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Giraud Payet, président de la nouvelle confédération des entreprises réunionnaises

"La départementalisation est arrivée à ses limites"

  • Publié le 9 mars 2013 à 06:00
Giraud Payet

"Le statut de la départementalisation est à bout de souffle". C'est ce qu'affirme Giraud Payet, président de la NCER (nouvelle confédération des entreprises réunionnaises). Si selon lui, "parler d'autonomie de l'île est un grand mot", il plaide pour l'acte III de la décentralisation qui donnerait "plus de souplesse aux collectivités locales". Le président de la NCER veut également en finir avec les "effets d'annonce" et réclame du "concret" pour relancer la "machine économique en panne". Parmi les mesures proposées, l'arrêt des procédures de contentieux pour les entreprises en difficulté. Par ailleurs, sur le problème du chômage des jeunes, Giraud Payet estime qu'il "faut redonner aux gens sans qualification une vraie formation pour un vrai plan de carrière". Interview.

* En tant qu’acteur du monde économique, comment qualifiez-vous la situation de La Réunion actuellement ?

La situation est alarmante, elle est préoccupante. Plus de 8 000 entreprises sont en difficulté. Un nombre qui va encore augmenter. Jusqu’à présent, certains ont pu payer, avec du mal, leurs charges sociales et fiscales. Mais jusqu’à quand vont-ils pouvoir honorer leurs dettes ? Par ailleurs, les manifestations de chômeurs se multiplient, alors qu’en face, les entreprises n’arrivent plus à recruter et sont contraintes de licencier. Aujourd’hui, la machine est en panne. Il est grand temps que les politiques aillent vers autre chose. Nous allons droit dans le mur.

* Vous parlez de "machine en panne". Comment faire pour améliorer cette situation "préoccupante" ?

Aujourd’hui, le statut de la départementalisation est arrivé à ses limites. A La Réunion, il y a près de 140 000 chômeurs, 8 000 entreprises en difficulté, un manque de logements considérable. On attend encore la relance de la commande publique et les banques ne prêtent plus. Tous ces éléments prouvent que le modèle de la départementalisation est à bout de souffle.

* La solution serait de décréter l’autonomie de l’île ?

L’autonomie est un grand mot. Mais l’acte III de la décentralisation permettrait de donner plus de liberté aux collectivités locales, plus de souplesse pour agir rapidement, ainsi qu’une simplification administrative. Le système actuel est trop lourd. Il faut un vrai débat sur un changement de gouvernance. Je suis prêt à y participer sur le volet économique pour faire sauter les verrous. Il faut arrêter les débats philosophiques et stériles.

* Que pensez-vous des réactions de l’État et des politiques jusqu’à présent ?

Nous avons une spécificité ici. Dès qu’il y a un problème, on répond par des commissions. Nous voulons du concret et qu’on arrête avec les effets d’annonce pour enfin trouver des solutions.

* Outre une réforme de la départementalisation, que proposez-vous comme mesures urgentes ?

Nous demandons, tout d’abord, comme première action, l’arrêt de tout procès contentieux. Nous voulons avoir une vision globale des projets d’investissements des bailleurs sociaux et des collectivités pour le monde économique. Il ne suffit pas de geler les dettes sociales et fiscales mais il faut aussi qu’il y ait du travail. Enfin, nous souhaitons avoir des réponses concernant la mise en place de la banque publique d’investissements. Ces sujets ont, entre autres, été abordés lors d’une rencontre entre représentants syndicaux des TPE/PME et la Région il y a une dizaine de jours. Nous sommes maintenant dans l’attente d’un état des lieux de la situation. 

* Quel regard portez-vous sur les événements de ces dernières semaines, où les jeunes s'expriment dans la rue pour réclamer du travail ?

J’ai moi-même eu un chantier bloqué par des jeunes à Saint-Pierre. Je comprends leur détresse. Je les ai rencontré et pu discuter avec eux. Deux d'entre eux ont été recrutés. Cela fait des années qu’on parle d’emplois de proximité, c’est à dire d’embaucher des jeunes du secteur. C’est une façon d’aborder la question du chômage.

* Embaucher des jeunes du secteur est donc une façon de régler le problème ?

Je n’ai pas trouvé la solution miracle. Mais les entreprises pourraient prendre un, deux ou trois jeunes. Par ailleurs, le vrai problème est celui de la formation. Il faut redonner aux gens sans qualification une vraie formation pour un vrai plan de carrière.

* Aujourd’hui, on a l'impression que la seule solution pour se faire entendre est de descendre dans la rue ou de barrer des routes. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas normal. Il faut en effet toujours trouver un rapport de force pour se faire entendre. Les problèmes sont connus mais la classe politique ne fait rien. Par rapport au problème du pouvoir d’achat, le vrai débat doit porter sur l’augmentation des salaires. C'est un sujet qui est plus que jamais d’actualité. 

www.ipreunion.com

 

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