Entreprises

Sociétés d'intérim : victimes collatérales de la crise

  • Publié le 28 avril 2010 à 19:00

La crise économique a touché tous les secteurs professionnels, même celui de l'intérim. Le volume d'activité de ces sociétés n'a cessé de baisser depuis le début de la crise, dès la fin de l'année 2008. Conséquence, les chiffres d'affaires diminuent et les conflits avec les entreprises clientes se multiplient. Pour preuve, le cas de Marie-Thérèse Payet, Pdg de MT2 intérim. Elle est en grève de la faim depuis le samedi 24 avril 2010. Elle dénonce le non-paiement de ses créances par le groupe Thien-Ah-Koon. Ce cas n'est pas isolé. De plus en plus d'entreprises ne payent plus les prestations des sociétés d'intérim. La faute, une fois de plus, à "la crise".

Le secteur de l'intérim est en berne. Et pour cause, les entreprises frappées de plein fouet par la crise ne recrutent plus. "Les patrons réduisent au maximum leur masse salariale", explique le gérant d'une société d'intérim. Conséquence, les demandes de missions ont diminué de 20 à 30% selon les entreprises spécialisées dans le travail temporaire. Et ce, quel que soit le domaine d'activité. BTP, industrie, manutention ou encore tertiaire, tous les secteurs sont concernés.

"Mais, il y a une reprise de l'activité en ce début d'année 2010", nuance la directrice commerciale d'un grand groupe d'intérim. Selon elle, "le plus dur est passé. Nous sommes désormais dans le creux de la vague". Cela se caractérise par une "légère hausse des demandes de missions", de l'ordre de 5% environ. "Les entreprises évitent encore d'embaucher des personnes en CDD ou en CDI tant que la situation n'est pas stabilisée. Ils se tournent donc vers le travail temporaire pour remplir une mission ponctuelle", explique-t-elle.

Mais cette reprise a également un revers. "De plus en plus d'entreprises ne payent pas les missions. C'est déjà le cas en France depuis plusieurs mois. Ça se répand de plus en plus sur l'île", note la directrice commerciale. Ce constat est partagé par le gérant d'une société d'intérim de taille moyenne. "Nous enregistrons de plus en plus d'impayés",dénonce t-il. L'homme comptabilise actuellement 80 000 euros d'impayés. "Et nous ne sommes pas les seuls dans le secteur", poursuit-il. Marie-Thérèse Payet, Pdg de MT2 intérim, rencontre également le même problème avec le groupe Thien-Ah-Koon qui lui devrait 1 million d'euros (voir article par ailleurs : En guerre contre le groupe TAK).

"Les entreprises font appel à nos agences, mais n'ont pas de trésorerie pour nous régler nos factures. En attendant nous payons les intérimaires ainsi que nos salariés", indique la représentante du grand groupe d'intérim. Et souvent, "ce sont des sommes perdues", ajoute t-elle. Les entreprises qui ne payent pas sont pour la plupart des structures en difficulté qui seront mises en procédure de sauvegarde, en redressement judiciaire voire en liquidation judiciaire. "Nos créances n'étant pas prioritaires, elle ont de fortes chances de disparaître. Nous ne pouvons rien faire", explique un gérant de société d'intérim, résigné.

Face à cette situation, la prudence est de rigueur. De plus en plus de professionnels du travail temporaire n'hésitent plus à vérifier la solvabilité de leur client avant d'accepter une mission. "Cela nous permet d'être sûr que nous serons payés". Mais cela ne réglera pas tout. Pour que l'intérim retrouve une bonne santé, "il faut une vraie relance de l'activité", lance un professionnel du secteur. "L'intérim ne va bien que quand il y a du travail", termine t-il.

Mounice Najafaly pour
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