Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis mardi de prison en Iran et que Paris considérait comme des "otages d'Etat", vivaient mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France après trois ans et demi d'éprouvante détention, en attendant de pouvoir rentrer dans leur pays à une date inconnue.
"Je les ai trouvés très heureux, très soulagés tous les deux par cette libération", a raconté mercredi matin sur la radio publique France Inter l'ambassadeur de France à Téhéran Pierre Cochard, qui est allé les chercher mardi à la sortie de la prison d'Evin, à la sinistre réputation.
Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu par visioconférence avec les deux anciens prisonniers mercredi matin. "Cela a été très émouvant pour eux et pour le président. Ils l'ont remercié pour son engagement" pour obtenir leur libération, a-t-il aussi déclaré sur la radio RTL.
En attendant la visite d'un médecin dépêché par les services diplomatiques français, l'ambassadeur a assuré qu'ils allaient bien, et a donné quelques éléments sur le déroulé de leur libération.
"On s'est rendu à la prison d'Evin, qui est au nord de Téhéran. L'ambassade se trouve plutôt au centre, donc il y a un trajet important.
On s'est présentés, il y avait plusieurs portes à franchir, une barrière. Cela a pris un peu de temps, en coordination avec les autorités iraniennes", a-t-il expliqué sur France Inter. "Les grands portes de la prison d'Evin se sont ouvertes, et on a pu croiser le regard de Cécile et Jacques", qui "avaient été informés à la dernière minute" de leur sortie.
"C'est évidemment un moment qu'on n'oublie pas", a-t-il dit. "Les premiers mots, c'étaient des larmes, des sourires mêlés de larmes.
On est restés quelques instants ensemble et puis ensuite on est montés dans la voiture" pour gagner l'abri de l'ambassade, où ils sont protégés par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, en espérant pouvoir quitter rapidement la République islamique.
- Vers une normalisation ? -
Les autorités iraniennes, qui les accusaient d'espionnage, considèrent pour l'heure qu'ils sont en "libération conditionnelle", "libérés sous caution" et "placés sous surveillance jusqu'à la prochaine étape judiciaire".
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a souligné sur RTL que la France n'avait "pas de certitude sur le moment où" la libération définitive de Cécile Kohler et Jacques Paris interviendrait.
"Mais nous n'allons ménager aucun effort pour obtenir leur retour en France dans les meilleurs délais", a-t-il promis. Leur sortie de prison "n'est qu'une étape, et nous allons continuer à nous mobiliser sans relâche pour obtenir leur libération définitive".
Professeure de lettres de 41 ans, et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.
Considérés comme des "otages d'Etat" par la France, qui à l'instar d'autres pays occidentaux, accuse Téhéran de capturer des étrangers sur son sol pour négocier ensuite leur libération, ils étaient les deux derniers Français détenus sur le sol Iranien.
Lourdement sanctionné par de nombreux membres de la communauté internationale, notamment pour ses activités nucléaires, l'Iran détiendrait selon des sources diplomatiques au moins une vingtaine d'Occidentaux qu'il pourrait utiliser comme levier pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants à l'étranger ou obtenir des gages politiques.
Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran avait rendu publique en septembre la possibilité d'un accord de libération en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux.
L'élargissement de Cécile Kohler et Jacques Paris pourrait ouvrir la voie vers un apaisement des relations entre l'Iran et la France.
"Lorsqu'ils seront sur le territoire français, effectivement, cela ouvrira une possibilité de renouer des relations normales avec ce pays", a estimé M. Cochard.
Les deux Français lui dont "demandé de passer un message pour dire à leurs familles, mais aussi à tous ceux qui les ont soutenus en France, que sans ce soutien, il n'auraient pas pu tenir".
AFP
