Tribune libre

Classement des universités : l'UNEF dénonce une hypocrisie

  • Publié le 22 septembre 2014 à 10:49
UNEF

Le vendredi 19 septembre 2014, le journal Le Monde a publié le classement des universités françaises selon leur taux de réussite. Ce classement, effectué par le secrétariat d'Etat à l'Enseignement supérieur et à la recherche, est basé sur trois critères : le taux de réussite des étudiants en fin de première année de licence pour l'année 2012-2013, le pourcentage des étudiants quittant l'université en fin de première année et ce que le secrétariat d'Etat appelle "la valeur ajoutée" de l'établissement en 2012. Ainsi, le résultat nous montre une université de La Réunion à la 74ème place du classement soit dans les derniers comme beaucoup des universités d'Outre-mer.

L'UNEF Réunion tient à relativiser ce classement puisqu'un certain nombre d'éléments extérieurs ne sont pas absolument pas pris en considération. Tout d'abord, compte tenu de l'offre de formation restreinte sur l'académie et de la difficulté pour un étudiant réunionnais à être mobile par rapport à un étudiant métropolitain, un grand nombre d'étudiants réunionnais s'inscrivent dans une filière qui ne correspond pas forcément à leur projet professionnel ou à leurs compétences.

En conséquence plusieurs étudiants " décrochent " plus ou moins tôt dans l'année et ne viennent plus en cours tout en étant toujours inscrits à l'université (donc sont comptés comme participant aux épreuves et bien souvent échouent) et viennent donc grossir le taux d'échec en L1. Cela implique que les taux de réussite baissent inévitablement puisqu'on prend en compte dans le calcul des étudiants qui ne sont même plus en cours.

Dès lors, l’approche de la réussite estudiantine mérite à notre sens d’être précisée en distinguant le taux d’échec en L1 et le taux de réussite passé le cap de la L1. Les taux moyens de réussite en L2 et L3 sur l’établissement sont parfaitement conformes à la moyenne nationale. Cette analyse explique l’intérêt d’une concentration des efforts d’aide à la réussite sur la première année, plus encore que dans n’importe quelle université.

Quant à " la valeur ajoutée " de l'établissement, l'UNEF Réunion tient à dénoncer là une hypocrisie de la part du gouvernement puisque celui-ci demande à l'université de La Réunion de faire plus avec moins de moyens. En effet, comment peut-on attendre d’un établissement qu'il investisse dans de nouveaux dispositifs lorsque le budget qui lui est attribué n'est pas suffisant pour financer ce qui existe déjà ? Pour tenter de répondre au besoin d’accompagnement des nouveaux étudiants, différents dispositifs ont vu le jour sous le format de diplômes universitaires (CADEG, PESSIP, CPES-STAPS, CPESIP). Ces dispositifs qui existent au sein des composantes présentent tous l’avantage de répondre aux attentes précises du public de telle ou telle filière.

L'UNEF Réunion tient donc à relativiser ce résultat qui malgré tout n'est pas objectif et à dire que si le gouvernement évalue l'université de La Réunion comme toute autre université française, celui-ci ne doit pas oublier les spécificités de notre établissement. L'UNEF Réunion exige donc que le gouvernement prenne en compte les surcoûts liés à l'éloignement dans l'enveloppe allouée comme budget à l'université de La Réunion mais surtout que la compensation financière des boursiers devienne effective car nous le rappelons : 56 % d'étudiants réunionnais sont boursiers et ne paient aucun droit d'inscription à l'université de La Réunion. Ceci implique un manque à gagner plus important que dans les universités métropolitaines et cela pèse de manière importante sur le budget de l'établissement.

Les classements abrupts sur des critères choisis arbitrairement font résolument peu de cas de l'implication des personnels de l'université de La Réunion et des efforts des étudiants. Les dispositifs d'accompagnement existent et ne demandent qu'à être pérennisés et accompagnés en terme de moyens. Les projets de nouvelles filières qui font cruellement défaut pour garantir la poursuite d'études des bacheliers technologiques et professionnels sont prêts et ne demandent qu'à être soutenus. La balle est dans le camp du ministère.

Helno Eyriey, président de l'UNEF Réunion

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