Un "gâchis économique et humain" : des associations féministes et des syndicats ont lancé mercredi une pétition contre la destruction décidée par l’administration américaine de contraceptifs féminins et pour exhorter la France, où l’opération pourrait avoir lieu, à s’y opposer.
Cette décision "s’en prend directement aux droits des femmes de choisir leur maternité", les "renvoie à des grossesses non désirées, à des avortements non sécurisés et leurs cortèges de complications", écrit le collectif "Avortement en Europe - les femmes décident" à l’origine de cette pétition, qui récoltait dans la soirée près de 2.000 signatures sur la plateforme Change.
"Nous ne laisserons pas cette décision inique et sexiste être appliquée, gâchis aussi bien économique qu’humain", prévient le collectif qui regroupe notamment le Planning familial, la Fédération syndicale unitaire (FSU), Osez le féminisme ou encore la Ligue des droits de l’Homme.
"Nous exigeons que les organisations humanitaires prêtes à redistribuer ces contraceptifs (...) puissent en disposer", dit-il.
Le département d’Etat américain a confirmé mi-juillet qu’une "décision préliminaire" avait "été prise de détruire certains produits contraceptifs abortifs issus de contrats de l’USAID", l’agence américaine pour le développement international, passés sous la présidence de Joe Biden.
Selon The Guardian, qui a révélé l’information, la décision de l’administration Trump, qui mène une politique anti-avortement, concerne des produits contraceptifs d’une valeur de 9,7 millions de dollars (8,3 millions d’euros) qui étaient destinés aux femmes vivant notamment en Afrique subsaharienne.
Ces contraceptifs sont stockés dans un entrepôt à Geel, en Belgique, et doivent être incinérés "fin juillet" en France, selon deux sources citées par le quotidien britannique.
La Belgique a indiqué en début de semaine avoir engagé "des démarches diplomatiques" auprès de l’ambassade des États-Unis à Bruxelles et être en train d’"explorer toutes les pistes possibles pour éviter la destruction de ces produits, y compris des solutions de relocalisation temporaire".
Pointant "l’opacité" de la position de la France, les signataires de la pétition estiment que le pays, devenu en mars 2024 le premier à inscrire explicitement l’avortement dans sa Constitution, "ne peut déroger à un engagement de diplomatie féministe alors qu’(il) prétend servir de modèle à l’international".
"Nous suivons avec attention la situation et soutenons la volonté des autorités belges de trouver une solution pour éviter la destruction des contraceptifs", a déclaré dans la soirée à l’AFP le ministère de la Santé, en ajoutant que "la défense des droits et santé sexuels et reproductifs fait partie des priorités de la politique étrangère de la France".
AFP