À La Réunion, plus de 50 000 demandes de logements sociaux sont en attente. Derrière ce chiffre alarmant, ce sont des familles précaires, des jeunes contraints de rester chez leurs parents, des femmes seules, des retraités et des travailleurs pauvres qui sont privés d’un droit fondamental : le logement. Face à cette urgence, la question de la préférence communale mérite d’être posée avec lucidité et responsabilité. (Photo sly/www.imazpress.com)
La préférence communale vise à répondre aux besoins des habitants d’un territoire, notamment ceux qui y vivent, y travaillent ou y ont tissé des liens durables. Le critère d'ancienneté de résidence va de pair avec les attaches locales, en particulier familiales. Or, aujourd’hui, ces liens peuvent pénaliser les demandeurs : être hébergé chez un proche empêche souvent d’être prioritaire, car l’on n’est pas considéré comme "à la rue" et donc inéligible au DALO.
Cette préférence est déjà appliquée dans plusieurs communes de l’Hexagone (Saint- Denis, Lyon, Toulouse, Corse) avec des résultats positifs. Elle permet de concilier équité locale et cadre légal, si les critères sont transparents et rigoureux. À Sainte-Marie, où les terrains se raréfient et les prix explosent, il est légitime que les logements sociaux bénéficient d’abord aux Saint-Mariens en attente depuis des années.
La préférence communale ne doit pas créer de barrières, mais renforcer l’ancrage local. Elle doit être encadrée juridiquement, évaluée objectivement et accompagnée socialement, sur la base de critères clairs : résidence, emploi, scolarisation des enfants, etc. Il ne s’agit pas de nier les solidarités intercommunales, mais de mieux les articuler.
Cette dynamique suppose une volonté politique forte, portée par l’État, les collectivités, les bailleurs sociaux et les citoyens. À La Réunion, comme ailleurs, le droit au logement est une promesse républicaine. Il est temps de lui redonner tout son sens.