Les pêcheurs réunionnais exhortent le Commissaire européen à la pêche et aux océans, en visite sur leur île, à trouver enfin une solution au financement du renouvellement des flottes de pêche à La Réunion, dont l’impasse actuelle met en danger la vie des pêcheurs (Photo www.imazpress.com)
Le Commissaire européen à la pêche et aux océans, M. Costas Kadis, sera en déplacement à La Réunion les 13 et 14 avril prochains pour l’ouverture de la 29ème session plénière de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI). Cette réunion de la CTOI va être l’occasion pour le Commissaire Kadis de négocier des droits de pêche de plus de 200.000 tonnes de poissons pélagiques au profit des navires continentaux européens, prélevées en océan Indien.
Au même moment, le Commissaire Kadis pourrait refuser, une fois de plus, aux pêcheurs réunionnais le droit de bénéficier d’aides publiques pour renouveler leurs flottes de pêche, au motif que la ressource pélagique serait en danger dans l’océan Indien !
Dit autrement, la Commission européenne considère que la ressource pélagique de l’océan Indien n’est pas en danger lorsque celle-ci est exploitée par les grands armateurs continentaux, mais elle le deviendrait dès lors que ce sont les pêcheurs artisans réunionnais qui demandent à renouveler leurs bateaux pour pêcher dans leurs propres eaux !
Les pêcheurs de La Réunion se reconnaissent pleinement dans les termes choisis par la Madame Huguette BELLO, Présidente de la Région Réunion, lors de son discours d’ouverture de la Conférence des présidents des RUP qui se tenait cette semaine sur notre île :
« Comment accepter dans le même temps de voir certains acteurs venir à La Réunion pour autoriser des flottilles continentales à prélever 70.000 tonnes de thon dans l’océan Indien, pendant que les mêmes expliquent aux pêcheurs de La Réunion que le fait de renouveler leurs flottes pour pêcher les 736 tonnes auxquelles ils ont droit, mettrait en danger la même ressource ! »
Rappelons que la flotte réunionnaise est composée de moins de 200 bateaux de pêche, dont 95% font moins de 12 mètres de longueur, dont les captures représentent moins de 0,21% des prélèvements totaux opérés à l’échelle des eaux de la CTOI, et dont seule une cinquantaine serait renouvelée avec des aides publiques.
Rappelons aussi que la Commission européenne négocie, au nom de l’Union européenne, des accords de partenariat de pêche durable (APPD) en océan Indien, notamment avec l’Île Maurice, en proposant en contrepartie un paquet financier, lequel est utilisé pour la construction de nouveaux navires de pêche pour les pêcheurs mauriciens – laquelle construction de navires qu’elle refuse pourtant aux pêcheurs réunionnais.
Rappelons enfin que si l’Union européenne peut bénéficier de droits de pêche dans l’océan Indien, c’est bien parce que les départements français de La Réunion et de Mayotte sont des territoires européens dans cette partie du monde.
Le président du CRPMEM de La Réunion, M. Gérard Zitte, dénonce cette politique du « deux poids, deux mesures » des Autorités communautaires, qu’il juge dans un « positionnement dogmatique » et avec une attitude qu’il considère comme « humiliante et vexatoire pour les pêcheurs réunionnais ». «
Personne ne peut comprendre que l’Europe entière puisse pêcher chez nous, grâce à nous, et bientôt sans nous » rappelle-t-il. S’il attend les annonces qui seront faites par le Commissaire européen, il prévient toutefois que « les professionnels sont prêts à se mobiliser très fortement tant l’exaspération est à son paroxysme localement sur ce dossier ».
Enfin, le président Zitte en « appelle solennellement au Président de la République, M. Emmanuel Macron », qui s’était engagé personnellement et avec force sur ce dossier dès 2017 lors d’un déplacement en Guyane, puis à nouveau en 2022 à l’occasion de la Présidence française de l’Union européenne.
Alors que la visite du Chef de l'État est annoncée à La Réunion le 22 avril, il lui demande de peser de tout son poids pour obtenir enfin, de la part de la Commission européenne, l’autorisation de renouveler tous les navires de la pêche réunionnaise. « Les pêcheurs de La Réunion ont le droit au respect et à la considération de la part des autorités de Bruxelles » ajoute-t-il. « Si le Président de la République s’implique de nouveau, on peut enfin y arriver sur ce dossier ».
CRPMEM de La Réunion