En Inde, Poonch pleure la mort de ses jumeaux sous les obus pakistanais

  • PubliĂ© le 10 mai 2025 Ă  14:38
  • ActualisĂ© le 10 mai 2025 Ă  15:04
Un habitant passe prĂšs de l'endroit oĂč les jumeaux Zian Khan et Urwa Fatima ont Ă©tĂ© fauchĂ©s par des obus pakistanais, Ă  Poonch, dans le nord-ouest de l'Inde, le 9 mai 2025

Zian Khan, 12 ans, et sa jumelle Urwa Fatima ont été tués par un obus pakistanais.

Pour tous les habitants de la ville indienne de Poonch (nord-ouest), ils sont le visage de la guerre qui a changé à jamais le cours de leurs vies.

Le frĂšre et la sƓur ont Ă©tĂ© fauchĂ©s mercredi matin tout prĂšs de leur maison, alors que l'artillerie du Pakistan ripostait aux frappes ordonnĂ©es par l'Inde aprĂšs l'attentat meurtrier de Pahalgam.

Leur mÚre, Urusa Khan, 30 ans, n'a été que légÚrement blessée par les éclats. Leur pÚre, Rameez Khan, 46 ans, a été griÚvement touché et hospitalisé entre la vie et la mort.

Ce matin-là, c'est un déluge de feu qui a plu sur Poonch, le long de la "ligne de contrÎle" qui sépare le Cachemire entre les deux pays.

Le bilan est lourd, trÚs lourd. Au moins 12 morts, 49 blessés et des dizaines de maisons éventrées.

Ces trois derniers jours, les bombardements n'ont pas cessé. La nuit, le jour, entrecoupés de quelques heures de répit. La plupart de ses 60.000 habitants en ont profité pour fuir vers l'arriÚre.

Cousin des jumeaux, Sarfaraz Mir, 40 ans, n'a pas rejoint cet exode. Il fait partie des quelques milliers restés dans les ruines de la ville-fantÎme.

"Aucun d'entre nous n'avait jamais imaginĂ© que notre ville ou une autre zone civile puisse un jour ĂȘtre prise pour cible comme ça", confie-t-il. "Mais il semble que notre ville a Ă©tĂ© visĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©ment. Les gens ont encore trĂšs peur..."
Sarfaraz Mir décrit avec précision les instants qui ont précédé la mort des deux adolescents.

La famille venait juste de franchir le seuil de la maison, tout prÚs de l'école d'Urwa et Zian, pour échapper aux obus. Leur mÚre a alors brusquement fait demi-tour pour prendre à l'intérieur quelque chose qu'elle avait oublié.

"A cet instant précis, un obus a explosé juste à cÎté de leur logement", se souvient le cousin. Urwa est morte instantanément, son frÚre peu aprÚs.

- "Un choc impensable" -

"Les gens ne se sont occupés du pÚre que plus tard", poursuit Sarfaraz. "Il avait perdu beaucoup de sang, il est toujours dans un état critique".

Avec la mort des deux enfants est venu pour la famille le temps du regret. Celui d'avoir quittĂ© le village de Chaktroo oĂč elle habitait pour emmĂ©nager prĂšs de leur Ă©cole.

"Leur mort a été un choc impensable", soupire Fiaz Diwan, 30 ans, un proche.

"Ils seraient encore en vie si leurs parents n'avaient pas voulu leur donner la meilleure Ă©ducation et le meilleur avenir", continue-t-il, "je ne peux m'empĂȘcher de penser Ă  leur dĂ©tresse".

De nombreux habitants la partagent, eux aussi touchés dans leur chair par la brutale vague de violence qui s'est abattue sur la ville.

Poonch "est un bouquet de communautés - Hindous, Sikhs, Musulmans - qui vivent harmonieusement ensemble", souligne Sarfaraz Mir.

"On dirait qu'ils (les Pakistanais) ont voulu s'en prendre à ça", regrette-t-il.

Un temple sikh et un autre hindou ont été endommagés par les bombardements.

Le secrétaire du ministÚre des Affaires extérieures indien, Vikram Misri, a publiquement accusé l'armée pakistanaise d'avoir frappé ces lieux de culte "dans un but précis". "Le Pakistan n'était jamais tombé aussi bas", a-t-il lùché.

New Delhi a accusé Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'il soupçonne d'avoir assassiné 26 civils le 22 avril dernier. Le Pakistan a démenti fermement toute implication dans l'attaque.

Depuis la mort de Zian et Urwa, leur cousin reste inconsolable. Seul le courage de leur mÚre lui a redonné un peu d'espoir.
SitÎt ses deux enfants enterrés, elle est retournée à l'hÎpital au chevet de son mari, qui ignore toujours leur mort. "Dieu lui a donné des nerfs d'acier pour traverser tout ça avec autant de calme et de dignité", salue Sarfaraz Mir.

AFP

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