Tribune de Place Publique Réunion

La France mérite mieux que l’austérité jacobine et dogmatique

  • Publié le 31 août 2025 à 16:05
  • Actualisé le 31 août 2025 à 16:10
Christophe Estève , Place publique réunion

Pour ceux qui veulent l’entendre, notre pays résonne d’une colère qui, loin d’être passagère, trouve son exutoire dans l’annonce des propositions d’orientation budgétaire 2026 du Premier ministre François Bayrou. À La Réunion comme en France hexagonale, ces décisions frappent durement les plus fragiles, remettant en cause nos équilibres sociaux, notre vitalité économique et le respect fondamental des valeurs républicaines. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

Pour ceux qui veulent l’entendre, notre pays résonne d’une colère qui, loin d’être passagère, trouve son exutoire dans l’annonce des propositions d’orientation budgétaire 2026 du Premier ministre François Bayrou. À La Réunion comme en France hexagonale, ces décisions frappent durement les plus fragiles, remettant en cause nos équilibres sociaux, notre vitalité économique et le respect fondamental des valeurs républicaines.  

- Des mesures injustes et une méthode brutale -

En optant pour un plan d’austérité drastique – 44 milliards d’euros d’économies, des coupes franches dans les services publics, une remise en cause des jours fériés et un gel des prestations sociales –, le gouvernement a fait le choix d’une rigueur budgétaire brutale, sans précédent dans notre histoire récente. 

Cette orientation, non concertée, descendue d’en haut sur les territoires sans dialogue préalable, est la preuve que, pour certains, la solidarité nationale n’est qu’une charge alors que pour nous, Place publique Réunion, elle est avant tout le socle et la raison d’être de notre nation. 
Dans tous les cas, elle témoigne d’une verticalité qui nie la réalité et la capacité de mobilisation des citoyens.  Pire, cette méthode autoritaire a radicalisé le débat public et allumé la mèche d’une colère légitime, dont le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre est seulement la plus récente expression.  

La démocratie ne se gouverne pas par injonctions. Nous, Place Publique Réunion, faisons le constat que cette manière de gouverner par injonctions, à rebours de toute logique de concertation, fracture encore un peu plus le pacte social. Au lieu d’écouter et de coconstruire avec les élus locaux, les collectifs citoyens, les syndicats et les associations, le gouvernement impose sa trajectoire, creusant le fossé entre Paris et les territoires, entre les puissants et le peuple.

- Refuser la résignation, construire l’alternative -  

Nous refusons de céder à la résignation. Face à l’austérité imposée, Place Publique défend le maintien de services publics puissants partout sur le territoire, la protection des plus vulnérables et un effort juste, équilibré, centré sur une plus grande justice fiscale et un soutien affirmé et tangible à la transition solidaire et écologique.  

Nous disons que d’autres modèles existent : la coconstruction avec les acteurs locaux et la population, la lutte résolue contre les privilèges fiscaux, l’investissement dans l’économie d’avenir.

- Pour une mobilisation responsable et lucide -

Les mobilisations du 10 septembre trouvent leur source dans une exaspération profonde : c’est le cri de celles et ceux qui, de plus en plus nombreux à La Réunion comme ailleurs, peinent à finir le mois ou voient leur avenir bouché. Cette colère doit être entendue et respectée – mais elle doit aussi se structurer, se canaliser, afin de se traduite en alternatives positives et d’éviter qu’elle ne se disperse ou soit parasitée par des agendas extrémistes ou populistes.
 
Place Publique Réunion réaffirme ici :

- Sa solidarité avec toutes celles et ceux qui s’engagent pacifiquement pour davantage de justice.
- Sa volonté de participer à la structuration de revendications claires, à l’abri des extrémismes et des récupérations politiciennes.
- Son attachement au dialogue, à l’unité des forces progressistes, à l’organisation d’« États généraux de la Solidarité » pour transformer la colère en contrat social renouvelé, en coconstruction démocratique.
 
Nous appelons solennellement le gouvernement à rompre avec cette verticalité méprisante. À La Réunion comme dans toute la France, il est temps de choisir la confiance, la concertation, l’investissement dans notre capacité collective à inventer l’avenir.  

La société française est mûre pour l’exigence, pas pour l’humiliation. Elle attend un projet rassembleur. Nous sommes prêts à le bâtir, avec toutes celles et ceux qui refusent la colère stérile comme la résignation.

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