Coronavirus

75.000 morts dans le monde, Boris Johnson en soins intensifs

  • PubliĂ© le 7 avril 2020 Ă  15:42
  • ActualisĂ© le 7 avril 2020 Ă  16:04
Image diffusée par le 10 Downing Street du Premier ministre britannique Boris Johnson, le 3 avril 2020 à Londres

La santĂ© de Boris Johnson, malade du Covid-19, s'est brutalement dĂ©gradĂ©e: le Premier ministre britannique est en soins intensifs mardi, alors que la pandĂ©mie a fait plus de 75.000 morts dans le monde, dont prĂšs des trois-quarts en Europe, oĂč la dĂ©crue du nombre de dĂ©cĂšs ne s'est pas confirmĂ©e.

L'inquiétude est forte au Royaume-Uni, aprÚs l'admission de son dirigeant dans une unité de soins intensifs lundi soir à Londres. "Le Premier ministre a reçu un soutien en oxygÚne et il reste sous étroite surveillance", mais il n'a "pas été placé sous respirateur", a indiqué le ministre d'Etat Michael Gove, sur la radio LBC.

La nouvelle "illustre Ă  quel point ce virus ne fait aucune diffĂ©rence entre les gens. N'importe qui, oĂč que ce soit, y compris les plus privilĂ©giĂ©s dans notre sociĂ©tĂ©, peut ĂȘtre affectĂ© et tomber gravement malade", souligne Linda Bauld, professeur de mĂ©decine de l'universitĂ© d'Edimbourg. Le conservateur, ĂągĂ© de 55 ans, est le seul chef d'Etat ou de gouvernement d'une grande puissance Ă  avoir contractĂ© la maladie.

PriĂ© "de le remplacer lĂ  oĂč nĂ©cessaire", le chef de la diplomatie Dominic Raab s'est engagĂ© Ă  agir pour "vaincre le coronavirus" durant la pĂ©riode d'hospitalisation de son chef: avec 5.373 dĂ©cĂšs, le Royaume-Uni est l'un des pays d'Europe les plus durement touchĂ©s. Des messages de soutien ont affluĂ© de toutes parts, du cĂŽtĂ© des EuropĂ©ens, de Donald Trump, qui a souhaitĂ© un prompt rĂ©tablissement Ă  son "trĂšs bon ami" ou de Vladimir Poutine qui a estimĂ© que "l'optimisme et l'humour" de Boris Johnson l'aideront Ă  guĂ©rir.

- Crainte d'une pénurie de médicaments -

L'Europe, le continent le plus frappé par la pandémie, espérait une confirmation de la lueur d'espoir du week-end, lorsque le nombre de décÚs avait baissé dans les deux pays en premiÚre ligne, l'Italie et l'Espagne. Mais le bilan quotidien est reparti à la hausse en Espagne mardi, aprÚs quatre jours de baisse, avec 743 morts qui portent le total à 13.798.

La veille, la mĂȘme tendance avait Ă©tĂ© observĂ©e en Italie, avec 636 dĂ©cĂšs supplĂ©mentaires dans le pays le plus endeuillĂ© au monde (plus de 16.500 morts), ainsi qu'en France (833 dĂ©cĂšs, 8.911 au total). Et la crainte d'une pĂ©nurie de mĂ©dicaments se fait jour sur le continent: la pandĂ©mie mange les stocks, des sĂ©datifs administrĂ©s pour l'intubation de patients, jusqu'aux mĂ©dicaments antipaludĂ©ens.

La chanceliÚre allemande Angela Merkel a d'ailleurs souhaité une Union européenne plus forte, admettant que le bloc des 27 devait devenir plus "souverain", notamment dans la production de masques sanitaires. Les ministres des Finances de l'UE espÚrent surmonter leurs divisions pour s'entendre mardi sur de premiÚres mesures économiques face au coronavirus, mais l'absence de consensus sur un emprunt commun, réclamé par Paris, Rome et Madrid, jette une ombre sur les chances d'un accord.

- Aucun décÚs en Chine -

En Iran, le coronavirus a fait prĂšs de 3.900 morts, selon des chiffres officiels publiĂ©s mardi et montrant une baisse des nouveaux cas pour le septiĂšme jour d'affilĂ©e. La Chine, elle, attendait ça depuis trois mois: pour la premiĂšre fois mardi, le pays n'a annoncĂ© aucun dĂ©cĂšs du Covid-19, quelques heures avant la levĂ©e du bouclage de la ville de Wuhan, oĂč est apparu le coronavirus fin 2019. Le pays s'achemine ainsi encore un peu plus vers une sortie de crise.

Un débat mondial s'esquisse déjà sur le "déconfinement", suscitant la crainte d'un relùchement chez les prÚs de quatre milliards de personnes, soit plus de la moitié de l'humanité, aujourd'hui contraintes ou appelées par leurs autorités à rester cher elles. L'Autriche a évoqué un assouplissement progressif de ses rÚgles de confinement à partir du 14 avril.

Mais le Japon a lui décidé de proclamer l'état d'urgence, d'une durée initiale d'un mois, pour Tokyo et six autres régions de l'archipel face à une récente accélération du nombre de cas de Covid-19 dans l'archipel.

- Un 11 septembre quotidien -

Les autorités japonaises ne peuvent juridiquement pas imposer un confinement strict, mais les gouverneurs régionaux ont la possibilité d'insister auprÚs de la population afin qu'elle reste chez elle et de demander la fermeture temporaire de commerces non essentiels.

Aux Etats-Unis, qui ont franchi la barre des 10.000 morts, Andrew Cuomo, gouverneur de l'Etat de New York, épicentre américain de l'épidémie, a prolongé jusqu'au 29 avril les mesures de confinement. A New York se pose dorénavant la question du sort réservé aux morts, toujours plus nombreux. Pat Marmo, qui gÚre cinq maisons de pompes funÚbres à travers la ville, souligne avoir actuellement "trois fois plus" de décÚs qu'en temps normal. "C'est comme un 11 septembre 2001 qui durerait des jours et des jours", résume-t-il.

Et la cathĂ©drale Saint-Jean le ThĂ©ologien, Ă  Manhattan, est en train d'ĂȘtre transformĂ©e en hĂŽpital de campagne, avec des tentes mĂ©dicales dans sa longue nef et sa crypte souterraine. "Au cours des siĂšcles prĂ©cĂ©dents, les cathĂ©drales Ă©taient toujours utilisĂ©es de cette façon, comme pendant la peste", a observĂ© le doyen de la cathĂ©drale, Clifton Daniel.

La pandémie renforce aussi les angoisses, comme celles des femmes enceintes. "On m'a dit que l'examen des 20 semaines est trÚs trÚs important, et c'est ma premiÚre grossesse, mais je ne veux pas prendre de risque", confie Ainhoa Martinez Garcia, 36 ans, qui attend des jumeaux à Madrid et craint d'aller faire cette échographie dans un hÎpital débordé par l'afflux massif de patients atteints du Covid-19.

AFP

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