La CPME veut une loi d'orientation pour préserver la Lodeom et soutenir les entreprises ultramarines

  • Publié le 16 octobre 2025 à 17:13
conf CPME

(Actualisé) Contre la suppression annoncée de la Lodeom - qui prévoit des exonérations de charges sociale pour les entreprises ultramarines -, la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), demande une loi d’orientation pour la France Océanique afin de structurer une action collective et conserver la Lodeom (Photo sly/www.imazpress.com)

Les CPME s’organisent et proposent une "boussole stratégique" un document co-créé avec les CPME océaniques afin de préserver la Lodeom et fixer les grands axes d’une loi d’orientation qui viendra accompagner les entreprises des Outre-mer.  

À lire aussi : Coup de rabot pour la Lodeom, et l'aide à l'investissement les entreprises réunionnaisses tirent la sonnette d'alarme. 

- Une boussole fondée sur quatre axes -

La boussole stratégique de la confédération des petites et moyennes entreprises est basée sur quatre grands axes :

- la justice économique afin de garantir un accès équitable aux leviers de croissance (emploi, fiscalité, trésorerie).
- la différenciation territoriale : adapter les politiques publiques aux réalités ultramarines via une loi d’orientation dédiée.
- la résilience économique : renforcer la capacité des territoires à faire face aux crises par la formation, l’investissement et la relocalisation.
-l’intégration régionale : ancrer les Outre-mer dans leur environnement régional par la coopération économique et le rayonnement touristique

- À La Réunion, les chefs d’entreprise ne comprennent pas la suppression de la lodeom -  

Pour Gerard Lebon, président de la CPME, maintenir la Lodeom, c’est avant tout, maintenir un outil de cohésion social fort, il explique : "quand le gouvernement dit nous allons raboter la Lodeom locale pour faire des économies, nous répondons, vous ne ferez pas d’économie, vous créerez davantage d’instabilité et vous empêcherez les entreprises réunionnaises de continuer à se développer et créer de l’emploi." 

Avec cette boussole stratégique, Gerard Lebon souhaite :"transmettre des propositions sur le moyen-long terme, dans le cadre d'une loi programme, afin de trouver une stabilité pour nos chefs d’entreprise . Ça devient essentiel. Nous avons développé un ensemble de fiches pour montrer les besoins de notre territoire"

Il ajoute : "Il doit y avoir une co-construction. Ce document a pour vocation de porter des propositions à nos gouvernants,  des propositions qui recouvrent l’ensemble des territoire d’outre-mer, et qui sont, en même tempos portées en région par nos CPME. En précisant d'avantage ce qui nous semble bon pour nos territoires et nos besoins." Écoutez.

- Les TPE-PME représentent 99 % du tissu économique ultra-marin - 

À Saint-Denis, Jean-Charles Bertrand, gérant du Mafate Café, témoigne : "depuis 5 ans, on a connu plusieurs crises, le covid, l’inflation et des problèmes de recrutement.  Aujourd’hui, on vient nous dire qu’il faut raboter la Lodeom, ça fait beaucoup de crises!"

Il ajoute : "être chef d’entreprise dans le tourisme aujourd’hui, c’est un parcours du combattant."

Concrètement, pour le Mafate café qui compte 20 employés, la suppression de la Lodeom, représente 10 000 euros d’abattement sur les charges patronales, ce qui correspond selon le gérant, au financement d’un à deux emplois dans sa structure.

- "Beaucoup de chefs d’entreprise sont fatigués" -

"Quand on est chef d’entreprise, on planifie sur 3 ans, sur 5 ans. Bloquer la Lodeom, c’est bloquer tout un système d’investissement, tout un process et un business plan déjà établi. On fait du local, on forme des jeunes, on investit dans les associations, demain matin ce travail n’existera plus. »

Jean-Charles Bertrand en est convaincu, remettre la Lodeom en question, c’est mettre en danger toute la filière tourisme à la Réunion.

Il  détaille : "Des plans vont s’arrêter, cela va créer du chômage pour les employés, et une augmentation des tarifs pour les restaurateurs. Nous on a pas de solution. La Lodeom, ce n’est pas une niche fiscale, c’est un lien social sur le territoire. C’est une aide importante pour le tourisme, la restauration et l’hôtellerie".

Guillaume Nice, administrateur à la CPME, ajoute :  "en tant que chef d’entreprise on se bat tous les jours avec notre trésorier, il y a une entreprise sur  quatre qui est liquidée pour défaut de trésorerie. Tout le monde essaie de préserver sa trésorerie."

- La boussole stratégique : "un cap pour éviter de licencier" -

Selon Marie-Claire Fortuné, membre de la CPME, et chef d’entreprise,  les objectifs de cette boussole stratégique sont : «maintenir l’emploi, maintenir nos salariés, développer l’entreprise, car on a un rôle à jouer pour la cohésion sociale. » 

Elle regrette l’isolement dont souffrent les entrepreneurs réunionnais et le manque de soutien du gouvernement.

C’est pour cela, selon Marie-Claire Fortuné, qu’une loi d’orientation est nécessaire: "on navigue dans le brouillard, on navigue à vue, on est des capitaines solitaires. Moi même j’ai recruté y a quelques années, et j’ai du licencier à cause de l’étroitesse du marché réunionnais."

Guillaume Nice, entrepreneur, soulève la problématique des délais de paiement à la Réunion : "les délais de paiments sont rallongés, des problèmes de trésorerie s’installe, et en découle un retard de paiement de la tva, et des cotisations sociale."

Pour la CPME, leur boussole stratégique doit servir de socle à une future loi d'orientation ultramarine proche des problématiques locales, afin d'assurer la stabilité des entreprises réunionnaises et maintenir les emplois de leur structure. 

ee/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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