Destruction des motos et sanctions pénales

Rodéos urbains à La Réunion : pour les syndicats de police "l'heure n'est plus à la prévention mais à la répression"

  • Publié le 18 août 2022 à 09:32
rodéo piste de la jamaique

Après une succession de drames en Métropole, la lutte contre les rodéos sauvages est devenue l'une des principales priorités de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. A tel point que depuis ce mercredi 17 août 2022, chaque commissariat de France "doit mener au moins trois opérations anti-rodéos par jour". Une initiative qui semble bien compliquée à appliquer à La Réunion, alors que les effectifs des forces de l'ordre sont largement limités dans l'île. Une problématique régulièrement dénoncée par les syndicats, qui estiment qu'aujourd'hui, "il n'est plus l'heure de la prévention mais bien de la répression" (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"Nous effectuons déjà des contrôles rodéos réguliers, y compris lors des contrôles routiers classiques", rappelle Idriss Rangassamy, secrétaire départemental d'Alliance Police nationale 974. "Nous n'avons pas attendu Monsieur Darmanin pour se saisir de cette problématique, nous le faisons depuis quelques années déjà" ajoute-t-il.

Le phénomène de la pousse n'est en effet pas nouveau à La Réunion, et a déjà fait son lot de victimes au fil des ans. Une problématique qui n'était cependant pas une priorité au niveau du territoire national, tant que les incidents ne le touchait pas directement. La réponse apportée par le ministère aujourd'hui semble cependant peu réalisable dans une île où les effectifs sont limités. Trois contrôles par jour, pour un territoire comme le notre, mobiliseraient une part conséquente des forces de l'ordre, qui ont sûrement plus à faire du côté des violences intra-familiales par exemple.

- Plus de répression, moins de sensibilisation -

Au-delà du simple contrôle anti-rodéo, Alliance Police nationale 974 demande plus que de la prévention, mais bien de la répression. "Il nous faut une réponse pénale forte derrière chaque infraction relevée. Ce sont les mêmes récidivistes que nous croisons sur la voie publique", précise le représentant syndical.

"Nous demandons la destruction des motos saisies ainsi que leur médiatisation pour envoyer un signal fort aux multirécidivistes et aux jeunes qui seraient tout simplement tentés", fait savoir Idriss Rangassamy. Qui dit action pénale forte, dit aussi "emprisonnement pour les multirécidivistes", souligne-t-il. "Nous ne sommes pas là pour jouer au chat et à la souris et à verbaliser toujours les mêmes souris", tranche Idriss Rangassamy.

Du côté d'Unité SGP Police-Force Ouvrière de La Réunion, l'avis est le même : les contrôles se font déjà régulièrement. "On note une diminution en ce qui concerne les attroupements de jeunes sur la voie publique", indique Stéphane Lebreton, secrétaire départemental adjoint de Police FO. "Mais pour endiguer ce fléau, la police seule n'y suffira pas", assure ce dernier. "Faire de la prévention n'est pas suffisant auprès des jeunes, il faut de la répression", insiste-t-il.

Point d'entente donc entre Police Force Ouvrière et Alliance Police nationale 974. "Il est primordial que le véhicule des auteurs de rodéos soit saisi, confisqué et immédiatement détruit", affirme Stéphane Lebreton. "Dans la lutte contre les rodéos sauvages, le véhicule est le nerf de la guerre, c'est là-dessus qu'il faut agir", ajoute-t-il. Autre point d'accord entre les deux syndicats : l'application de peines fermes. "Cela peut aller d'un an avec 15.000 euros d'amendes jusque 5 ans avec 100.000 euros en délits cumulés", détaille le syndicaliste.

Comme l'a indiqué le ministre Gérard Darmanin, "trois contrôles anti-rodéo par jour dans chaque commissariat en France" sont désormais de rigueur. Pourtant, d'après Police Force Ouvrière, cette réponse ne prend pas en compte l'une des principales difficultés que rencontre la police nationale. "Il nous est impossible de "chasser" tout auteur de rodéo, autrement dit on ne peut pas lui courir après", indique Stéphane Lebreton. "Si l'individu ou quelqu'un d'autre est blessé lors de cette "chasse", il en va de la responsabilité des forces de l'ordre. C'est la sécurité physique et professionnelle de nos collègues qui est en jeu", insiste-t-il.

Si à l'heure actuelle les rodéos sauvages ne représentent que "des situations épisodiques d'un phénomène qui perdure" d'après les différents syndicaux de police nationale, le constat est là : "la prévention ne suffit plus, l'heure est à la répression".

D'après nos informations, la question des rodéos sauvages évoquée à l'échelle nationale pourrait remettre sur la table des autorités locales le projet d'une piste dédiée aux pratiquants de cette discipline.

Pour la gendarmerie nationale de l'île, qui couvre la quasi-totalité du territoire en dehors de Saint-Denis, Saint-André, le Port et Saint-Pierre, "la situation réunionnaise n'est pas la même que sur d'autres territoires". "Nous sommes plus sur des cas de "pousse" que de rodéos, bien que les risques et les conséquences restent les mêmes. Autant en ce qui concerne la sécurité des autres usagers présents sur la voie publique que sur le risque d'accident", rappelle les forces de l'ordre.

Une nuance tout de même reste à préciser. "Il est difficile de relever le rodéo en tant qu'infraction", expliquent les gendarmes. "Nous devons prouver la réitération à l'infraction". Concrètement, il s'agit de réussir à prouver que l'auteur des faits met la vie d'autrui en danger et qu'il est présent et participe régulièrement à cette infraction.

- Les opérations anti-pousse se multiplient -

Dans la lignée des annonces du gouvernement, la Préfecture et les forces de l'ordre ont mené des opérations de contrôles ciblés, visant notamment les deux-roues motorisés ce lundi. Des contrôles organisés alors qu'au premier semestre 2022, à La Réunion, les accidents mortels en deux-roues représentent plus de 40% des victimes sur la route. L'objectif de ces contrôles est donc de lutter contre les comportements dangereux sur les routes.

Comme l’explique la gendarmerie de La Réunion, le "rodéo-sauvage" - ou urbain-  constitue "une pratique illégale que de nombreux individus persistent pourtant à exercer". Ces pratiques font l’objet de plusieurs infractions : non-respect du code de la route, trouble à la sécurité publique, trouble à la tranquillité publique.

Alors que plusieurs drames ont eu lieu ces dernières semaines dans l'Hexagone, la préfecture estime qu'il est donc "important de sensibiliser les jeunes et de rappeler les risques encourus". La loi prévoit en effet une peine d’un an d’emprisonnement et une amende de 15.000 euros, en cas d’interpellation pour des faits de rodéo urbain, ainsi qu’à titre de peine complémentaire la confiscation obligatoire du véhicule utilisé. La peine peut alors aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

Lire aussi - "Rodéos urbains" : Darmanin annonce un renforcement des contrôles contre ces "actes criminels"

- Plusieurs drames ont touché La Réunion -

Le phénomène n'est pas nouveau à La Réunion, et a lui aussi provoqué des drames. Des tensions ont d'ailleurs éclaté en 2017 suite à un arrêté municipal pris au Port pour interdire la pousse. L'arrêté en question avait été pris alors qu'un jeune motard de 26 ans avait été très grièvement blessé lors d'une séance de pousse. Il avait été placé dans le coma artificiel.

En 2019, un enfant a été blessé à Saint-Denis, dans le quartier du Chaudron, après avoir été percuté par un motocycliste lors d'un rodéo sauvage. En 2017, dans le même quartier, un piéton avait été grièvement blessé par un motard.

Lire aussi : Opérations "anti-pousse" : 65 infractions relevées à Saint-Pierre

Lire aussi : Le Port : trois interpellations après un rodéo sauvage

mp/ma.m/as/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

 

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4 Commentaires
Vérité
Vérité
3 ans

Parfois il faut être sévère pour arranger les choses.

Ob974
Ob974
3 ans

Mdrrrr comme si i sa change un n affaire... Plus sérieusement, si la police i veut attrapé a nou, si ou plé change zot loto ek zot moto pck le trop facil larg a zot un bois

HULK
HULK
3 ans

Ils sont marrants les syndicats. Ils ne font rien et ils disent qu'il faut faire quelque chose. On se fout peut-être un peu de la gu..le des gens non' C'est plus simple de coller une prune à quelqu'un qui est 1km au-dessus de la vitesse limite que d'aller recevoir des galets dans un rodéo'

Jacques
Jacques
3 ans

A St André, certains jeunes circulent sur la route avec ces mini motos non homologuées, faisant un bruit terrible, passant même devant le domicile du maire. Que fait la police 'Il suffit d'aller chez ces gens que tout le monde connait, saisir les motos, et c'est réglé !