Drapeaux, paillettes: avant même le spectacle, c'est déjà la fête. La finale de l'Eurovision démarre samedi soir à Liverpool, ville du nord de l'Angleterre qui accueille le concours culte de la chanson au nom de l'Ukraine.
La finale de l'Eurovision démarre samedi soir à Liverpool, ville du nord de l'Angleterre qui accueille le concours culte de la chanson au nom de l'Ukraine.
Suède ? Finlande ? Une surprise ? Il faudra patienter jusqu'à la fin d'une soirée où vont se succéder les 26 finalistes et résister au suspense de l'interminable décompte des points pour savoir qui remportera cette 67e édition de l'Eurovision.
Le gagnant succèdera au groupe ukrainien Kalush Orchestra, qui a triomphé l'année dernière avec "Stefania", chanson mêlant hip-hop et musique traditionnelle.
En attendant de pouvoir rentrer dans la salle, les spectateurs rivalisent de paillettes, de drapeaux, de couleurs. On danse, on chante, et quand la question de prédire qui va gagner surgit, la réponse consiste en un brouhaha de noms de pays.
Dans la file d'attente, Vasylyna Kindrat, une jeune Ukrainienne de 25 ans originaire de Lviv qui a dû fuir son pays en décembre, espère la victoire "non pour l'Eurovision, mais dans la guerre" déclenchée par l'invasion russe.
Les couleurs de l'Ukraine hissées partout dans la ville de Liverpool donnent "l'impression d'être à la maison", dit la jeune femme, paillettes aux coin des yeux et drapeau ukrainien sur les épaules.
A ses côtés son amie Kate, ravie, dont le t-shirt "Fuck You Putin" lui attire, dit-elle, des demandes incessantes de photos et de vidéos.
"Quand je suis arrivée hier" à Liverpool, "j'ai pleuré" tant le bleu et le jaune sont partout dans la ville, explique quant à elle Lana Bilko, Ukrainienne installée de longue date au Royaume-Uni.
- "Tenues absurdes" -
"Dans un monde pacifique, le concours devrait se tenir cette année en Ukraine", ont déclaré dans un communiqué commun les ministres de la Culture britannique Lucy Frazer et ukrainien Oleksandr Tkachenko.
"Mais la guerre barbare menée par Vladimir Poutine a rendu cela impossible."
"Le concours de l'Eurovision," ont-ils fait valoir, "représente l'un des meilleurs exemples de la manière dont la musique peut tous nous unir".
Cette édition de l'Eurovision, "c'est la leur plus que la nôtre", estime Jenny Birchett, une Britannique de 70 ans, vêtue aux couleurs de l'Ukraine.
"Look paillettes !", lâche tout sourire Kate Bourne, une enseignante de 44 ans portant une éclatante robe argentée. Toute le monde porte des "tenues absurdes", s'amuse-t-elle.
Son pronostic ? "Je suis super fan de la Finlande", "ils me font rire", dit-elle en référence au chanteur Käärijä et son boléro bouffant vert fluo et ses danseuses et danseurs.
"Il est juste dingue", renchérit son amie Lucy Marshall, 45 ans, employée dans une agence de voyages, "j'aime le fait qu'il saisisse l'esprit de l'Eurovision".
"Je crois que la Suède va gagner", avance Ignacio Vera, Espagnol de 30 ans habitant à Londres. Un pronostic conforté par les bookmakers qui placent l'artiste Loreen et sa grandiloquente chanson d'amour "Tattoo" en première place.
- Sans Zelensky -
Signe de la difficulté de définir les contours d'une neutralité politique affichée tout en portant haut les couleurs d'un pays ravagé par la guerre, les organisateurs de l'Eurovision ont suscité la polémique en refusant au président ukrainien Volodymyr Zelensky d'adresser un message lors de la finale.
Mais même sans ce message, le concours prévoit un hommage appuyé à l'Ukraine, avec la présence de onze artistes ukrainiens sur scène, dont Kalush Orchestra, a souligné l'European Broadcasting Union (EBU).
Comme l'an dernier, la Russie est exclue du concours.
Sur la scène, l'Ukraine est représentée par le duo électro Tvorchi et "Heart of Steel" ("Coeur d'acier"), chanson inspirée par la résistance pendant un mois de siège à l'usine Azovstal à Marioupol.
Pour la Suisse, le jeune chanteur Remo Forrer lance un message de paix sur un ton grave avec "Watergun".
A l'opposé du spectre, les extravagants moustachus du groupe croate Let 3 se lancent dans la course avec "Mama ŠČ!" un titre corrosif qui s'en prend de manière à peine voilée à Vladimir Poutine.
La France, qui n'a plus gagné depuis 1977 avec Marie Myriam, est quant à elle représentée par la chanteuse québécoise La Zarra et son électro-disco "Evidemment" et une prestation qui s'annonce, littéralement, vertigineuse.
AFP


