L’Assemblée nationale devait débattre ce matin de la proposition de loi d’extension de l’Aide médicale d’État (AME) à Mayotte dans le cadre de la niche parlementaire du groupe LIOT. (Photo photo RB/www.imazpress.com)
Il est regrettable que nous n’ayons pas eu un débat sur le système de santé à Mayotte. Aujourd’hui, c’est le le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) à bout de souffle qui accueille les patients étrangers en situation irrégulière et porte la charge financière en l’absence d’AME.
La rapporteure du texte a décidé de le retirer à la suite d’annonces du ministre de la Santé qui compte mettre en place à Mayotte un guichet unique, pour les EVASAN - évacuations sanitaires - programmées, d’ici la fin du mois juillet.
Cependant, cette mesure ne permettra pas à elle seule de résoudre la crise aiguë du système de santé à Mayotte, encore davantage accentuée par les conséquences dévastatrices du cyclone Chido.
Le ministre a aussi évoqué un “plan d’attractivité”, notamment financier, pour les soignants à Mayotte. Mais,que valent les engagements d’un ministre de la Santé qui appartient à un gouvernement à la durée de vie incertaine ?
Par ailleurs, ces EVASAN seront d’abord réalisés à La Réunion puis dans l’hexagone. Depuis que l’hôpital de La Réunion est devenu CHU le nombre d’EVASAN a été multiplié par quatre et les moyens humains et financiers n’ont pas suivi.
Le principe de solidarité doit s’appliquer de manière équilibrée sur l’ensemble du sol national, alors que le système de santé réunionnais est mis à rude épreuve par l’épidémie toujours en cours de chikungunya et que La Réunion a été durement frappée par le cyclone Garance à la fin du mois de février.
L’externalisation de la santé des mahoraises et des mahorais ne pourra pas être une solution de long terme : l’ensemble de nos concitoyens mérite une offre des soins digne et accessible sur leur territoire.
Les moyens doivent suivre pour la santé publique qui ne peut pas continuer à être sacrifiée sur l’autel de l’austérité budgétaire jusqu’ici boussole gouvernementale. J’y serai particulièrement attentif lors des prochains débats budgétaires.
Philippe Naillet, député de La Réunion