Cinquante jours sans gouvernement

"Technique" ou "politique", la quête de l'oiseau rare à Matignon continue

  • Publié le 4 septembre 2024 à 10:56
  • Actualisé le 4 septembre 2024 à 13:26

Un profil technique, ou finalement plutôt politique? Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, l'interminable quête d'un nouveau Premier ministre, capable de s'imposer à une Assemblée fragmentée, devait se poursuivre mercredi à l'Elysée.

Depuis le début de la semaine, ce casting en forme de casse-tête a été riche en rebondissements, fausses pistes ou nouvelles idées. A chaque fois, le président Emmanuel Macron "teste" les noms envisagés auprès des différentes forces politiques, afin d'estimer si un gouvernement dirigé par tel ou tel aurait une chance de ne pas être immédiatement censuré par les députés.

Après avoir fait circuler lundi la piste Thierry Beaudet -- un homme inconnu du grand public, qui aurait pu devenir un Premier ministre "technique" -- l'Elysée penchait mardi soir "plutôt" pour "une solution politique", selon un proche de M. Macron. Dans cette optique, la présidence continuait d'avancer les noms de deux personnalités expérimentées, l'un venu de la gauche, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, l'autre de la droite, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Une forme de finale en somme... sans exclure l'émergence d'un troisième nom, dixit un conseiller de l'exécutif !

Selon un proche du président, l'un et l'autre assurent déjà "plus de stabilité" que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. "Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate", veut-on croire de même source.

- Continuité du macronisme -

A voir. A gauche, les Insoumis -- qui ont refusé mardi de s'entretenir à nouveau avec le président -- continuent d'affirmer qu'ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets. Si Emmanuel Macron "pouvait se nommer lui-même et cohabiter avec lui-même, il l'aurait fait", a raillé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, en confirmant que ses troupes devaient déposer mardi auprès du bureau de l'Assemblée nationale une motion de destitution du chef de l'Etat, qui "outrepasse ses pouvoirs et plonge le pays dans une crise politique qu'il a lui-même créée".

Les écologistes, de leur côté, déplorent, par la voix de Marine Tondelier, que les noms présentés par le président "incarnent une forme de continuité du macronisme, là où le pays a besoin de l'inverse".

Quant aux socialistes, ils ont fermé la porte à Xavier Bertrand, et affichent une ligne circonspecte face à Bernard Cazeneuve -- le bureau national du parti a écarté mardi soir une proposition de non censure d'un gouvernement mené par l'ancien Premier ministre de François Hollande.

Ce serait "une forme d'anomalie" de choisir Bernard Cazeneuve "le seul homme de gauche qui s'est battu contre le Front populaire", a même jugé sur TF1 leur Premier secrétaire Olivier Faure qui a appelé à une "négociation entre formations politiques, groupes parlementaires qui permette d'asseoir sur le fond un programme de gouvernement".

"Qu'importe le nom (du Premier ministre), nous voulons abrogation ou moratoire de la réforme des retraites, hausse des salaires et un budget en augmentation pour investir dans les services publics", a plaidé sur RTL le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.

A droite, après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, les dirigeants des Républicains ont finalement ouvert la porte à l'hypothèse Xavier Bertrand... tout en affirmant qu'elle n'était sans doute pas "viable".

Car le RN s'oppose frontalement au patron des Hauts-de-France, qu'il juge trop hostile à ses idées et ses électeurs. Si le RN et le groupe Ciotti votaient une censure déposée par la gauche, celle-ci pourrait obtenir jusque 335 voix, largement au-dessus des 289 voix requises.

Le RN, qui censurerait aussi un gouvernement Cazeneuve, se montre moins hostiles à d'autres personnalités de droite, comme l'ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo cité par Sébastien Chenu sur LCI, car il "se comporte bien" à leur égard.

En "dernier ressort", le RN pourrait accepter "un gouvernement technique", selon Marine Le Pen qui, consultée mardi soir par Emmanuel Macron, a posé certaines conditions comme l'instauration de la proportionnelle aux législatives dans l'optique d'une nouvelle dissolution dans un an.

Pour la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier, "les Français n'en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements". Et le chef des Républicains au Sénat Bruno Retailleau a exigé sur BFMTV la nomination d'un Premier ministre "dans les prochaines heures".

Emmanuel Macron est de facto mis sous pression par le calendrier car un budget doit être déposé au Parlement le 1er octobre.

Alors que la situation politique fait du surplace, Edouard Philippe a choisi d'ouvrir un nouveau front de son côté en officialisant mardi soir sa candidature à la prochaine présidentielle, se disant "prêt", y compris à une élection anticipée.


AFP

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4 Commentaires
Y a pas photo
Y a pas photo
1 semaine

Un est un chargeur de lo : Xavier Bertrand.

L'autre est un brillant homme d'état :
M. CAZENEUVE.

HULK
HULK
1 semaine

Tout le monde est là en train de baver en attendant que l'autocrate de l'Élysée daigne nous donner le nom d'un 1er ministre. Quelle honte pour la FRANCE d'en arriver là. Pendant ce temps-là,beaucoup pensent déjà à la présidentielle. Et ils ont bien raison, vu la chienlit que çà va être.

HULK
HULK
1 semaine

On s'en fout complètement, de toute manière çà ne marchera pas, avec l'autocrate de l'Élysée qui n'a toujours pas compris qu'il a perdu et que la grande majorité des français le détestent.

Génial
Génial
1 semaine

À non pas Bertrand