Tribune libre de Marie Claude Barbin

Grenelle. Bouts de chandelle, et perles !

  • Publié le 6 septembre 2019 à 09:11
  • Actualisé le 6 septembre 2019 à 09:13

On l'attendait ce Grenelle. Il vient à peine de commencer, et déjà quelques couacs. Des associations (non des moindres), qui portent à bout de bras au quotidien, des victimes de violences conjugales en grave danger, n'ont pas été invitées. Citons : " Mémoire Traumatique et victimologie" dont la présidente, Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste en psychotraumatisme, formatrice de médecins, policiers, magistrats... auditionnée régulièrement pour son expertise. Parmi les blacklistées comme on dit sur Twitter, on retrouve " Collectif national pour les droits des femmes ", " Osez le féminisme. Abandon de famille. Tolérance zéro ", et bien d'autres. Un point commun : avoir dénoncé les failles de la loi dite " Schiappa " qui ne fixe pas un seuil d'âge de non consentement pour les enfants victimes de viol. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Le gouvernement propose des audits, des évaluations, des diagnostics : un grand débat (bis) sur trois mois ; tandis que des propositions concrètes ont été mises sur la table depuis longtemps par des associations. "Les textes de loi existent, mais ils ne sont pas appliqués ", selon L’ancien Procureur de Douai : Luc Frémiot.

La création de 1000 places d’hébergement d’urgence se fera à partir de 2020. L’urgence peut attendre, vu le nombre croissant de féminicides ? Quant à l’inscription du terme " féminicide " dans le Code Pénal, les juristes s’y opposent. Inutile selon eux, de nommer les choses par leur nom.

Le 3919 dédié à l’écoute des victimes, tel qu’il est énoncé dans la pub, prête à confusion avec le 15 ou le 17 (numéros d’urgence). Le 3919, à l’initiative de la fondation Solidarité Femmes, fonctionne depuis 12 ans. Il ne vient pas d’être lancé.

Concernant le téléphone " grave danger ", qui paraît-il, dort dans des tiroirs par centaines, car distribué au compte-gouttes, une association propose de créer une application spécifique sur les téléphones portables.

Concernant l’ordonnance de protection. Allez dire à une femme en danger de mort, qu’il va falloir attendre au minimum quinze jours pour la mettre à l’abri !

L’autorité parentale sera " aménagée ". Son retrait jugé " trop radical ". Quand on sait que droit de visite et garde partagée sont souvent le terreau de violences envers les enfants pris en otage dans un conflit de loyauté traumatisant (papa ou maman). L’autorité parentale sera " suspendue de plein droit, en cas d’homicide volontaire par conjoint ". Là, on reste sans voix. Il faut attendre que la mère soit morte. Le problème sera résolu, de fait.

Au sujet de la main courante qui ne fait que courir sans s’arrêter nulle part, certains acteurs de terrain, dont l’ancien Procureur de Douai, réclame sa suppression.

Le Point titre : " Notre justice est encore patriarcale". On l’avait remarqué dans l’application des peines (simple rappel à la loi, sursis, classé sans suite ...).

Marlène Schiappa sur BFMTV donne sa définition du bon père : " Quand un homme frappe sa femme devant ses enfants, ce n’est pas un bon père ". Ce n’est pas comme s’il la frappait quand les enfants sont à l’école ! Le premier ministre parle de " celles qui souhaitent partir... ". Ont-elles vraiment le choix ... sans aides ? L’éviction du conjoint violent est passée sous silence. Pas un mot sur le travail de reconstruction des victimes.

L’Espagne, en dépit de ses difficultés économiques, a une longueur d’avance dans le traitement des violences conjugales : tribunal spécialisé (la France n’est pas emballée), bracelets électroniques, téléphone d’urgence ... Budget : 1milliard d’euros.

Marlène Schiappa (BFMTV) explique qu’il n’y a pas " d’argent magique " pour contrer les violences faites aux femmes. La messe est dite ! Contentez-vous de bouts de chandelle.

Gageons qu’après les défaillances constatées en direct par Emmanuel Macron, lors de sa visite à la plateforme 3919, les services police-gendarmerie seront mieux formés dans le recueil des dépôts de plainte, l’accompagnement des victimes ! Un premier pas.

Marie Claude Barbin

 

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