La présentation du Livre Blanc "La Production Locale Réunion" faite en octobre 2019 à la Cité des Arts à Saint-Denis, lors du Passage du Président de La République présentait ce que "les interprofessions et les représentants des filières réunionnaises de l'agriculture et de la pêche, aux côtés de l'Association pour le Développement Industriel de La Réunion, apportent collectivement au territoire. Ce livre blanc, réaffirme l'ambition et l'engagement des filières au service de La Réunion, en présentant les enjeux et les impacts de la production réunionnaise et justifie donc la raison d'être de la production locale et la nécessité de la préserver. (Photo rb/www.ipreunion.com)
En effet, La Réunion a une production locale forte basée sur la complémentarité des filières et la recherche du développement de la substitution à l’import.
En effet, La Réunion aujourd’hui c’est 37% de la production agricole des DOM, 60% de l’industrie agro-alimentaire.
Nos filières représentent plus de 75% de la valeur des exportations de notre île, 40 0000 emplois, soit près de 30% des emplois marchands.
Le choix politique de notre territoire repose dans ce cadre sur le maintien et le soutien à des structures de petite taille et les filières réunionnaises ont déjà fait le choix de conquérir des niches sur des produits d’excellence, de travailler sur la qualité et la montée en gamme.
Ce livre blanc indique entre autres que les filières réunionnaises “partagent les objectifs fixés à l’agriculture nationale, qui est d’aller vers le maximum d’organisation en filières solides. Ces filières contribuent à l’aménagement du territoire, travaillent en synergies et en complémentarités et au service du développement durable. Elles partagent aussi l’objectif spécifique fixé pour l’agriculture des DOM, qui est de produire davantage pour nourrir la population réunionnaise”.
Par ailleurs, l'industrie agroalimentaire réunionnaise est le premier secteur industriel de l'île, avec 38% du chiffre d'affaires et 32% des emplois. Elle est à l'origine des deux premiers postes à l'export de l'île : le sucre (n°1) avec 70 millions d'euros en 2011 et les produits de la pêche (n°2) avec 65 millions d'euros. La part de l'agriculture et de l'agroalimentaire dans le PIB de La Réunion (3%) est comparable au niveau national (3,4% en 2007).
Dans l’Agriculture et l’élevage réunionnais, alors que le travail demeure essentiellement familial, les quinquagénaires s'imposent désormais aux postes de chefs d'exploitation, mais la population active agricole se renouvelle plus difficilement, la tranche d'âge des moins de 40 ans ne représente plus que 22% des chefs d'exploitation alors qu'ils étaient 38% en 2000.
Avec la décision de la Haute Autorité de la Concurrence, en faveur du Groupe HAYOT, c’est la destruction des politiques publiques engagées à La Réunion depuis plus de trente années et des efforts de toutes nos petites et moyennes exploitations agricoles réunionnaises qui s’annonce et ce, malgré les engagements du groupe.
Cette décision d’accorder via un communiqué de presse le 26 mai 2020 au groupe GBH l’autorisation d’acquérir les actifs de Vindemia est scandaleuse et humiliante pour les réunionnais. Même si cette décision ne nous surprend pas, au regard de la gestion opaque et manifestement partisane dans ce dossier, nous ne pouvions pas imaginer une instance dite indépendante traiter une affaire d’une telle importance avec autant de mépris et de désinvolture.
Par cette décision, l’ADLC autorise un groupe à détenir sur La Réunion, 40% de parts de marché dans le domaine alimentaire et 60% dans le secteur élargi à de nombreux secteurs de consommation courante. Avec le groupe Leclerc, c’est à terme, 70% des parts de marché alimentaire qui seront détenus par deux entités.
Par cette décision, l’ADLC légitime une position dominante d’un groupe dans le domaine de la distribution ; ce qui est contraire au Droit de la concurrence en France.
Par cette décision, l’ADLC laisse toute possibilité au groupe GBH dès l’opération terminée le soin de peser sur la politique des prix et de les augmenter comme il l’a fait aux Antilles.
Par cette décision, l’ADLC compromet à terme toute stratégie réunionnaise de production locale dans les domaines de l’agriculture de diversification et de la transformation notamment.
Par cette décision, l’ADLC rejoint toutes les stratégies visant à placer notre territoire réunionnais dans une position de dépendance et d’esclavage économique sous la domination de groupes locaux ou extérieurs.
Monsieur le ministre de l’Economie et des Finances n’a exercé le passage en phase 2 permettant l’approfondissement du dossier. Monsieur le Président de la République n’a pas encore cru bon d’user de son "droit d’évocation".
Il nous reste donc un dernier recours : dès la décision officiellement notifiée sur le site de l’ADLC, saisir la justice et porter ce dossier auprès du Conseil d’Etat pour que celui-ci dise le droit.
Cette lettre ouverte est un appel à tous pour rentrer en résistance, afin que cette guerre ne soit pas gagnée par les Monopoles de la grande distribution mais par tous les réunionnais qui doit veiller à préserver l’avenir de leurs enfants, sur leur terre réunionnaise.
ADECALOM : Association contre la Domination Économique et pour la défense des Citoyens Attachés aux Libertés Outre-Mer
Quid des positions dominantes tenus par quelques groupes réunionnais ? On se tait ? Pourquoi ? Tous égaux devant les fourches de l'ADECALOM ?
On dirait que ce qui gêne n'est pas qu'il y ait une domination du marché, mais que cette domination vienne de l'extérieur de la Réunion....Pensez vous qu'une domination de la grande distribution par un groupe non réunionnais serait marqué par une plus grande bienveillance vis à vis des consommateurs et producteurs réunionnais ? J'en doute, ces gens la ne font pas dans le social, comme on dit...