Internement de fichiers S au nom du principe de précaution, un ministre mis en examen resterait au gouvernement

Ce qu'il faut retenir de l'intervention de Nicolas Sarkozy sur France 2, ce jeudi

  • PubliĂ© le 16 septembre 2016 Ă  11:32
Nicolas Sarkozy pendant "L'Emission politique" le 15 septembre 2016 Ă  Saint-Cloud

L'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, a justifié jeudi sur France 2 sa proposition d'interner des fichiers S suspectés de terrorisme au nom du "principe de précaution".

L'internement des fichiers S au nom du "principe de précaution"

"A quoi sert-il de faire des fichiers S si ces fichiers S qui portent atteinte à la sûreté de l?État, on n'en fait rien, on ne les examine pas, on les interroge pas, on les met pas en rétention?", a interrogé M. Sarkozy.

"Je demande que toute personne qui est sur un fichier S fasse l'objet d'un contrôle sur dossier et que les quelques centaines de personnes qui présentent des critères de dangerosité pour leurs fréquentations, la consultation régulière de sites jihadistes, leur radicalité... fasse l'objet d'un examen approfondi et soit mis, en vertu du principe de précaution, en rétention administrative", a poursuivi le candidat à la primaire.
"A ce moment-là, il y a trois solutions. Soit il n'a rien fait et on le relâche, et éventuellement on lui présente nos excuses bien sûr (...) ; soit ils sont en train de préparer, et les services spécialisés s'en rendent compte, un attentat, et dans ce cas-là c'est une procédure judiciaire ; soit ils sont en voie de grande radicalisation, et on les envoie dans un centre de déradicalisation", a dit M. Sarkozy.
"Il me semble que le principe de précaution s'applique tout autant à la sécurité des Français qu'à la protection de l'environnement", a déclaré M. Sarkozy au sujet de cette proposition décriée.
"Il y a chaque année en France 70.000 personnes victimes de troubles psychiatriques qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes (se suicider) ou pour leur entourage, ces 70.000 personnes chaque année font l'objet d'un internement administratif (...). Ce qui est donc possible pour 70.000 personnes pour des raisons psychiatriques n'est pas possible pour 200-300 personnes ?", a-t-il demandé.
Accusé de surenchère dans les propositions qu'il fait pour lutter contre le terrorisme, M. Sarkozy a répondu : "Est-ce qu'on peut faire mieux ? Oui. Est-ce qu'on peut faire différemment ? Ma réponse est oui. Sinon, c'est pas la peine d'être candidat à la présidence de la République".

Sarkozy président, un ministre mis en examen resterait au gouvernement, pour respecter "la présomption d'innocence"

Il a également indiqué que s'il était réélu président de la République, un ministre mis en examen resterait au gouvernement.

A la question "Appliqueriez-vous la jurisprudence Balladur (instauré quand Edouard Balladur était Premier ministre, entre 1993 et 1995, NDLR) si vous étiez élu", l'ex-chef de l'Etat a répondu: "Non. Je crois beaucoup à l'Etat de droit et à la présomption d'innocence. J'ai trop vu ce qui s'est passé avec M. Baudis qui a été insulté, bafoué" à tort, a-t-il ajouté lors de L'Emission politique à France 2.
Il faisait allusion à Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse, décédé en 2014, qui avait été faussement mis en cause, alors qu'il est président du CSA en 2003, dans une affaire liée au tueur en série Patrice Alègre.
"Le respect de la présomption d'innocence, ça compte", a insisté M. Sarkozy, mis en examen dans l'affaire Bygmalion.

M. Sarkozy a également affirmé qu'il assumait "toutes (s)es responsabilités" dans cette affaire. "J'ai été lavé de toute accusation mettant en cause ma probité" dans cette affaire, a-t-il dit, ajoutant: "Je ne peux être renvoyé (en correctionnelle) que pour la seule infraction du dépassement du compte de campagne".
Le 5 septembre dernier, le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de l'ex-président pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012.
Mis en examen en février, M. Sarkozy se voit reprocher notamment d'"avoir dépassé le plafond des dépenses électorales" fixé à 22,5 millions d'euros et de faire "état", dans son compte de campagne, d'"éléments comptables sciemment minorés". D'après les chiffres du réquisitoire, les dépenses supplémentaires, estimées au total à 23 millions environ, ont explosé ce plafond.

Par Harumi OZAWA - © 2016 AFP

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