AprÚs la mort de la légende

Des bidonvilles aux bolides de luxe, Maradona raconté par ses agents

  • PubliĂ© le 27 novembre 2020 Ă  17:36
  • ActualisĂ© le 27 novembre 2020 Ă  18:07
Napoli fans idolised Diego Maradona

"Renfermé" et "éblouissant", "deux hommes en un": deux agents de Diego Maradona ont raconté à l'AFP leur relation avec l'icÎne argentine, légende du football décédée mercredi à 60 ans. "C'était un personnage complexe", se rappelle le Britannique Jon Smith, son agent pendant une partie de sa période napolitaine.

"C'Ă©tait deux hommes en un, vraiment. Il y avait Diego, le gentil garçon des bidonvilles de Buenos Aires qu'il a toujours gardĂ© en lui. Et puis il y avait Maradona, l'antithĂšse de cela. C'Ă©tait l'artiste, le showman, le fĂȘtard. Il Ă©tait tout ce que Diego n'Ă©tait pas", se rappelle-t-il. "Les gens parlent de lui comme d'un gĂ©nie imparfait. Mais j'ai rencontrĂ© plusieurs gĂ©nies et ils avaient tous des imperfections. Ils ont un immense talent, mais quand vous avez tout rĂ©ussi, qu'est-ce qu'il vous reste?", dit-il, le comparant Ă  Elvis Presley qui a comme lui eu des problĂšmes de drogue. "Diego en Ă©tait arrivĂ© Ă  un point oĂč son corps Ă©tait au maximum et partait en vrille. Il y avait trop de tentations, mais malgrĂ© toutes ces zones d'ombre, il Ă©tait Ă©blouissant."

- "La force des plus grands" -

Josep Maria Minguella, qui a fait venir Maradona en 1982 au FC Barcelone, son premier club en Europe, se rappelle d'un garçon tout timide. "Quand on était en déplacement avec l'équipe, les joueurs sortaient se promener le matin et lui restait dans sa chambre. On le voyait trÚs peu", se rappelle-t-il. Minguella le compare inévitablement à Lionel Messi, qu'il a également fait venir d'Argentine au Barça: "Ce sont des joueurs obsédés par leur jeu, par le football, obsédés par la construction, par arriver le plus vite possible dans la surface et marquer des buts".

AprĂšs deux saisons mitigĂ©es Ă  Barcelone, Maradona est transfĂ©rĂ© en 1984 Ă  Naples, oĂč il bĂątira sa lĂ©gende. "Diego n'a pas eu de chance. Il n'est restĂ© que deux ans, une grave blessure et une maladie l'ont empĂȘchĂ© d'exploser, l'explosion est arrivĂ©e Ă  Naples", se rappelle l'agent qui l'avait dĂ©couvert en 1976, alors qu'il jouait encore Ă  Argentinos Juniors. "Il est passĂ© de l'anonymat au meilleur niveau europĂ©en. C'est la force des plus grands", admire Josep Maria Minguella.

- Ferrari cabossées -

Jon Smith, devenu l'agent de Maradona aprĂšs son titre de champion du monde 1986, grĂące Ă  l'entremise d'Osvaldo Ardiles, un autre international argentin, souligne que le "Pibe de Oro" avait Ă  Naples un entourage sulfureux. "Il avait autour de lui des gens... intĂ©ressants, disons", raille l'Anglais, qui depuis Londres n'a pas pu l'empĂȘcher de cĂ©der aux mauvaises tentations. "On lui trouvait des contrats publicitaires, comme avec Coca-Cola, mais il Ă©tait influencĂ© par beaucoup d'autres choses". Et de se rappeler une anecdote sur la façon qu'avait l'Argentin de brĂ»ler la chandelle par les deux bouts en Italie.

"A Naples, il aimait collectionner les Ferrari. Un jour, j'y étais pour déjeuner avec lui et il m'a fait descendre dans son garage pour me montrer sa derniÚre acquisition. Il en avait plusieurs et j'ai remarqué que plusieurs étaient trÚs cabossées. Il y en avait une qui donnait l'impression que quelqu'un l'avait piétinée."

"Alors, dans son plus mauvais anglais, il m'a dit: +le problĂšme c'est que quand je m'arrĂȘte au feu rouge, des supporters se jettent sur moi+. Alors je crois que le meilleur contrat que j'aie jamais nĂ©gociĂ© pour lui, c'est d'avoir convaincu la police napolitaine de le laisser griller les feux rouges", raconte Jon Smith.

Jusqu'à la derniÚre année de contrat du "Diez" à Naples, quand Jon Smith n'entend plus parler de Maradona. "En 1991, les +puissances+ qu'il y avait à Naples m'ont remercié pour mon excellent travail et m'ont dit qu'on n'avait plus besoin de moi."

AFP

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