Le tribunal judiciaire de Saint-Denis de La Réunion a condamné une filiale du groupe Saur à indemniser certains de ses abonnés pour avoir distribué une eau non conforme aux normes sanitaires. (Photo rb/www.imazpress.com)
Le tribunal judiciaire de Saint-Denis de La Réunion a condamné une filiale du groupe Saur à indemniser certains de ses abonnés pour avoir distribué, pendant des années, une eau non conforme aux normes sanitaires, a annoncé lundi l'UFC-Que Choisir. L’association de défense des consommateurs a salué dans un communiqué une "décision historique", la première en matière d’action de groupe en France portant sur la qualité de l’eau potable.
L’affaire concerne environ 90 000 habitants de cinq communes de La Réunion (Sainte-Marie, Saint-André, Salazie, Saint-Benoît et Les Avirons) contraints pendant plusieurs années, selon l'UFC-Que Choisir, à renoncer à l’eau du robinet pour leur alimentation et leur hygiène en raison de "très nombreuses non-conformités" relevées par des analyses.
"Après quatre années de procédure, le tribunal de Saint-Denis a donné gain de cause à l’association : la Cise Réunion est condamnée à indemniser, une fois les voies de recours épuisées, les abonnés à hauteur de 54 centimes par jour et par consommateur concerné sur les périodes durant lesquelles une eau impropre leur a été distribuée", a salué l’association.
"Pour la première fois, la justice reconnaît l’existence de préjudices pour les consommateurs et ouvre la voie à une réparation concrète", a déclaré Marie-Amandine Stévenin, la présidente de l’association, citée dans le communiqué. Contactée, Saur a indiqué "prendre acte du jugement rendu", tout en exprimant sa préoccupation face à une décision qui "méconnaît un paradoxe fondamental" : selon elle, l’entreprise est tenue pour responsable alors que les investissements nécessaires pour produire une eau potable conforme relèvent des pouvoirs publics.
- Saur conteste et envisage un appel -
Convaincue du "caractère infondé des griefs", l’entreprise indique réfléchir à un appel. En 2019, un premier jugement avait déjà condamné Cise Réunion à rembourser les achats de bouteilles d’eau d’un particulier mais malgré cette condamnation, la société avait continué à fournir une eau "impropre à la consommation" selon les analyses de l'Agence régionale de santé (ARS), rappelle l’UFC. Le problème de l’alimentation en eau potable est récurrent à La Réunion. Selon l’ARS, "une part importante de la population est alimentée par des infrastructures de traitement insuffisantes, engendrant des dégradations intermittentes de qualité sur l’eau distribuée au robinet". Depuis 2016, un "plan Eau potable" a permis la mise en service de plusieurs micro-stations d’assainissement mais la qualité de l’eau du robinet distribuée reste variable selon les communes.
AFP