Après plusieurs déboires, les Ultim, ces maxi-trimarans de 32 m de long capables de voler, vont enfin prendre le départ mardi d'une course à leur mesure, la Brest Atlantiques, soit une confrontation à quatre sur les océans atlantiques nord et sud, qui devrait durer un mois.
"En temps de course, c'est presque un tour du monde. Ce qui est sûr, c'est que c'est un grand parcours que seuls des bateaux comme les nôtres sont capables de faire sans y passer 6 mois", assure à l'AFP l'un des marins de la flotte et détenteur du record du tour du monde en solitaire en 42 jours (soit 27,859 nm/50.000 km), François Gabart (à la barre du Trimaran Macif avec Gwnénolé Gahinet).
Cette course toute nouvelle se joue en double sur 14.000 milles nautiques (environ 26.000 km) de Brest à Brest, via deux points de passages obligés - mais sans arrêt - à Rio de Janeiro (Brésil) puis Le Cap (Afrique du Sud).
Elle a été imaginée pour et par les Ultim, une classe élitiste créée en janvier 2018, qui a connu des revers dans sa campagne d'exploration de la course au large en mode volant. Après avoir rêvé - trop tôt - d'une course autour du monde en solitaire à l'instar du mythique Vendée Globe (en monocoque Imoca) et qui aurait dû partir le 29 décembre de cette année, les multicoques géants ont dû revoir leur copie à la suite des casses subies lors de la Route du Rhum il y a un an.
- En double -
Il y avait bien la Transat Jaques Vabre, course en double partie le 27 octobre dernier du Havre. Mais faute d'entente entre la classe et les organisateurs, les géants des mers n'ont pas pu faire partie de cette fête.
Est alors née l'idée d'une course en double avec un parcours triangulaire, faite pour ces bateaux hors-normes. Elle aurait dû partir dimanche 3 novembre mais les mauvaises conditions météo ont appelé à la prudence.
Mardi, ce sera enfin le top départ pour Gabart et Gahinet, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim 3), Franck Cammas et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), et Yves le Blévec et Alex Pella (Actual Leader).
Ces marins d'exception, qui cumulent 21 tours du monde bouclés, pilotent des machines volantes équipées de foils, ces appendices latéraux de plusieurs mètres de longs qui sortent le bateau de l'eau pour le faire filer à des vitesses de plus de 40 noeuds (74 km/h).
A l'exception du multicoque de Le Blévec, ces engins sont de toute dernière génération: celui de Cammas et Caudrelier a été mis à l'eau à l'été 2018, celui skippé par Coville est un nouveau né, sorti des chantiers en mars. Gabart est à la barre d'un bateau datant de 2015, avec lequel il a battu le record du tour du monde fin 2017 mais aussi gagné plusieurs courses. Le Blévec navigue avec un bateau de 10 ans d'âge, qui avait permis à Coville d'établir un record du tour du monde en solo en 49 jours en décembre 2016.
- Atypique -
"C'est intéressant, il y a un vrai très haut niveau général. Il y a de l'enjeu, on nous attend, c'est audacieux, on est forcément décrié quand on est novateur. Le parcours est très atypique. Moi je n'ai jamais fait de courses aussi longues et engagées sur le temps. La partie après le Brésil est assez innovante, je vais la découvrir, je suis enthousiaste", souligne Coville, qui estime entre 28 et 30 jours le temps de cette course.
Pour Cammas, la Brest Atlantiques est également "une étape à franchir pour que la classe se permette de faire des choses plus longues", comme le tour du monde en solitaire, programmé pour 2023. "Cette course est plus difficile qu'une Transat Jacques Vabre, c'est un vrai défi pour nos bateaux d'arriver en bon état", prévient-il.
Le grand public pourra suivre cette épopée comme s'il y était grâce à la présence à bord d'un 'mediaman', chargé de filmer la vie à bord mais avec interdiction de prendre part à la performance du bateau.
AFP