Ces lundi 7 avril et mardi 8 avril 2025, la Réunion a le grand honneur de recevoir la XXIXème conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques sous la présidence tournante de Huguette Bello, présidente de la région Réunion. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
Ce moment de dialogue entre les neuf territoires concernés – La Réunion, Mayotte, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Martin, Les Açores, Madère, Les Canaries – et les institutions européennes est un moment clé pour aborder les enjeux auxquels sont confrontés ces territoires.
Pour la Réunion, c’est d’abord une occasion d’échanger son expérience et son savoir-faire avec ceux des territoires insulaires ultrapériphériques européens.
C’est ensuite l’occasion d’attirer l’attention de l’Union Européenne sur la spécificité des défis environnementaux, économiques et sociaux de notre territoire afin qu’elle prenne la mesure des moyens à mettre en œuvre au plus tôt.
Notre agriculture et notre survie alimentaire font partie de ces grands défis. La Déclaration Commune officiellement de ce lundi 7 avril a le mérite d’afficher clairement le combat des RUP contre toute tentative de faire disparaître les acquis durement gagnés auprès des institutions européennes depuis 1978.
Mais il s’agit encore d’un texte très politique et général qui ne spécificie pas dans le concret les termes de la coopération européenne dans nos territoires. Or pour Place Publique, l’appel doit être clairement entendu par Bruxelles et Strasbourg, et par chacun des 27.
Alors que la Réunion importe 67 % de son alimentation et 54 % des aliments pour son bétail, l'Union européenne dispose d'outils stratégiques pour transformer ce modèle de dépendance en un vrai système multilatéral d’échange de biens et de savoir-faire.
D’après Place Publique, le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), doté de 260 millions d'euros pour l'île entre 2023 et 2027, doit devenir l'épine dorsale d'une transition agroécologique structurante.
Nous voulons une révision profonde des critères d'attribution des subventions. Actuellement, 87 % des surfaces agricoles sont dédiées à la canne à sucre, culture historiquement subventionnée mais peu nutritive.
Une réorientation des fonds FEDER vers la diversification agricole semble inéluctable.
Il est essentiel que l'Union Européenne contribue au développement des filières courtes via le financement de plateformes logistiques intercommunales ou de bassin agricole, pour regrouper la production des 6.000 exploitations réunionnaises, réduisant les coûts de transport et en contournant les monopoles de la grande distribution responsables de 45 % des surcoûts.
Il a été rappelé l’importance du programme INTERREG VI Océan Indien, car le développement écologique et économique de notre île passe par la création d’un marché régional intégré. Mais cela ne doit pas rester un vœu pieux.
La XXIXème conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques pourrait être une opportunité de donner à la Réunion un statut européen de leadership agroécologique avec un ambition majeure de contribuer à redonner à notre agriculture ses lettres de noblesse et la fierté de contribuer à notre autosuffisance alimentaire, à lutter contre la vie chère et le chômage et à participer à la transition écologie et climatique de notre territoire.
Permettre aux jeunes agriculteurs et agricultrices de s'installer, par des démarches vertueuses, afin de disposer d’un juste revenu et des conditions de valorisation de leur travail, réduirait également la part importante de friches agricoles.
Ce, d’autant plus si les collectivités avec l’appui de l’Europe s’investissent dans une stratégie foncière plus ciblée.
Pour Place Publique Réunion, notre île a tous les atouts pour devenir un territoire moteur du Pacte Vert européen, combinées à une réforme du POSEI, incluant des objectifs de diversification contraignants, notre île pourrait atteindre 75 % d'autosuffisance alimentaire d'ici 2035.
L'enjeu dépasse La Réunion. Il s'agit, pour l'Europe, d’impulser un modèle vertueux et démonstratif de résilience alimentaire applicable aux 9 régions ultrapériphériques de l'UE mais dont les enseignements pourraient enrichir les stratégies agricoles et alimentaires de l’Europe dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe.
L’équipe Place Publique Réunion