La société Intercable Réunion (ICR) a été placée en redressement judiciaire ce mercredi 25 août 2010 par le tribunal de commerce de Saint-Denis. L'entreprise qui a Zeop pour marque commerciale, est spécialisée dans la fourniture d'accès d'internet haut débit, en télévision et téléphonie. Dans un communiqué publié mercredi soir, ICR affirme que "la fourniture de services est parfaitement et totalement maintenue pour ses clients acquis, et ses clients futurs". L'entreprise installée à La Réunion depuis la fin 2007 est en proie à d'importantes difficultés financières. Elle a en effet investi plus de 34 millions d'euros pour l'installation d'un réseau de fibre optique sur l'île sans obtenir de financement additionnel ni de délai supplémentaire pour le remboursement de ses prêts relais en cours.
"La société ICR procédera à une communication sur l'évolution de la situation en temps voulu" note laconiquement le communiqué. Il ajoute sans plus de précision : "la phase d'étude du dossier permettra, dans les semaines à venir, de définir le plan de continuation des activités et ses modalités".Le communiqué ne donne pas plus d'indication sur les raisons des difficultés financières de la société. Lesquelles trouvent leur origine au début même de l'implantation de l'entreprise dans l'île. Ainsi que l'écrivait Imaz Press Réunion le vendredi 6 août (deux jours après la demande de placement en redressement judiciaire de la société), lors de sa première année d'activité sur l'île, en 2008, Interacable Réunion enregistre 33 210 dollars de revenus et une perte nette de 2,2 millions de dollars. Cela pour les neuf premiers mois de son année financière allant de septembre 2007 à septembre 2008.
La société doit donc trouver des financements d'urgence pour assurer son exploitation à court terme et respecter ses obligations financières. Elle se tourne alors vers la Mauritius Commercial Bank, actionnaire de la société principale, Intercable ICH, basée au Canada. L'établissement bancaire accepte de débloquer 4,5 millions d'euros de prêts entre août 2008 et mars 2009 à Intercable ICH. Cette dernière réinjecte cette somme dans Intercable Réunion.
Ces financements ne sont pas suffisants pour assurer la poursuite de l'installation du réseau de fibre optique dans l'île. Intercable Réunion entame alors des pourparlers avec des investisseurs potentiels. Elle arrive à trouver des financements "à très court terme". Elle obtient, notamment, en avril 2009 une facilité de crédit de 13 millions d'euros des banques Absa Bank et The Mauritius Commercial Bank. Mais la situation de la société reste critique. Les résultats définitifs sur les 12 mois de son année financière 2007/2008 font état de 53 387 dollars de revenus et de 9 millions de dollars de perte nette.
Les 6 premiers mois de l'année 2009 ne permettront pas à Intercable Réunion de sortir de la zone rouge. L'entreprise comptabilise des revenus de 429 437 dollars et une perte nette de 4,8 millions de dollars alors que la Mauritius Commercial Bank a accordé un prêt-relais de 20,8 millions d'euros. Parallèlement, un litige juridique oppose Zeop à Orange Réunion. Ce qui freinera le développement des infrastructures d'Intercable pour l'année 2009. L'année financière 2009 se termine avec 1,6 million de dollars de revenus et 9,3 millions de dollars de perte nette.
Intercable Africa doit chercher des financements pour la filiale réunionnaise. La société obtient 2 millions d'euros en financement intérimaire. Mais elle ne parvient pas à conclure un financement additionnel avec ses créanciers, Absa Bank et The Mauritius Commercial Bank, ni à d'obtenir un délai supplémentaire pour le remboursement de ses prêts relais en cours. En conséquence, ses facilités de crédit sont devenues remboursables le 31 juillet 2010, ce qui a obligé Intercable ICH à demander le 4 août dernier le placement de Intercable Réunion en redressement judiciaire.
L'entreprise emploie 130 salariés et recense 4 000 abonnés.