Une plateforme d'entraide va ĂȘtre lancĂ©e sur le Net

Les parents solos, ces marathoniens en quĂȘte de soutien

  • PubliĂ© le 12 dĂ©cembre 2016 Ă  16:57
Laurence Rossignol, ministre de la Famille et initiatrice du réseau "Parents solos et compagnie", le 5 octobre 2016 dans la cour de l'Elysée

Épuisement, manque de reconnaissance, isolement, difficultĂ©s financiĂšres: ĂȘtre un parent solo est parfois "un marathon". Pour rompre la solitude et trouver du soutien, une plateforme d'entraide pour les familles monoparentales, plus d'une sur cinq en France, va ĂȘtre lancĂ©e sur internet.

"MÚre célibataire, ce n'est pas la fin du monde, mais ça demande de la souplesse", témoigne à l'AFP Nathalie Catanzano, 45 ans.
Un mari quitté il y a 13 ans, un train en direction de Paris avec les enfants sous le bras, jamais un sou de pension alimentaire, la "galÚre" les premiÚres années... Cette mÚre de deux enfants de 13 et 17 ans dit vivre "un marathon".
Auparavant "fantaisiste, irresponsable", Nathalie est devenue "organisée, carrée, une machine de guerre toute-puissante, obligée d'avoir un coup d'avance pour éviter que ça s'enraye". Au point parfois d'"étouffer sous l'écrasante responsabilité", dit-elle.
Trouver une nounou pour deux heures, un avocat pour dĂ©mĂȘler sa situation familiale, proposer du covoiturage pour aller Ă  l'Ă©cole, du soutien scolaire: le rĂ©seau "Parents solos et compagnie", qui sera inaugurĂ© mardi par la ministre Laurence Rossignol, veut s'adresser aux parents isolĂ©s en recensant et en "labellisant" les associations et actions existantes pour les familles monoparentales et "gĂ©nĂ©rer des initiatives" locales.
Selon l'Insee, 1,7 million de familles sont monoparentales, soit plus d'une sur cinq (22%). Dans 85% des cas, la mĂšre est la cheffe de famille.
ParticuliÚrement touchées par la précarité, 32,5% de ces familles vivent sous le seuil de pauvreté.

- 'Simplifier la vie' -


"On doit faire autant avec moins. Moins de fric, moins de temps, moins d'aide", résume Alice, 34 ans, séparée et maman de fillettes de 6 et 8 ans.
Elle a pris un emploi de vendeuse Ă  mi-temps pour pouvoir se passer d'une nounou et ĂȘtre plus Ă  la maison.
"Le boulot, les transports, les devoirs, mes journées sont millimétrées. Il n'y a pas de place pour une vie sociale", poursuit Alice, qui n'échangerait pas le "trio d'enfer" qu'elle forme avec ses filles pour un "prince charmant".
"On a une relation diffĂ©rente avec l'enfant, c'est gĂ©nial. Mais notre vie est calquĂ©e sur la sienne, il est au centre de tout", dĂ©crit Laura, maman cĂ©libataire d'un garçonnet de cinq ans. "Quand ça dĂ©rape, on se sent seul. L'autoritĂ© Ă  un, c'est quand mĂȘme plus limitĂ©".
Cette Parisienne, cadre dans une grande entreprise, aimerait qu'on arrĂȘte de voir les familles monoparentales comme "marginales" pour mieux prendre en compte leur situation. "C'est comme si on devait ĂȘtre Ă  tout prix exemplaire pour compenser le fait d'ĂȘtre seul: bien Ă©lever son enfant, travailler tard le soir, continuer Ă  sortir", poursuit-elle.
Pour Béatrice Henry, présidente de l'association Les Fourmilles Argentées, qui fait partie du réseau "Parents solo et compagnie", ce dont souffrent particuliÚrement ces parents, c'est la solitude.
"On pense toujours que les autres font mieux alors on n'ose pas se plaindre de peur d'ĂȘtre jugĂ© comme un mauvais parent et on se renferme", analyse cette ancienne maman solo de 55 ans.
L'an passé, elle a créé la "seule petite association de quartier dédiées aux familles monoparentales". Tous les dimanches, dans un local mis à disposition par la mairie de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), elle fait venir gratuitement coiffeur, esthéticienne, garde d'enfants, thérapeute, avocat, ou encore un agriculteur qui vend ses fruits et légumes à ses adhérents: 17 parents solos, dont cinq papas.
"Le coiffeur c'est 40 euros, l'esthéticienne encore plus, varier les menus et cuisiner tous les soirs c'est quasiment impossible... Quand on est parent solo, qu'on travaille ou pas, c'est dur financiÚrement", explique-t-elle à l'AFP.
Depuis son quartier prioritaire, elle reçoit des lettres de parents en souffrance vivant en Corse, à Tarbes ou dans l'Indre. "C'est pas l'assistanat qu'il faut, mais multiplier partout les petites choses qui simplifient la vie quotidienne", plaide-t-elle.
Un objectif auquel tentera de répondre "Parents solos et compagnie", qui ambitionne de "faire se rencontrer dans la vraie vie les parents et d'avoir une carte de France des actions bien remplie", précise l'entourage de la ministre.

Par Jessica LOPEZ - © 2016 AFP

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