Dans cette tribune adressée aux décideurs publics et aux acteurs de la jeunesse, Guillaume Jeu, directeur général d’Apprentis d’Auteuil Océan Indien, appelle à une mobilisation collective pour renforcer l’accompagnement éducatif et social des jeunes. L’objectif : leur offrir de réelles perspectives et prévenir durablement les violences de bandes (Photo : sly/www.imazpress.com)
Prévenir les violences de demain en éduquant aujourd’hui
Face à la montée des violences urbaines à La Réunion, les réponses se multiplient, principalement centrées sur le renforcement des dispositifs sécuritaires. Si la nécessité de garantir la sécurité de tous est indiscutable, une seule jambe – celle de la répression – ne peut pas faire avancer durablement notre société. Pour tenir debout, il faut aussi une jambe sociale, celle de l’accompagnement éducatif et de l’insertion. À Apprentis d’Auteuil Océan Indien, nous en faisons le constat quotidien : la prévention et la reconstruction des liens sociaux sont indispensables pour éviter que des jeunes en difficulté ne basculent dans la violence.
Une approche globale pour un problème complexe
Les violences de bandes que nous observons ne sont pas le fruit du hasard. Elles trouvent souvent leurs racines dans des parcours de vie marqués par la précarité, la rupture familialeet l’échec scolaire. Derrière chaque jeune impliqué dans ces phénomènes, il y a une histoire, des vulnérabilités et, surtout, un potentiel inexploité.
Depuis des années, nous œuvrons auprès des jeunes et des familles les plus fragiles, à travers notre Maison d’Enfants à Caractère Social, nos Maisons des Familles, nos dispositifs d’insertion ou encore notre lycée professionnel. Nous avons appris une chose essentielle : la première demande de ces jeunes n’est pas d’être sanctionnés, mais d’être écoutés et accompagnés. Leur redonner confiance, leur offrir un cadre structurant, les aider à se projeter dans un avenir possible : voilà ce qui permet de prévenir les comportements déviants.
Construire ensemble des solutions durables
Nous en appelons donc à une mobilisation collective. Les réponses strictement sécuritaires, si elles sont nécessaires, ne suffiront pas. Il est impératif d’associer les acteurs de terrain – associations, travailleurs sociaux, éducateurs – à la réflexion et aux décisions. Une approche intégrant l’éducation, l’insertion et la prévention est la seule voie durable pour enrayer ce phénomène.
Notre appel est simple : ne laissons pas ces jeunes s’enfoncer dans un cycle de violence et de précarité. Travaillons ensemble pour leur offrir d’autres perspectives, pour bâtir une société où chacun trouve sa place. Loin des amalgames et des solutions de court terme, c’est dans l’engagement collectif que réside la véritable réponse aux violences de bandes.