Justice

En appel, Barbarin ne voit toujours pas "en quoi" il serait "coupable"

  • PubliĂ© le 28 novembre 2019 Ă  15:27
  • ActualisĂ© le 28 novembre 2019 Ă  15:55
Le cardinal français Philippe Barbarin (C) arrive à l'audience de son procÚs en appel à Lyon le 28 novembre 2019

JugĂ© en appel Ă  Lyon pour ne pas avoir dĂ©noncĂ© les abus sexuels passĂ©s d'un prĂȘtre, le cardinal Barbarin a rĂ©pĂ©tĂ© jeudi qu'il ne comprenait pas sa condamnation dans cette affaire.

"Quelle est la raison de votre appel ?", lui demande le président de la cour, Eric Seguy, en entamant son interrogatoire sur les faits.

"C'est un droit que la justice française me donne, je le saisis parce que je n'arrive pas bien Ă  voir en quoi je suis coupable et quels sont les faits qu'on me reproche", rĂ©pond l'archevĂȘque de 69 ans, condamnĂ© le 7 mars Ă  six mois de prison avec sursis. Il avait fait appel du jugement le lendemain.

"J'ai reconnu des torts ou des difficultĂ©s mais je n'ai pas pensĂ© que j'avais Ă  aller devant la justice, et je crois que lui non plus, lors de ma rencontre avec M. Hezez en 2014", a ajoutĂ© M. Barbarin. "Ce n'est passĂ© ni dans sa tĂȘte, ni dans la mienne."

Alexandre Hezez, un ancien scout de la rĂ©gion, avait mis au courant le cardinal, en 2014, des agressions qu'il avait subies dans les annĂ©es 1980 d'un prĂȘtre du diocĂšse, Bernard Preynat, aujourd'hui dĂ©froquĂ© et dans l'attente de son procĂšs en janvier.

"Les faits pour lui Ă©taient prescrits et empĂȘchaient une action devant la justice, j'ai donc agi devant mon autoritĂ© Ă  moi, celle de Rome", se dĂ©fend l'archevĂȘque.

En 2015, M. Hezez avait finalement pris la dĂ©cision de porter plainte auprĂšs du parquet de Lyon malgrĂ© cette prescription, dĂ©clenchant l'ouverture de l'enquĂȘte sur Preynat, dont neuf victimes ont ensuite dĂ©cidĂ© de poursuivre le cardinal pour non-dĂ©nonciation.

Philippe Barbarin, prostré sur le banc des prévenus en écoutant le président résumer les faits, s'est ensuite exprimé d'une voix assurée à la barre, comme en premiÚre instance.

Il assure qu'avant 2014, lui n'a rien su de prĂ©cis sur les agissements de Preynat alors qu'il pourrait "donner les noms d'une quinzaine de familles qui savaient et qui regrettent aujourd'hui de n'avoir rien dit". "Une victime m'a dit: +je vous attaque vous car je ne vais pas attaquer mon pĂšre, quand mĂȘme+", poursuit-il.

En 2010 pourtant, il avait convoquĂ© le prĂȘtre pour l'interroger sur son passĂ©, avant de le renommer Ă  la tĂȘte d'une paroisse. Mais son seul souci, explique-t-il, Ă©tait alors de savoir s'il avait pu recommencer ses agressions aprĂšs 1991.

"Pourquoi on me reproche de l'avoir cru ? On ne le reproche pas à la police aujourd'hui alors qu'il est libre et qu'il peut aller à la sortie d'une école s'il le souhaite", lance le cardinal à la cour, sans sourciller.

AFP

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