Tribune libre du Comité Solidarité Chagos

"Le cauchemar et les souffrances des Chagossiens doivent prendre fin"

  • Publié le 28 septembre 2019 à 18:07

Il apparaît évident que les deux dates du 25 février 2019 et du 22 mai 2019 ouvrent un espace nouveau au développement et à l'extension de la lutte des Chagossiens pour retourner s'installer aux Chagos. Rappel : le 25 février, la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye actait que la Grande Bretagne est appelée à mettre fin à l'administration de l'archipel dans les plus brefs délais, à restaurer l'autorité mauricienne sur les Chagos aussitôt que possible et à permettre le retour dans leurs îles des Chagossiens.

Le 22 mai, la résolution de l'assemblée générale de l'ONU validait à une écrasante majorité cet Avis de la CIJ et mettait en œuvre son application, donnant un délai de 6 mois à la Grande-Bretagne pour régulariser la situation quant à la souveraineté de Maurice sur l'archipel et pour enfin ouvrir la porte au retour des Chagossiens.

Ces deux événements ont fait de la cause chagossienne un combat international pour la Justice et le respect des Droits humains. La pression sur la Grande-Bretagne se renforce de jour en jour, les voix qui s'élèvent résonnent avec de plus en plus d'autorité, comme l'atteste en particulier le pape François qui disaitt le 11 septembre dernier, dans l'avion le ramenant d'Antanarivo à Rome : "Lorsque nous reconnaissons les organisations internationales ainsi que leur capacité à donner un jugement, par exemple, le tribunal international de la Haye ou les Nations unies, notre devoir est d’obéir lorsqu’elles rendent leur jugement".

Rappelons que loin d'être un différend entre deux Etats (en l'occurrence le Royaume-Uni et Maurice), le "dossier chagossien" relève d'une violation du droit international et qu'il a été défendu à La Haye par un grand nombre de pays, dont collectivement ceux de l'Union africaine.

Ce qui est en train de se renforcer en parallèle, c'est la pression qui s'exerce de l'intérieur en Grande-Bretagne, comme si l'opinion publique saisissait de mieux en mieux le caractère révoltant et scandaleux (le "caractère obscène" disent certains intervenants) de l'aveuglement féroce de leur  gouvernement. Un signe qui ne trompe pas, par exemple, c'est le revirement opéré par la Haute Cour de Londres face à l'appel interjeté par les Chagossiens contre le refus des autorités britanniques de leur permettre de retourner dans leurs îles natales. Le 8 février dernier, c'était un "non" brutal et arrogant.

Le 16 juillet, l’autorisation a été accordée par la cour d’appel. Olivier Bancoult et les Chagossiens peuvent désormais faire appel du jugement de la Haute Cour de Londres. Entre ces deux dates, l'Avis de la Cour internationale de Justice est passé par là, ouvrant la voie à un nouveau combat judiciaire.

Un discours qui a frappé les esprits

Le fait le plus récent illustrant cette montée des prises de conscience a été l'invitation adressée à Olivier Bancoult par  le leader de l’opposition britannique, Jeremy Corbin, pour qu'il prenne  la parole lors de la conférence nationale du Parti travailliste britannique, le mardi 24 septembre, à Brighton en Angleterre. Le discours d'Olivier Bancoult a frappé les esprits. Après avoir fait l’historique de l’excision de l’archipel du territoire mauricien, en 1965, des actions illégales pour lesquelles le gouvernement britannique est condamné par la Cour de la Haye, il a évoqué avec force les souffrances des Chagossiens.

" Nous avons été déracinés, nos chiens gazés, des familles détruites d’une façon inhumaine par une nation qui se dit le champion des droits humains. Nous vivions des vies simples et heureuses sur nos îles ". Il a ensuite évoqué les difficultés financières que rencontrent toujours les natifs ou descendants des Chagos. Il a remercié Jeremy Corbyn pour le soutien indéfectible du Labour Party britannique à la lutte chagossienne.

"Le calvaire de tout un peuple a commencé avec un gouvernement anglais travailliste. Je suis confiant que le prochain gouvernement avec Jeremy Corbin comme Premier ministre s’assurera que nous ayons un droit de retour et que nous soyons dûment compensés pour ces années de souffrance ", a conclu Olivier Bancoult, sous les applaudissements de l'immense salle de la conférence des travaillistes.

Nous allons continuer à suivre de près l'évolution de la situation, qui promet de s'accélérer dans les prochaines semaines. Nous ne manquerons pas de tenir informés nos ami(e)s du Comité Solidarité Chagos La  Réunion.

Georges Gauvin, président du C.S.C.R.
Alain Dreneau, secrétaire

 

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