Ces derniers jours ont révélé la vraie situation et l'extrême fragilité des personnes âgées qui résident dans les EHPAD. Cette situation est celle de la maltraitance ordinaire , du scandale humanitaire qui sont peu connus du grand public. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)
Le COVID 19 agit à ce titre comme un révélateur de ces situations de grande détresse, où les malades, pour la plupart abandonnés de leurs proches, sont totalement livrés à une institution qui est le scandale de la France, celui de la Réunion, celui de tous les responsables en exercice.
Notons dans un même temps que le personnel soignant exerce sans masque, sans test de dépistage, sans matériel (du moins dans les premières semaines de confinement).
Pire à ce jour : dans la majorité des cas, les repas eux-mêmes sont désormais pris dans les chambres, ce qui prive de ce fait les résidents de contact avec les autres pensionnaires.
Ce faisant, c’est à des formes de grande dépression et de dépérissement, tant psychologique que physique, que l’on expose ces personnes, déjà privées depuis plus de deux semaines des visites de leurs proches, qui restent souvent le seul lien qui les relie à leur passé, à leur identité, à un geste d'humanité .
Le plus grave concerne les résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou d'une forme de sénilité voisine.
Etre atteint d'Alzheimer et grabataire (paralysie) aujourd'hui en EHPAD est synonyme dans ce contexte d'abandon et souvent de maltraitance. Puisque privés des visites familiales qui, au delà de retarder la dégradation des processus cognitifs, et par conséquent la dégénérescence, aidaient à leur quotidien bouleversant, dont voici l'envers du tableau:
- manque de personnel, 3 pour une trentaine de malades
- gestion catastrophique de ce même personnel : des remplaçants pour le week-end alors que les malades sont en pleine décompensation
- des contrats précaires sans une véritable évaluation du personnel.
Un personnel souvent en détresse lorsque la précaution sanitaire voudrait que l'on tienne les malades d’Alzheimer encore valides enfermés – comme d’autres types de résidents – dans leur chambre pour leur interdire toute déambulation, ou accepter que leur liberté de mouvements soient cadrés, anticipés … par quels moyens ?
On peut imaginer le pire, des malades enfermés, sous sédatifs, sous contrainte physique ?
Entre la protection collective et le respect des malades, la loi des EHPAD que je vois au quotidien à l'œuvre, est celle du déni de la dignité, de l'oubli violent des hommes et des femmes (nos parents) qui leur sont confiés, vulnérables et tremblants comme des enfants.
Continuons la visite :
- personnel manquant, matériel manquant, vieillesse à l'agonie.
La tristesse est palpable, les corps et les cœurs sont meurtris, les visages résignés et certains regards déjà ailleurs... des regards qui pleurent, des regards qui quémandent.
C'est la routine d’une journée ordinaire en EHPAD entre l'insuffisance des soins, d'accompagnement, l'absence d'attentions et de bienveillance pour atteindre des objectifs de rentabilité et de gros sous, dans une précarité organisée dans ces constats :
- absence de relation avec les familles
- absence de procédure de signalement des incidents.
- absence totale d'harmonisation entre le personnel et l'administration
- une couche par malade dans les mauvais jours... des soins bâclés ...
- une toilette réduite, au lieu du chariot douche prévu au moins une fois semaine
- des menus au plus bas coût : collation à 4h, un verre d'eau gélifié parfois aromatisé (sirop), un Clinutren
- repas du même bas de gamme donné à la hâte, par un personnel stressé, ayant pour certains perdus leur humanité... les restes de nourriture restent souvent sur les visages des malades, on retrouve les mêmes pâtés sur les fauteuils roulants. La bonté et l'intimité de ce geste : nourrir, se réduit à en finir, sans l'accompagnent d'un regard et la tendresse attendue pour ceux qui ne peuvent plus demander
- la dénutrition est sévère, ceux qui ne mangent pas assez vite, ne sont pas re -sollicités
- la salle à manger est vide d'espoir, à l'image des repas gris et fades
- les résidents ayant mangé vont attendre, les corps affaissés, les membres douloureux que l'équipe restreinte les ramène en chambre... là encore, attentes sans mot, sans un geste sur l'épaule, pour la mise au lit dans des pratiques parfois irrecevables... alors que nous sommes dans un contexte d'accueil de personnes âgées et dépendantes.
C'est le scandale quotidien de la loi du profit au mépris du droit au service public, du droit à la dignité, pourtant punaisé sur un mur oublié dans une chartre qui ne préserve personne tant elle est bafouée... par le gâchis de toutes ses vies désorientées, trébuchantes, en survie, à pleurer.
Maintes fois, en m'occupant de ma mère (tous les jours), j'ai aidé Léon à tenir debout jusqu'à la salle à manger, j'ai consolé Germaine qui hurle sans s'arrêter "madame siouplait Madame " dans sa solitude, j'ai donné à boire à Mireille, affaissée sur un coin du lit, toujours dans la même position, en attendant qu'un personnel fasse ce geste.
J'ai accompagné, Auguste désorienté dans le couloir vers sa chambre, je vois en même temps Monsieur Théo se hisser mètre par mètre, aux barres d'appui du couloir pour se déplacer. Yvonne, dont les vêtements sont de travers, attend aux portes de l'ascenseur que son fils vienne la chercher.
Que dire de l'hygiène bâclée où l'on retrouve après les changes, des selles sur les bordures du lit. Les ongles noirs de nos parents qui ont tenté d'arracher une couche trop pleine.
Nos cœurs sont lourds en franchissant la porte de la chambre. La culpabilité (la notre), la souffrance, et l'abandon, sont les compagnons de vie de ma mère, de nos mères, dans une odeur de négligence et de mauvais soins.
Les portes de ces EHPAD se sont aujourd'hui refermées, avec nos malades dépendants, sans transmission de l'organisation prévue des soins dans cette urgence sanitaire.
Des tests pour les malades ? Le personnel soignant ?
Nous exigeons des réponses de ceux qui assurent la sécurité des personnes (le préfet , l'ARS , les administrateurs de ces établissements).
Pour finir le coût d'un placement en EPHAD : 3200 euros (financés en partie par le Département).
C'est le prix de vies gâchées, malmenées, bouleversantes pour ceux et celles qui finissent dans ces lieux, leur dernier voyage.
À ma mère Mélanie,
Shantal Hoarau
Quand on retrouve toujours les mêmes à tous les conseils d'administration.
En plus clair copains coquins .
A quand une meilleure transparence sur les comptes et les embauches.
Nos aînés et nous bientôt, sommes les tire-lires de ces bien pensant donneurs de leçons. Malheureusement, je désespère de voir les choses changer un jour. A quand des Vrais Audits accessibles aux familles concernées.
manque de personnel Normal avec nos impots les élus embauche d' abord des gros salaires a titre ronflant chef de cabinet avec son sous chef ! directeur des services avec son cabinet au grand complet souvent la madame du premier qui lui a la madame du deuxièmele chef des platanes avec son secrétariat pour écrire un platane penche (FERNAND RAYNAUD )
Témoignage bouleversant au sujet du sort de nos aînés et du manque de considération criant envers ces structures d'accueil sous alimentés. Il est urgent d'agir. Mais comment ?
Le même constat vaut pour les établissements d'accueil pour handicapés, strictement le même. Il serait bien que les journalistes enquêtent dans ces établissements.
mes larmes coulent en lisant cet article ...merci
Merci pour cet article, car il reflète vraiment la triste vérité. Mais qui s'en inquiète ? nos élus et toutes les personnes responsables, soit disant, s'en fichent complètement. Et le scandale continuera sans doute encore très longtemps. Quel beau pays que le notre !