Les associations circonspectes

Handicap : Macron annonce 1,5 milliard d'euros pour améliorer l'accès des lieux publics

  • Publié le 27 avril 2023 à 02:58
  • Actualisé le 27 avril 2023 à 05:15
Le président Emmanuel Macron s'exprime le 26 avril 2023 à Paris lors de la 6e Conférence nationale du handicap ( POOL / Yoan VALAT )

Fauteuils roulants remboursés à 100%, administrations "plus à l'écoute", gares accessibles: le président Emmanuel Macron a présenté mercredi une série de mesures pour améliorer la vie quotidienne des personnes en situation de handicap, dont une enveloppe d'un milliard et demi d'euros afin de rendre plus accessibles les lieux publics, des annonces accueillies fraîchement par les associations.

Concernant le handicap, "nous ne sommes pas à la hauteur de l’idéal d'égalité que nous avons gravé au fronton de la République", a-t-il lancé lors de la 6e Conférence nationale du handicap (CNH), prenant acte d'un avis sévère du Conseil de l'Europe.

Le comité européen des droits sociaux (CEDS), instance du Conseil, a reproché mi-avril à la France de ne pas remédier efficacement aux problèmes liés à l'inclusion des enfants et adolescents handicapés dans les écoles ainsi qu'aux difficultés des personnes handicapées à accéder aux services de santé.

Premier chantier urgent et prioritaire fixé par le chef de l'Etat : accélérer la mise en conformité des petits commerces, restaurants, services publics, transports, afin d'en améliorer l'accessibilité, qui reste largement insuffisante.

"Ce chantier, c’est loin d’être une découverte, ça fait 20 ans qu’on prend des engagements, c’est celui qui empêche tant et tant vos vies, l’accès à un logement, parfois à un emploi et au fond aux droits les plus fondamentaux", a concédé Emmanuel Macron.

L'Etat va pour cela mettre 1,5 milliard d'euros sur la table, a-t-il dit, en promettant une "véritable programmation" dès l'été des mesures à mettre en oeuvre.

Le chef de l'Etat a aussi annoncé que cet engagement ferait l'objet d'un suivi régulier, avec un premier bilan dès 2024.

Mais il n'a pas retenu dans l'immédiat l'idée de sanctions réclamées par les associations pour les établissements tardant à agir. "Il faut déjà mettre des moyens, essayer d’accélérer", a-t-il dit.

- "Cesser de flécher" -

Plus largement, Etat, collectivités territoriales et associations feront un "point d'étape" une fois par trimestre sur "l’ensemble de la feuille de route" présentée, a-t-il promis.

Ecole, université, pratique sportive, vie amoureuse... le président a passé en revue tous les domaines dans lesquels il entend faire bouger les lignes.

Pour permettre un diagnostic le plus tôt possible, tous les enfants auront ainsi désormais accès avant leurs six ans, au plus tard en 2025, à un service public de repérage et d’évaluation du handicap.

Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), recrutés jusqu'ici uniquement sur le temps scolaire (28 heures), pourront l'être désormais 35 heures afin d'être présents aussi sur le temps extrascolaire. "D’ici à la rentrée, la solution sera trouvée et financée", a assuré Emmanuel Macron.

Sur les bourses d'étudiants, il a concédé que l'annonce préparée par ses services n'était pas à la hauteur des engagements qu'il avait pris en campagne.

"Sur tous les sujets j'aime bien faire comme j’ai dit. Alors parfois ça contrarie mais je l’assume", a-t-il relevé dans une allusion à la réforme des retraites.

Les personnes en situation de handicap doivent avoir accès à tous types d'emploi sans considération de leur situation, a-t-il également insisté.

"Il faut cesser de flécher automatiquement vers des dispositifs et des parcours spécifiques", a-t-il noté en appelant Pôle Emploi à prendre en charge ce public.

- "Pas à la hauteur" -

"Avoir une vie comme tout le monde, c’est aussi avoir une vie affective, amoureuse, intime, et sexuelle", a insisté le chef de l'Etat. "Ce n’est pas un tabou, c’est un enjeu de bien-être, de santé", a-t-il ajouté, en précisant qu'un plan d'action en ce sens serait finalisé d'ici l'été.

Quelques "avancées" mais à confirmer, un "manque d'ambition" global: interrogées par l'AFP, les associations, dont une partie avait boycotté le rendez-vous, sont restées pour nombre d'entre elles sur leur faim.

“Beaucoup de déclarations d’intention et pas beaucoup de mesures nouvelles”, a jugé Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps, qui réunit 52 associations, déplorant notamment l'absence de sanctions sur l’accessibilité.

"On aurait voulu entendre parler de l'accessibilité pour les handicaps au-delà du handicap moteur", a déploré Luc Gateau, président de l'Unapei (handicaps intellectuels).

Pour Marie Jeanne Richard, présidente de l’Unafam (handicaps psychiques), "les annonces ne sont pas à la hauteur des enjeux", "c’est une CNH qui entretient la colère pour des handicaps comme le nôtre".

"La mobilisation paie!", se félicite en revanche APF France, plus grosse association d'handicapés moteur, en appelant désormais à "transformer les promesses en actes pour une France effectivement accessible".

AFP

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1 Commentaires
Saint-Paul Handisports
Saint-Paul Handisports
2 ans

Macron sait faire des mea culpa et et "en même temps" faire des annonces fortes. pendant 5 ans sa majorité a refusée la déconjgalisation de l'AAH, et à peine réélu, cette mesure est présentée par sa majorité et passe. Oui mais ! En même temps, la prestation de compensation du handicap (PCH) est soumise aux revenus du ménage et non plus de la personne concernée. Les 10 % reste à charge prévus par la loi se transforment. C'est comme si le taux de remboursement des médicaments était selon les revenus du foyer. Je donne d'un côté en grande pompe, je reprends de l'autre en missouk. Comme cette PCHest à la charge des Départements, ils ne vont pas s'en plaindre.
Pour les fauteuils c'est pareil. Selon le modèle de base choisi, ils sont déjà pris en charge à 100 %. C'est basé sur le tarif du matériel. Quid de la mesure Macron ? Les adaptations sont chrères (très chères ici) et jusqu'à quel montant et sous quelles conditions ?
L'accessibilité ? A la Réunion l'Etat est absent voire complaisant dans les discriminations notament dans les transports publics. La DEAL ne sait rien et regarde ailleurs quand aux contrôles des agendas d'accessibilité mis en place sous Hollande par Emmanuel Vals ou le suivi des commissions communales d'accessibilité. Une arlésienne sur notre île. Les maires font ce qu'ils veulent et les interco aussi, ce sont les mêmes.
Tant que l'accessibilité sera considéré comme un danger pour les finances publiques par nos élus, on avancera pas. La première loi sur l'obligation d'accessibilité date de 1975. Au lieu de déniger les associations de terrain qui soulèvent ces manquements certains devrait faire ce pour quoi ils ont été élus : améliorer la vie des citoyens, et ça ce n'est pas le président de la République qui le fera au niveau local.