Les travaux publics en crise

Le BTP craint la démolition

  • Publié le 7 mai 2009 à 00:05

"Il faut construire beaucoup plus pour éviter la démolition du BTP", a martelé Jean-Marie Le Bourvellec, président de la FRBTP (Fédération Réunionnaise d Bâtiment et Travaux Public) ce mercredi 6 mai 2009. Et pour cause, le secteur du BTP est en crise depuis le début de l'année 2009. Et la LODEOM (loi pour le développement économique des Outre-mer) n'apportera pas d'améliorations notables. En effet, même si la loi qui devrait entrer en vigueur au 1er juin 2009 comporte quelques améliorations, les représentants de la fédération voient un texte de loi "mi-figue, mi-raison". La FRBT ne prévoit donc pas d'améliorations d'ici le second semestre 2010 et le lancement "espéré" des travaux du tram-train. Conséquence, les entreprises seront de plus en plus en difficulté et des licenciements sont à prévoir.

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la crise que traverse actuellement le secteur du BTP. La FRBT évoque d'abord la somme de 260 millions d'euros promise par l'Etat au secteur, il y a déjà plusieurs années, et qui n'auraient jamais été versés. "Où sont ces 260 millions ?", s'interroge Jean-Marie Le Bourvellec. Autre raison évoquée, la loi "Scellier" qui a entraîné une perte de confiance des investisseurs préférant investir en métropole. Même si la loi "Scellier DOM" a permis de réduire l'impact de la première loi, "les investisseurs restent frileux", indique le responsable de la fédération.

Ensuite le faible nombre de logements construits n'incite guère Jean-Marie Le Bourvellec à l'optimisme. En effet, "seuls 200 logements ont été construits en 2009 pour 9 000 logements en 2008", note t-il. "Aujourd'hui, 30 000 personnes attendent un logement et chaque année 10 000 personnes de plus ont besoin d'être logé. Nous ne demandons qu'à construire des logements", lance le représentant de la FRBTP.

Enfin, il regrette le "trou d'air" qui existe entre la fin du chantier de la route des tamarins et le début du chantier tram-train, près d'un an et demi. "En attendant, il n'y a pas de gros chantier de prévu. Au contraire, certains chantiers sont annulés", souligne Jean-Marie Le Bourvellec en parlant du projet de Zénith à Saint-Denis.

Face à ce constat alarmiste, il appelle les donneurs d'ordres à "se mobiliser pour augmenter le nombre de chantiers". À défaut, "les entreprises du BTP risquent le naufrage". Pour preuve, il annonce 73 procédures judiciaires pour les entreprises dont 50 mises en liquidation judiciaire. Les salariés risquent eux aussi d'en pâtir. Entre mars 2008 et mars 2009, le nombre de salariés est passé de 23 900 à 21 363. Selon lui, 8 000 salariés pourraient être victimes de licenciements d'ici fin 2009.

Il a enfin évoqué l'impact de la LODEOM sur les entreprises et activités du BTP. Il dénonce d'abord la mise en place d'une mesure "assassine", à savoir la suppression de la TVA NPR achat-vente. Selon lui, sa suppression aura pour impact l'augmentation des coûts de construction de 4 à 5%. "Cela aura un effet destructeur sur la trésorerie des entreprises, notamment des plus petites", prévient Jean-Marie Le Bourvellec.

Les autres mesures sont quant à elles jugées "positives". À savoir la suppression du seuil d'exonération des charges à 50 salariés, le relèvement du plafond d'exonération à 100% de 1,3 à 1,4 SMIC ainsi que la poursuite de la politique de défiscalisation des logements.
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