La chambre de l’instruction de Saint-Denis examinait ce mardi 4 novembre 2025 l’appel formé par le parquet contre le placement sous contrôle judiciaire de Naïka S., mise en examen dans le cadre de l’affaire du meurtre présumé de Jean-Laurent Pothin, disparu à Sainte-Anne en 2021. Le ministère public a demandé sa détention provisoire. Sans succès (Photo RB imazpress.com)
Naïka S., 24 ans, est soupçonnée d’avoir joué un rôle actif après la mort de Jean-Laurent Pothin, retrouvé quatre ans après sa disparition. Elle est mise en examen pour recel de cadavre et abstention volontaire d’empêcher un crime.
Petite, boulotte, nerveuse, vêtue d’un jean et d’un haut fleuri, la jeune femme apparaît très tendue à la barre. Elle aurait été témoin de la scène meurtrière, sur fond de jalousie et d’alcool, entre la victime et Jean-Willy Grondin, son compagnon de l'époque et principal suspect mis en examen pour meurtre.
Selon l’enquête, elle n’aurait rien fait pour empêcher la violence, puis aurait aidé à dissimuler le corps. C’est d’ailleurs elle qui aurait désigné aux gendarmes le lieu où le corps avait été abandonné et fourni plusieurs éléments ayant permis de confondre le meurtrier présumé.
- Un risque de concertation selon le parquet -
Pour l’accusation, le placement sous contrôle judiciaire décidé en octobre ne garantit pas la sérénité de l’enquête. Le parquet général estime que la jeune femme pourrait entrer en contact avec d’autres protagonistes encore libres ou faire pression sur des témoins.
“Nous ne sommes pas dans une affaire close, mais dans un dossier mouvant, où chacun cherche encore à sauver sa version”, a fait valoir le ministère public, rappelant que la prévenue avait déjà changé plusieurs fois de déclarations et évoqué récemment l’existence d’une “cinquième personne” sans en préciser l’identité.
Le parquet pointe également un “risque de concertation” avec un autre co-mis en examen au domicile duquel les actes mortels se seraient déroulés, toujours libre, et souligne l’absence de “remords véritables” chez la jeune femme.
- Une défense qui plaide la confiance -
Son avocat, Me Fabian Gorce, a tenté de convaincre la cour que le maintien en liberté, sous contrôle strict, reste la solution la plus équilibrée. “Les faits datent de 2021. Si elle avait dû exercer des pressions, ce serait déjà fait. Elle n’a pas participé au transport ni à l’abandon du corps. Elle a au contraire permis à la vérité d’avancer”, a plaidé la défense, appelant la justice à “lui faire confiance”.
Le casier judiciaire de la jeune femme est vierge, mais elle fait l’objet d’un suivi social. Mère de trois enfants placés judiciairement, Naïka S. est tenue, dans le cadre de son contrôle actuel, de se présenter tous les quinze jours à la gendarmerie, de rester sur le territoire réunionnais et d’éviter tout contact avec les autres protagonistes du dossier.
La chambre de l’instruction a rendu sa décision ce mercredi 5 novembre et confirmé la décision du JLD. Naïka S. reste placée sous contrôle judiciaire.
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