COP25

Climat: le monde tergiverse, malgré rapports alarmants et mobilisation citoyenne

  • PubliĂ© le 2 dĂ©cembre 2019 Ă  07:04
  • ActualisĂ© le 2 dĂ©cembre 2019 Ă  09:45
Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, en conférence de presse à la veille de l'ouverture de la COP25 à Madrid, le 1er décembre 2019

L'Humanité, qui subit les assauts du dérÚglement climatique, a presque atteint le "point de non-retour", mais la 25e conférence climat de l'ONU (COP25), à partir de ce lundi à Madrid, risque de ne pas répondre aux appels pressants à des actions immédiates et radicales.

Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions... Depuis un an, les pays signataires de l'accord de Paris sont la cible d'une pression sans précédent que résume le mot d'ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction. "Nous ne pouvons plus remettre à plus tard l'action climatique", a confirmé la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera, dont le pays accueille au pied levé la COP25 aprÚs le désistement du Chili, qui assure toutefois sa présidence.

Ce mĂȘme message a Ă©tĂ© martelĂ© sans relĂąche par l'ONU Ă  l'approche du rendez-vous. "Le point de non-retour n'est plus loin Ă  l'horizon, il est en vue et se rapproche de nous Ă  toute vitesse", a dĂ©clarĂ© dimanche son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Antonio Guterres, dĂ©nonçant des engagements "totalement insuffisants" contre le rĂ©chauffement.

"Depuis des décennies, l'espÚce humaine est en guerre contre la planÚte et la planÚte rend coup pour coup. Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature", a-t-il lancé.

- Chaque degré compte -

Quelques jours plus tÎt, le Programme de l'ONU pour l'environnement portait un coup aux espoirs d'atteindre l'objectif idéal de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'Úre pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dÚs l'an prochain et jusqu'à 2030. Alors qu'il n'y a aucun signe qu'elles commencent à baisser.

Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraßnant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter l'ampleur des dérÚglements.

Or au rythme actuel, la tempĂ©rature pourrait grimper jusqu'Ă  4 ou 5°C d'ici Ă  la fin du siĂšcle. Et mĂȘme si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dĂ©passer 3°C. "Ce qui manque toujours, c'est la volontĂ© politique", a dĂ©plorĂ© Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus Ă©metteurs de CO2, "qui ne font pas leur part".

"Certains pays comme la Chine et le Japon donnent des signes de leur réticence à augmenter leur ambition", a estimé Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris.

Quant aux Etats-Unis, ils viennent de confirmer leur retrait de cet accord l'an prochain, mĂȘme si le "peuple amĂ©ricain" est engagĂ© contre le changement climatique, a assurĂ© l'influente prĂ©sidente de la Chambre des reprĂ©sentants, la dĂ©mocrate Nancy Pelosi, qui devrait ĂȘtre lundi Ă  Madrid.

- Les yeux vers l'UE -

Dans ce contexte, les yeux se tournent vers l'Union européenne et son tout nouvel exécutif qui sera présent lundi, aux cÎtés d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernements, dont une quinzaine de l'UE.

La Commission européenne, dont la nouvelle présidente Ursula Von der Leyen s'est engagée pour un "green deal" européen, "est le nouvel élément politique de la COP25", note ainsi Mme Tubiana. Elle espÚre que, lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

Mais mĂȘme dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l'UE prĂ©sente une rĂ©vision de ses ambitions Ă  plus court terme. Aujourd'hui, seuls 68 pays se sont engagĂ©s Ă  revoir Ă  la hausse leurs engagements de rĂ©duction d'Ă©missions de CO2 en 2020, avant la COP26 Ă  Glasgow. Mais ils ne reprĂ©sentent que 8% des Ă©missions mondiales, selon les experts.

"Les décideurs doivent montrer qu'ils se préoccupent des communautés vulnérables les plus à risque, et pas des industries puissantes et motivées par le profit", a plaidé Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International.

Outre les actions, les pays du Sud attendent de leur cÎté plus d'aide et de soutien des pays du Nord pour faire face aux impacts du changement climatique. "Nous appelons ceux qui sont le plus responsables de cette crise à honorer leur responsabilité envers les plus vulnérables, en ne sacrifiant pas les Etats insulaires en voie de développement", a ainsi plaidé le groupe Aosis, représentant ces petites ßles particuliÚrement menacées par la montée des océans.

AFP

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