Espace

Des astronomes détectent enfin un trou noir "poids-moyen"

  • PubliĂ© le 10 juillet 2024 Ă  19:59
  • ActualisĂ© le 10 juillet 2024 Ă  21:17
Image de l'amas stellaire Omega centauri, prise par le télescope Hubble, et distribuée par l'Agence spatiale européenne le 10 juillet 2024

L'Univers est riche de trous noirs, avec des poids lourds supermassifs nichĂ©s au cƓur des galaxies ou des poids lĂ©gers conçus dans l'effondrement d'une Ă©toile, mais la quĂȘte d'un "poids moyen" Ă©tait jusqu'ici sans succĂšs.

Des astronomes ont affirmé mercredi avoir trouvé la meilleure preuve d'un tel chaßnon manquant dans Omega centauri, le plus grand amas d'étoiles de la Voie lactée, à quelques 18.000 années lumiÚres de la Terre.

Ils ont remarqué "quelque chose de curieux" au centre de cet amas de quelques dix millions d'étoiles, a expliqué à l'AFP Maximilian HÀberle, doctorant à l'Institut allemand Max Planck pour l'astronomie.

Sept Ă©toiles s'y dĂ©plaçaient trop rapidement par rapport Ă  leurs consƓurs, ce qui aurait dĂ» les faire sortir de l'amas. Mais elles semblaient retenues par l'attraction gravitationnelle d'un corps aussi massif qu'invisible.

- "Un trĂšs grand espace" -

Des calculs simulant le mouvement des sept Ă©toiles ont permis de dĂ©terminer qu'il s'agissait d'un trou noir nichĂ© au cƓur d'Omega centauri et dotĂ© d'une masse Ă©quivalente Ă  celle de 8.200 Soleil.

Exactement celle qu'on pourrait attribuer Ă  un trou noir intermĂ©diaire. Un trou noir dit stellaire peut avoir une masse jusqu'Ă  quelques 150 masse solaire, quand un supermassif dĂ©passe aisĂ©ment les 100.0000 masse solaire. Par exemple, Sagittarius A*, au cƓur de la voie lactĂ©e, a une masse de quatre millions de fois celle du Soleil.

Ce qui laisse "un trĂšs grand espace" entre ces deux extrĂȘmes pour les trous noirs intermĂ©diaires, a remarquĂ© Maximilian HĂ€berle, premier auteur de l'Ă©tude parue dans Nature. Et trĂšs peu de candidats pour les reprĂ©senter.

Les trous noirs sont impossibles Ă  dĂ©tecter autrement qu'indirectement, car mĂȘme la lumiĂšre ne peut Ă©chapper Ă  leur force gravitationnelle. Ceux de catĂ©gorie intermĂ©diaire sont d'autant plus discrets qu'ils absorbent peu de matiĂšre environnante et Ă©mettent donc moins de lumiĂšre Ă  ce moment lĂ .

Maximilian HÀberle espÚre que cette découverte mettra un terme à deux décennies de disputes entre astronomes pour savoir si Omega centauri abrite un trou noir intermédiaire.

L'équipe a fouillé les données de vingt ans d'observations du télescope Hubble pour déterminer le mouvement d'1,4 million d'étoiles dans Omega centauri. Ils ont pu exclure des scénarios impliquant plusieurs trous noirs stellaires ou des systÚmes d'étoiles binaires, selon M. HÀberle.

Une confirmation définitive de l'existence du trou noir intermédiaire nécessiterait d'observer directement le mouvement des étoiles en orbite autour de lui, ce qui nécessiterait des centaines d'années, a-t-il ajouté.

- Meilleure preuve -

Plusieurs astronomes non liés à l'étude ont estimé qu'il s'agissait là de la meilleure preuve à date de l'existence des trous noirs intermédiaires.

"Ce résultat ouvre la porte pour savoir à quel point de tels trous noirs sont courants", a dit à l'AFP Jenny Greene, astrophysicienne à l'Université de Princeton. Au moins autant que les trous noirs supermassifs, selon elle, voire jusqu'à cinq fois plus nombreux.

L'étude de ces objets étranges doit permettre aussi de comprendre comment les trous noirs gagnent en masse. Une théorie veut ainsi que des trous noirs fusionnent entre eux.

Mais cela n'explique pas la découverte récente avec le télescope James Webb de trous noirs supermassifs seulement quelques centaines de millions d'années aprÚs le Big bang, dans les premiers ùges de l'Univers.

Car des trous noirs stellaires n'auraient alors pas eu suffisamment de temps pour fusionner en grand nombre et donner naissance Ă  ces poids lourds.

Les astronomes placent tous leurs espoirs dans la mise en route attendue en 2028 de l'ELT (Extremely large telescope), le plus grand télescope au monde, pour tenter d'en savoir plus sur les trous noirs, moyens et lourds.

AFP

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