La situation du narcotrafic à La Réunion est devenue particulièrement alarmante. La Direction régionale des douanes compte seulement 206 agents, dont 60 dédiés aux contrôles, répartis entre la brigade de l’aéroport, celle du port et celle de Saint-Pierre. En l'espace d'un an, le nombre de mules et la quantité de stupéfiants transportés ont explosé, avec des saisies en constante augmentation à l’aéroport principal de Gillot (Photo : rb/ww.imazpress.com)
Les chiffres sont éloquents. Pour la cocaïne, 16 kilos saisis en 2022, 30 kilos en 2023 et 50 kilos en 2024 ; pour la résine de cannabis, 300 kilos en 2023 et 500 kilos en 2024 ; pour l’ecstasy ou MDMA, 76 000 cachets saisis en 2023 et 172 000 cachets en 2024. Ces chiffres ne représentent par ailleurs que les saisies, le trafic étant estimé à minima à 10 fois plus.
Ainsi, le manque d'effectifs est criant, avec seulement 2 ou 3 agents en contrôle au filtre pour des arrivées de 1200 à 1400 passagers. La situation n’est pas meilleure au niveau du port maritime, où les contrôles sur les conteneurs et bateaux de commerce ou de pêche sont quasi inexistants.
De plus, la douane réunionnaise ne dispose pas de brigade garde-côte, contrairement à d’autres territoires ultramarins comme aux Antilles ou en Guyane. Les besoins en effectifs sont connus : davantage de maîtres-chiens anti-stupéfiants, mais aussi une croissance des effectifs de douaniers piétons dont une partie devra être affectée au camion scanner prévu pour septembre prochain.
Par ailleurs, le centre de dédouanement postal est aussi en difficulté, avec une augmentation de la drogue dans les colis postaux et une impossibilité de donner suite à toutes les saisies. La brigade de Saint-Pierre, avec seulement 11 agents, est également en sous-effectif.
Dès lors, les conséquences sont graves : développement de la délinquance, règlements de compte entre bandes rivales, menace pour la santé publique avec l’arrivée de cocaïne pure objet de multiples coupages ou fabrication locale de crack et déstabilisation économique avec l'afflux d'argent de la revente de drogue.
En responsabilité, les députés socialistes et apparentés ont récemment voté la proposition de loi relative à la lutte contre le narcotrafic, adoptée définitivement par le Parlement.
Bien qu’imparfaite, elle donne un cadre et des outils pour accentuer notre lutte contre ce fléau, cependant les moyens doivent suivre le terrain sans quoi elle demeura au stade d’incantation. Par conséquent, un renforcement des effectifs douaniers est urgent et doit être accompagné de manière plus globale par le déploiement à La Réunion d’une unité territoriale de l’Office National Anti-Fraude (ONAF) comme il en existe une à Fort-de-France.
Confiant dans votre capacité et votre volonté de faire avancer ce dossier, je suis disponible pour échanger à ce sujet et vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le ministre d’État, l’expression de ma haute considération.
Philippe Naillet
Si vous faisiez aussi pour la lutte contre la corruption. Mais cela va à l'encontre de votre idée de faire de la politique que de remplir votre poche. Je mets ma main au feu qu'aucun élu lèvera son petit doigt sur ce sujet.