Coronavirus

4e semaine de confinement, la France encore dans le dur

  • PubliĂ© le 7 avril 2020 Ă  12:46
  • ActualisĂ© le 7 avril 2020 Ă  13:17
Une policiĂšre contrĂŽle un automobiliste le 6 avril 2020 Ă  Nice, aprĂšs trois semaines de confinement.

La France est entrĂ©e mardi dans sa quatriĂšme semaine de confinement pour lutter contre le coronavirus, mais elle est loin d'ĂȘtre encore au bout de ses peines, avec prĂšs de 9.000 morts et en dĂ©pit de quelques lueurs d'espoir.

AprÚs tant de jours d'un confinement inédit sur tout le territoire national, pas question de relùcher les efforts faits jusqu'à présent pour lutter contre l'épidémie, a réaffirmé mardi le gouvernement. "Le confinement durera aussi longtemps qu'il est nécessaire qu'il dure" car "nous ne sommes pas encore au pic épidémique", a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, ajoutant "qu'il ne faut pas parler trop tÎt du déconfinement".

Avec les beaux jours qui reviennent et les vacances de PĂąques qui ont dĂ©butĂ© dans la zone C (Île-de-France et Occitanie), le ministre de l'IntĂ©rieur Christophe Castaner a demandĂ© aux prĂ©fets "d'examiner au cas par cas" et en lien avec les maires la "nĂ©cessitĂ© de durcir les mesures". A la RĂ©union, neuf personnes, dont six membres d'une mĂȘme famille, se sont ainsi enfuies lundi du centre de quatorzaine obligatoire oĂč elles avaient Ă©tĂ© placĂ©es Ă  leur arrivĂ©e dans l'Ăźle.

- "Aussi longtemps que nécessaire" -

"Soyons stricts sur le confinement (...) seul moyen de juguler cette épidémie", a martelé de son cÎté le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Et cela d'autant plus que les premiers signes d'un effet positif de ce confinement apparaissent, notamment dans le Grand Est. Dans cette région, durement frappée, l'élue strasbourgeoise et ancienne ministre Catherine Trautmann (PS) a appelé lundi soir à faire de l'Alsace le territoire pilote de "tests à grande échelle" de dépistage du Covid-19 permettant d'envisager le déconfinement.

Le Parlement européen, qui a son siÚge à Strasbourg, va de son cÎté accueillir dans les prochains jours un centre de dépistage et un centre de consultations sur le coronavirus.

- Pression encore forte -

La pression sur les hÎpitaux et les Ehpad reste néanmoins trÚs forte. Le ministre de la Santé a annoncé le lancement d'une vaste opération de dépistage dans les Ehpad, dont certains ont été décimés par la maladie. Selon le dernier bilan, au moins 2.417 décÚs ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie dans les maisons de retraite médicalisées et autres établissements médico-sociaux.

Pour les proches, l'absence d'informations est souvent un calvaire. "Equipe de soin avec quatre numéros de portable, ça ne répond pas. Secrétariat médical, ça ne répond pas. Cellule psychologique, ça ne répond pas", s'alarme ainsi auprÚs de l'AFP Clarisse Marquez, dont la mÚre de 85 ans est entrée dans un Ehpad à Paris quelques jours avant le confinement.

Au total, depuis le 1er mars, 8.911 personnes sont mortes en France. 6.494 d'entre elles sont décédées dans les hÎpitaux dont 605 en 24 heures, nouveau pire bilan quotidien. L'amélioration notée dimanche sur ce plan n'aura donc pas duré. En attendant un vaccin éventuel, un essai clinique consistant à transfuser du plasma sanguin de personnes guéries vers des "patients en phase aiguë de la maladie" doit démarrer ce mardi. Le procédé s'est déjà avéré efficace, dans des études à petite échelle, contre d'autres maladies infectieuses comme Ebola ou Sras.

D'autres remÚdes continuent de susciter la polémique. Un entrepreneur de la Loire, soupçonné d'avoir proposé de la chloroquine à ses salariés, a été placé lundi en garde à vue, puis relùché.

- Un bien convoité -

Cela n'empĂȘche pas la France de poursuivre ses efforts pour s'approvisionner en masques, un bien dĂ©sormais convoitĂ© par l'ensemble de la planĂšte, et ses commandes auprĂšs de fabricants en Chine atteignent dĂ©sormais prĂšs de deux milliards d'exemplaires, a assurĂ© samedi M. VĂ©ran. Ils seront tous lĂ  d'ici la fin juin, a-t-il promis.

Les Ă©lus des grandes villes ont tout de mĂȘme demandĂ© lundi des rĂ©ponses rapides au gouvernement sur le dĂ©pistage des personnels de santĂ© et des Ehpad, les gardes d'enfants ou l'usage des masques de protection. Le chef de file des sĂ©nateurs LR Bruno Retailleau a poussĂ© un "coup de gueule" mardi contre les rĂ©quisitions par le gouvernement de masques commandĂ©s par les collectivitĂ©s, notamment par la rĂ©gion Bourgone-France-ComtĂ©.

L'épidémie, qui a fait plus de 70.000 morts dans le monde, n'en finit plus de noircir les perspectives économiques. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a brossé lundi le scénario d'une récession "vraisemblablement trÚs au-delà des -2,2%" en France cette année.

Mardi, une quinzaine de syndicats et associations, dont la CGT, la FSU, Greenpeace ou la Confédération paysanne, ont lancé une pétition pour exiger du gouvernement des mesures à court pour répondre à la crise sanitaire et à long termes pour "que plus jamais une telle situation se reproduise".

La période de confinement aura au moins permis une forte baisse des crimes et délits pendant le mois de mars, de l'ordre de 45% pour la majorité des indicateurs.

AFP

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