Climat : l'Europe prolonge le suspense avant la COP

  • PubliĂ© le 5 novembre 2025 Ă  10:43
  • ActualisĂ© le 5 novembre 2025 Ă  11:14
Des drapeaux de l'Union européenne lors d'une réunion des ministres de l'Environnement des 27 à Bruxelles, le 4 novembre 2025

Des heures et des heures de négociations sans fumée blanche. Les Européens n'ont pas encore scellé de compromis sur leur trajectoire climatique et une nouvelle réunion est prévue mercredi matin pour tenter d'arracher un accord avant la COP au Brésil.

Les négociations se sont poursuivies quasiment toute la nuit. "Nous pensons disposer des bases nécessaires à un accord politique.

Nous espérons conclure officiellement un accord" dans la matinée, a indiqué le Danemark, qui occupe la présidence tournante de l'Union européenne.

Les ministres de l'Environnement des Vingt-sept doivent s'accorder à l'unanimité sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2035 - un chiffre que l'ONU leur réclame depuis des mois - et à la majorité qualifiée sur leur loi climat en 2040.

La pression monte encore alors que des dirigeants du monde entier sont attendus au Brésil jeudi et vendredi, en prélude à la COP30 qui démarre le 10 novembre à Belem.

Ne pas s'accorder sur 2035 avant Belem serait un "désastre" diplomatique pour l'Europe, a averti la ministre française de la Transition écologique Monique Barbut.

"Les discussions sont trÚs difficiles", reconnaissait un diplomate mardi soir. Le Danemark s'efforce notamment de convaincre l'Italie, l'un des pays réticents.

A ce stade, les Vingt-Sept n'ont pas endossé l'objectif proposé par la Commission européenne de baisser de 90% les émissions en 2040 par rapport à 1990 - l'UE en était à -37% en 2023 - , avec à la clé des transformations majeures pour l'industrie et le quotidien des Européens.

La dĂ©cision "doit ĂȘtre prise", a martelĂ© de son cĂŽtĂ© le ministre allemand Carsten Schneider. "Je souhaite que nos chefs d'État et de gouvernement se rendent au BrĂ©sil avec un mandat trĂšs fort, un rĂŽle de leader clair pour l'Europe".

Le bras de fer est tendu dans une Europe qui a relégué les questions climatiques derriÚre les enjeux de défense et de compétitivité ces derniers mois.

L'Espagne, les pays scandinaves et l'Allemagne soutiennent l'objectif de la Commission.

Mais pas la Hongrie, ni la Pologne, la République TchÚque ou l'Italie, qui y voient une menace pour leur industrie.

La France a quant Ă  elle entretenu le suspense jusqu'au bout, s'attirant les foudres des organisations environnementales.

Paris a successivement rĂ©clamĂ© des garanties sur le nuclĂ©aire, le financement des industries propres, puis un "frein d'urgence" pour prendre en compte les incertitudes sur la capacitĂ© des puits de carbone (forĂȘts, sols...) Ă  absorber du CO2, au moment oĂč l'Ă©tat des forĂȘts se dĂ©grade en Europe.

- "Echappatoires inutiles" -

Pour rassurer les plus réticents, les négociations portent sur ces "flexibilités" accordées aux Etats, dont la possibilité d'acquérir des crédits carbone internationaux, qui financeraient des projets en dehors de l'Europe.

La Commission européenne a fait un geste début juillet en proposant d'intégrer jusqu'à 3% de ces crédits carbone dans la baisse des émissions de 90%.

Insuffisant pour une série de pays, dont l'Italie ou la France, qui fixe désormais comme condition une part de 5% de crédits internationaux pour adopter l'objectif 2040.

Des Etats ont aussi poussé pour inscrire dans cette loi climat une clause de révision tous les deux ans, qui permettrait d'ajuster l'objectif s'il s'avérait trop difficile à atteindre.

Autant de concessions qui hérissent les organisations environnementales. "Les Etats membres ne devraient pas affaiblir" davantage les ambitions européennes avec "des échappatoires inutiles tels que les crédits carbone internationaux", critique Sven Harmeling, du réseau d'ONG CAN Europe.

Un diplomate relativise. Le compromis que l'UE pourrait adopter mercredi "ne sera pas forcément trÚs joli", mais "nous essayons de faire quelque chose de bien" dans le "monde réel et désordonné tel qu'il est".

Le leadership de l'Europe en matiÚre climatique est "reconnu" par le reste du monde, a aussi assuré le commissaire européen Wopke Hoekstra, alors que l'UE vise la neutralité climatique en 2050.

Sur l'échéance 2035, les pays européens avaient tenté de déminer le terrain au mois de septembre en mettant en avant une fourchette de réduction des émissions comprise entre -66,25% et -72,5% par rapport à 1990.

Il leur appartient désormais de formaliser cette derniÚre pour qu'elle devienne l'objectif contraignant qu'attend l'ONU, la "NDC" dans le jargon onusien.

TrÚs loin derriÚre la Chine, l'Union européenne est le quatriÚme émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, aprÚs les Etats-Unis et l'Inde.

AFP

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