Il a a survécu à de nombreuses crises

Guillaume Pepy, patron habile et grand communicant

  • PubliĂ© le 8 janvier 2018 Ă  18:45
  • ActualisĂ© le 8 janvier 2018 Ă  18:59
Guillaume Pepy, président de la SNCF depuis février 2008, ici lors d'une conférence de presse à Paris le 6 décembre 2017

Guillaume Pepy, président de la SNCF depuis février 2008, tient d'une main ferme la barre de la vénérable entreprise publique, s'imposant comme un gros travailleur, habile et bon communicant, qui a survécu à de nombreuses crises.


Les défis n'ont pas manqué pour ce presque sexagénaire longiligne, aux cheveux blanchis, qui connaßt parfaitement une entreprise à laquelle il a consacré l'essentiel de sa carriÚre, malgré quelques escapades dans des cabinets ministériels socialistes. Sans jamais se départir de son petit carnet dont il noircit frénétiquement les lignes, il interroge, questionne les employés qu'il rencontre, n'hésitant pas à s'asseoir un instant pour aborder des sujets qui fùchent. Toujours courtois. Lorsque la SNCF fait face à des coups durs, il monte au créneau, imposant l'image d'une entreprise qui veut assumer ses défaillances.

C'est d'ailleurs l'une des ficelles de ce communicant habile: Ă  chaque plainte ou dolĂ©ance --et il y en a beaucoup--, il commence par reconnaĂźtre les torts de la SNCF, avant d'annoncer des amĂ©liorations. Le patron du rail français a traversĂ© de nombreuses crises. Il a connu des grĂšves surprise, des fermetures de gares inopinĂ©es, des amas de neige sur les voies, des pannes de trains au milieu du tunnel sous la Manche, l'accident de BrĂ©tigny-sur-Orge (sept morts en 2013) et celui d'une rame d'essai Ă  Eckwersheim (11 morts en 2015)... et aussi des pannes retentissantes comme celles qui ont paralysĂ© les gares parisiennes en juillet-aoĂ»t, puis en dĂ©cembre 2017, qui lui ont valu d'ĂȘtre convoquĂ© lundi chez la ministre des Transports Elisabeth Borne.

C'est une SNCF trĂšs diffĂ©rente qui vient de fĂȘter son 80e anniversaire, aprĂšs dix ans sous la direction de Guillaume Pepy. Elle a rĂ©cupĂ©rĂ© le rĂ©seau ferrĂ© (dont elle avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e entre 1997 et 2014), et surtout elle s'est largement ouverte vers d'autres modes, transports en commun, cars interurbains, autopartage... y compris Ă  l'Ă©tranger.
Mais si la SNCF a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 32,3 milliards d'euros en 2016 (+47% en dix ans), cette diversification n'est pas du goût de tous, certains syndicats lui reprochant d'avoir délaissé les bases du métier ferroviaire et dénonçant sa "logique business", la compression des budgets et les recours à l'externalisation.

- Ascension dans le groupe -

De fait, l'homme qui fut longtemps un chantre du TGV, qu'il a qualifié de "patrimoine national", a été contraint de revoir sa position, redonnant la priorité à la rénovation du réseau classique --notamment en Ile-de-France-- et aux "trains du quotidien". Au printemps 2016, Guillaume Pepy tente de réformer l'organisation du temps de travail pour faire des gains de productivité, et casser la spirale de l'endettement, alors que le secteur ferroviaire doit bientÎt s'ouvrir à la concurrence. Mais il ne parvient pas à prévenir le déclenchement d'une grÚve dure. Le gouvernement le lùche et la SNCF adopte des mesures moins ambitieuses.

Depuis cet épisode qui a failli le faire partir, il se fait moins présent sur le devant de la scÚne.

NĂ© le 26 mai 1958, diplĂŽmĂ© de l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris puis de l'Ena, Guillaume Pepy entre au Conseil d'Etat en 1984. AprĂšs un court passage (1988-1989) au cabinet de Michel Charasse, alors ministre du Budget, il rejoint pour la premiĂšre fois la SNCF oĂč il dirige le cabinet du prĂ©sident Jacques Fournier.
Il retrouve entre 1990 et 1993 le cabinet de Michel Durafour, ministre de la Fonction publique, puis celui de Martine Aubry, ministre du Travail, qui est restée une amie proche.

Il effectue son retour Ă  la SNCF en 1993 comme directeur de l'Ă©conomie, de la stratĂ©gie et des investissements puis --aprĂšs un dĂ©tour par la Sofres-- Ă  la tĂȘte des "grandes lignes" oĂč il est appelĂ© en juin 1997. En 1998, il devient directeur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© de toutes les activitĂ©s voyageurs puis, en 2003, directeur gĂ©nĂ©ral exĂ©cutif et numĂ©ro deux du groupe.

Sa fidĂ©litĂ© et sa parfaite connaissance de l'entreprise, unanimement reconnue, seront finalement rĂ©compensĂ©es en fĂ©vrier 2008 avec sa nomination Ă  la tĂȘte du groupe pour un premier mandat de cinq ans. Reconduit pour un nouveau mandat en 2013, il devient en 2015 --date de la rĂ©intĂ©gration du rĂ©seau--, et jusqu'en 2020, prĂ©sident du directoire de la SNCF et PDG de SNCF MobilitĂ©s.

AFP

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