Courrier des lecteurs

Les banksters et la République

  • Publié le 11 février 2013 à 17:05

Refonder la République ! Vaste entreprise ! Certains, comme le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, appellent de leurs voeux à une "refondation de la République par l'école". Pour d'autres, cette refondation passe par une modernisation de la vie politique et par une loi limitant le cumul des mandats. Mais peu de responsables et d'observateurs pointent du doigt le phénomène de financiarisation de l'économie, véritable cancer de notre pays.

Il importe de ne pas confondre l’économie véritable, productrice de richesses pour l’ensemble de la nation et pourvoyeuse d’emplois, et la finance – celle que dénonçait, à juste titre, le candidat Hollande au cours du meeting du Bourget, le 22 janvier 2012. La finance qui a oublié qu’elle était au service du bien commun. La finance qui est devenue cupide et ne pense qu’au rendement financier à deux chiffres. La finance qui détruit l’économie réelle : les PME, l’emploi, le juste profit lié à la valeur ajoutée créée…

Car, nous ne nous y trompons pas, cette économie de casino ruine non seulement les fondements économiques de notre société, mais elle sape aussi ses bases politiques.

Aujourd’hui qui ne se soucie de tordre le bras aux "banksters" pour qui tout continue comme avant ?

Le Projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires n’est pas à la hauteur de la situation, ni des dangers qui menacent la cohésion sociale et ne remet nullement la finance au service de l’économie réelle.

Mais tous les gouvernants ne font pas preuve de la même timidité. Dès le 19 décembre 2011, un gouvernement européen lançait une réforme en profondeur du secteur bancaire visant à séparer les activités de détail des banques et celles d’investissement. Il s’agissait pour ce gouvernement d’éviter la répétition du scénario cauchemar de 2008. Cette année-là, l’Etat avait dû intervenir à grands frais pour éviter la faillite de certains établissements, devenant même actionnaire à 83% de l’une des plus grandes banques du pays.

Ce gouvernement qui a décidé de prendre le taureau par les cornes est celui de David Cameron.

Le 6 février 2013, le conseil des ministres d’un autre gouvernement européen a annoncé un projet de loi sur la séparation des activités bancaires. Outre ce premier aspect, la loi prévoit aussi de renforcer la responsabilité pénale des dirigeants, de banques ou d’assurances, qui auraient pris délibérément des risques inconsidérés ayant entrainé des pertes. Ils risqueront, si la loi est votée, jusqu’à cinq ans de prison. Ce même gouvernement étudie un projet de plafonnement des rémunérations des dirigeants des grandes entreprises. Le pays dont il est question est l’Allemagne de Mme Angela Merkel.

Tout cela pour dire que la cohésion de la nation doit être l’objectif premier de tout dirigeant politique. Or laisser la finance prospérer de manière indécente au détriment de l’économie nationale, et donc des citoyens, "c’est pire qu’un crime, c’est 1 faute".

La juste rétribution que doit recevoir tout travail, le juste profit que mérite toute entreprise innovante, créatrice d’emplois et de richesses, sont, au même titre que les autres valeurs qui fondent notre République, les socles de la société que nous défendons.

Pourquoi ce qui est possible en Grande-Bretagne et en Allemagne ne le serait-il pas en France ?

L'association Res Publica 974

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