Tribune libre du Parti de Gauche

Le scandale CILAM, le silence des élus et l'indécence du MEDEF

  • Publié le 3 juillet 2014 à 16:06
Cilam

D'un côté les " grands " actionnaires et dirigeants d'entreprises qui n'ont plus honte, se permettent tout, même des pleurnicheries quand leurs poches se remplissent ... pas assez apparemment. De l'autre les travailleurs aux salaires pressurés et à la dignité bafouée. Au milieu le silence assourdissant des élus : manque de courage ou approbation de la situation ? Les deux.

Cette semaine, Yann de Prince, président du MEDEF Réunion, rabâchait encore le prétendu manque d’attractivité fiscale de notre île. Peut-être n’est-il toujours pas au courant des innombrables lois d’exonérations de cotisations sociales et de défiscalisation de toutes sortes qui existent à la Réunion depuis des dizaines d’années. Je lui conseille de changer de comptable et lui propose une expertise indépendante comme à la CILAM …

… Cette seule entreprise a reçu en trois ans 23 millions d’euros d’aides par l’Europe, l’Etat et la Région. La contrepartie ? Aucune. Pensez-vous, nous n’avons pas à nous immiscer dans la gestion des entreprises, même s’il s’agit de notre argent. Sa rentabilité est à 10.5 % ! Pour le peuple, la rémunération du livret A est à 1.25%, pour peu qu’il arrive à épargner un petit capital. Un grand groupe industriel morcelé en petites ou moyennes unités pour être éligible à tous les avantages fiscaux et pour casser la solidarité des travailleurs. Des salariés payés 20% de moins qu’ailleurs dans le secteur. " Mais imaginez-vous, si nous leur tendons la main, ils nous prendront le bras ", doivent-ils penser, par mépris des classes populaires. Un dumping social au seul bénéfice des actionnaires et quelques dirigeants. Non, les travailleurs réclament juste des salaires décents et mérités au vu de leurs efforts. Et les éleveurs la juste rémunération de leur production.     Un salaire au mérite et une répartition des richesses pour toutes les parties prenantes, dans l’intérêt général … l’intérêt quoi ? D’ailleurs, où sont les élus, les représentants du peuple … les représentants de qui ? Où sont Didier Robert, Michel Fontaine, Jean-Jacques Vlody ? L’utilisation de plusieurs millions d’argent public ne les intéresse apparemment pas.

Il est grand temps de réformer tous ces avantages acquis, cet assistanat fiscal, cette corporation de " grands " dirigeants et actionnaires, ces statuts spéciaux. Les inégalités se creusent de manière vertigineuse, même entre les entreprises. Selon l'Insee, elles ont atteint en 2011 leur plus haut niveau enregistré depuis 1996. L'année a été exceptionnellement faste pour les hauts revenus, tandis que la pauvreté a touché 8,7 millions de personnes, un niveau historique. Les priorités retenues par François Hollande risquent d'aggraver encore plus ces fractures sociales. Et l’attitude irresponsable du MEDEF en cette période d’injustice flagrante doit être dénoncée. Selon Yann de Prince, il compte par exemple calculer le montant de taxes que ces bons seigneurs sont disposés à laisser à la collectivité. Ben voyons. J’ai le pressentiment que le taux ne sera pas très élevé.

Parmi les solutions pour libérer les entreprises de la rapacité des actionnaires, limiter les rémunérations indécentes de certains dirigeants et garantir l’efficacité de la dépense publique, il est indispensable d’instaurer un seuil de rentabilité actionnariale, une réelle progressivité de l’imposition des entreprises, un ratio maximum de rémunération entre le plus bas salaire et le plus haut, permettre la reconnaissance de l’unité économique et sociale pour les grands groupes, ou encore attribuer les aides publiques aux entreprises sur la base de critères sociaux (en matière d’emploi et de salaires) et écologiques. Seule une politique de relance de l’investissement et de la consommation écologiquement et socialement responsables pourra réamorcer la confiance, le crédit et l’activité économique. La hausse des salaires et la titularisation des contrats précaires, à la CILAM comme ailleurs, en constituent des outils indispensables.

Etienne Phalip, militant au Parti de Gauche

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