les reculs et les dangers contenus dans cette loi passée en missouk grâce à l'alliance LR-RN-Renaissance.
Selon le député cette loi met encore plus en danger nos agricultrices et agriculteurs ainsi que la population en général ici à La Réunion alors que nos sols sont déjà saturés de pesticides et que le taux de cancer (du sein en particulier) est plus élevé chez nous que la moyenne nationale.
Un appel lancé aux agricultrices et agriculteurs ainsi qu'à l'ARS.
Après avoir déroulé certaines de ses propositions : lutter contre le libre-échange, orienter les subventions vers les pratiques vertueuses, généraliser les alternatives qui fonctionnent (Canecoh par exemple), prononcer un moratoire sur les produits les plus dangereux, redonner le pouvoir à l'Anses et aux scientifiques, mettre en place un plan de conversion de l'agriculture réunionnaise vers le bio et le durable...il a lancé un appel aux agriculteurs qui n'acceptent pas de se faire empoisonner de "détak la lang" afin de trouver des solutions en commun (syndicats et Chambre compris) pour protéger les agriculteurs d'abord puis la population en général. Il appelle également l'ARS à donner les chiffres des cancers et des morts chez les agriculteurs ainsi qu'à l'Office de l'eau de publier la liste des pesticides, certains interdits depuis 2003, que l'on retrouve pourtant encore dans nos sols puis dans l'eau du robinet.
Selon lui il s'agit "d'un combat pour la santé publique. Pour sauver des vies et notre biodiversité, la possibilité même de vivre sur notre île. Nous n'avons qu'une vie, qu'une île, qu'une planète."
Geneviève Payet : un recul historique
Pour la secrétaire régionale des Écologistes le projet de loi DUPLOMB "va totalement à contre-courant des objectifs planétaires visant la protection du vivant par la sauvegarde de la biodiversité." La réintroduction des néonicotinoïdes, dont la France avait formulé le retrait en 2018, ne répond en effet qu’à "une quête de profit en facilitant l’agriculture intensive et l’alimentation industrielle."
Les avis scientifiques sont pourtant formels selon elle : les pesticides sont nocifs pour la santé des humains, des oiseaux, des rongeurs...ce sont des perturbateurs neuro-endocriniens et neurotoxiques "que l’on peut même retrouver dans le liquide placentaire..."
À La Réunion elle s'appuie sur un rapport de Santé Publique France de 2019 pour dresser un constat particulièrement alarmant : notre île est le deuxième département plus gros consommateur de glyphosate en France, la baisse de rendement de notre agriculture est directement en lien avec disparition des insectes pollinisateurs, nombre de planteurs sont dangereusement exposés aux risques cancérogènes (des agriculteurs, mais aussi pour un tiers des agricultrices), on déplore un taux anormalement élevé de pathologies sévères et chroniques (respiratoires, neurologiques, endocriniennes, reproductives, néphropathiques).
Face à cette situation elle rappelle ensuite certaines des propositions de son parti : taxer les produits dangereux, sanctuariser le travail des apiculteurs.trices, supprimer la TVA sur le bio qui connaît une forte régression, encourager le financement de la recherche, déclencher une évaluation des effets du glyphosate et autres pesticides sur la santé des Réunionnais, en priorité pour le monde agricole, recenser le nombre de personnes atteintes de pathologies en lien avec leurs activités professionnelles et ayant été exposées dans ce cadre à des substances chimiques nocives, modifier l’équilibre des aides accordées notamment à travers le POSEI... en conclusion Geneviève Payet exprime "sa colère face à un recul historique en matière d'écologie".
Lilian Gasp : écologie et agriculture ne s'opposent pas
Lilian Gasp, agriculteur et citoyen, a rappelé pourquoi il a décidé de sortir des néonicotinoïdes il y a une dizaine d'années afin de "protéger sa santé, celle des autres, ainsi que la biodiversité essentielle à la vie comme à l'agriculture". En effet les abeilles sont "ses principales ouvrières" sans lesquelles il ne pourrait faire ce qu'il fait : fruits de la passion, agrumes, avocats, longanis...
Il a insisté sur la responsabilité des agricultrices et agriculteurs "gardiens de la terre" vis-à-vis de la sauvegarde de la biodiversité et de la protection de la santé du plus grand nombre. Selon lui il ne faut pas, il ne faut plus "opposer l'écologie et l'agriculture qui doivent au contraire marcher main dans la main" au service de l'intérêt général. Il relaie lui aussi l'appel du député et de sa suppléante à s'unir pour trouver des solutions concrètes.
Tiens, on ne retrouve pas les commentaires primaires des anti-Perceval Gaillard et anti-LFI!