Est-ce que vous vous souvenez de l'époque où l’on guettait, émerveillés, le premier envol des pétrels à l’arrivée de l’hiver austral ? Des petits oiseaux béliers qui voletaient par douzaines pour se disputer quelques miettes de pain au Port ? Des paille-en-queue qui jouaient comme des enfants dans les courants d'air à Saint-Denis ou à Saint-Pierre ? Notre île vibrait alors d’un bruissement discret, fragile, poétique.
Si les causes de leur lente disparition sont multiples, espèces invasives et produits chimiques notamment, l’un des dangers les plus silencieux, mais aussi les plus dévastateurs, reste la pollution lumineuse. Le développement économique de La Réunion nous a apporté de véritables bénédictions… mais aussi un éclairage public qui, à force de briller trop fort, finit par éteindre un peu du vivant autour de nous.
Runtech dans sa stratégie, prône un éclairage raisonnable, raisonné et responsable sans avoir à faire de compromis sur la résilience.
Chaque nuit, La Réunion continue de rayonner comme un paquebot perdu en plein océan, saturée de lumière bien au-delà du nécessaire. Cette clarté artificielle qui rassure les humains, désoriente et parfois tue les oiseaux, en particulier nos pétrels, déjà fragilisés. Les études scientifiques sont formelles : la pollution lumineuse perturbe l’orientation des oiseaux nocturnes, provoquant chutes, collisions, et mortalité facilement évitable. Elle attire aussi les insectes en masse, les épuise ou les brûle. Et quand les insectes s’effondrent, les oiseaux suivent. Un ciel trop lumineux finit toujours par faire taire ce qui chantait en dessous, en plus de gâcher les merveilleuses observations d'étoiles qui étaient encore possible il y a de cela quelques dizaines d'années.
Mais il faut avouer une chose, et là, on se permet un petit rire jaune : si les équipements installés par nos communes ne sont pas pensés pour protéger la biodiversité, au moins sont-ils… cohérents avec eux-mêmes, puisqu’ils ne sont pas non plus pensés pour le monde réel. Beaucoup cessent de fonctionner dans les deux ans. Résultat : la faune respire (un peu) au détriment des caisses publiques, et les Réunionnais se retrouvent dans le noir malgré des millions investis. Certains oiseaux trouvent même moyen de nicher dans ces luminaires, bien au chaud, écourtant encore leur durée de vie. Comme quoi, la nature a un peu d'humour, même dans son dernier souffle.
Cette absurdité saute encore plus aux yeux pendant la période d’envol des pétrels.
La réglementation impose alors d’éteindre de vastes portions d’éclairage public pour éviter l’“atterrage” massif des jeunes oiseaux, attirés irrésistiblement par les halos lumineux. Scientifiquement, c’est indispensable. Mais cette extinction temporaire plonge soudain routes et quartiers dans l’obscurité, et chaque année des accidents graves, parfois mortels, surviennent. L’insécurité augmente, les risques d’agressions aussi. Aucun territoire moderne ne devrait avoir à choisir entre la survie de ses oiseaux et celle de ses habitants.
Et pendant qu’on essaie de mieux gérer la lumière publique, une autre marée lumineuse envahit silencieusement l’île : les enseignes commerciales, allumées bien après la fermeture des magasins, et surtout les milliers d’éclairages solaires bas-de- gamme qui ont déferlé cette année 2025 sur nos zones agricoles. Ces lampes bas de gamme, installées sans contrôle, souvent grâce à des dispositifs de financement obsolètes dont certaines entreprises de l'hexagone ont profité sans scrupule, éclairent sans raison, n’importe comment, et aggravent massivement la pollution lumineuse.
Les zones agricoles, pourtant zones tampons essentielles pour la biodiversité, sont aujourd’hui constellées de points lumineux anarchiques. Et personne ne pourra s'assurer qu'elles soient éteintes lorsque cela sera nécessaire.
Les consommateurs n’ont aucune responsabilité dans cette situation : comment savoir qu’un petit lampadaire solaire 100% financé pouvait participer à l’effondrement du vivant, surtout quand ceux-ci se targuent d'être justement bons pour l'environnement ? Mais maintenant que le constat est posé, il faudra agir vite : désinstaller ce qui doit l’être, remplacer, réguler, protéger.
Heureusement, certaines structures tiennent la ligne depuis des décennies. La SEOR continue de sauver, recueillir, soigner, alerter, cartographier, intervenir sur le terrain, et plus récemment encore, de dénoncer la prolifération incontrôlée de ces nouveaux éclairages dans les zones agricoles. Sans ce travail acharné déjà effectué, nous ne verrions pas revenir petit à petit quelques pailles-en-queues, mais surtout sans le travail qu'ils continuent d'abattre, ce sont des milliers d’oiseaux qui, chaque année, disparaîtraient dans l’indifférence générale.
Et au-delà du constat, La Réunion dispose enfin d’une solution à la hauteur de son ambition : le luminaire « Green Run Light », développé localement par Runtech Services. Un éclairage solaire connecté, pensé pour durer, pour résister aux cyclones, au sel, à la pluie, au temps, pas deux ans, mais des décennies. L’objectif est clair : transmettre à nos enfants des infrastructures qui tiennent encore debout.
Une solution primée sur Vivatech 2025 le plus gros salon de l'innovation au monde, comme l'une des 12 solutions les plus prometteuses en Smart City parmi des centaines du monde entier, et plus récemment par le prix Clean Tech du concours Innovation Outre-Mer organisé avec le soutien de la Direction Générale des Outre- Mer. Une solution pensée initialement pour répondre aux problématiques locales, développée à la Réunion, applaudie au national et à l'international... Mais toujours pas reconnue sur son propre territoire !
Il paraît que nul n'est prophète en son pays... Les innovations de la Réunion le savent mieux que personne.
Green Run Light fait la différence entre les humains, les véhicules motorisés, les vélos, les animaux, et ne s'allume que lorsque c'est nécessaire. Il adapte la lumière à la situation, s’allume un peu avant le passage, s’éteint ensuite en douceur, éclaire de la force d’une bougie ou d’un projecteur selon le besoin. Il peut protéger les sentiers, les points de vue, les zones sensibles, sans saturer le ciel nocturne. Sa lumière est dirigée strictement vers le sol, conformément aux recommandations internationales, pour ne pas attirer ni désorienter la faune, tout en respectant la flore.
C’est exactement ce qu’une politique publique moderne devrait encourager : sobriété, précision, respect du vivant, durabilité. Et choisir une solution locale, c’est plus qu’un choix technique : c’est soutenir la recherche réunionnaise, l’économie réunionnaise, la SEOR, et peut-être, un jour, faire de La Réunion un modèle mondial.
Un jour, quand les villes chercheront comment concilier sécurité, développement et biodiversité, elles regarderont vers notre île. Non seulement pour son ciel retrouvé, mais pour une technologie née ici, d’un territoire qui a compris qu’éclairer, ce n’est pas simplement allumer : c’est choisir ce qu’on ne veut pas laisser s'éteindre.
Jean-Marie Casimir


